Pozzi Catherine

1882-1934
Son père, Samuel Pozzi (1856-1918), était un médecin gynécologue de grande réputation, membre de l'Académie de médecine. Homme léger et mondain d'après les descriptions qui nous restent, il fréquentait la haute société que décrit Proust: Mme Strauss, Madeleine Lemaire, la princesse Mathilde, Montesquiou, Madame Aubernon, José Maria de Heredia. Ajoutons les Rotschild, Anatole France et Sarah Bernard qui lui faisaient l'honneur de leur clientèle.

Avec sa femme Thérèse Loth-Cazalis, il aura deux fils, Jacques et Jean, et une fille, Catherine. L'enfant est confiée à une gouvernante anglaise et une bonne allemande. Ces deux langues côtoieront toujours le français dans l'esprit de Catherine, colorant sa pensée de références à l'une et l'autre. Du reste, son éducation est plutôt négligée par la famille et elle exerce son intelligence au gré de sa curiosité. Les poètes du XVIe siècle, Cavalcanti, Dante and Petrarch, attirent particulièrement son attention.

Elle devient une jeune femme méditative, plutôt solitaire. Avec des amies, elle joue au tennis et monte à cheval. Elle voyage aussi, à travers l'Italie et jusqu'à Oxford en Angleterre où elle étudie un an. Peu attirée par la vie de couple, Catherine se marie pourtant à l'âge de 25 ans avec Édouard Bourdet, futur auteur célèbre de pièces de boulevard. Claude Bourdet, futur journaliste, nait en 1909 de cette union.

L'année suivante, Catherine apprend sa condamnation par la tuberculose. La maladie l'amène vers des sanatoriums d'Allemagne et de Suisse, tandis qu'Edouard Bourdet vit d'autres passions. L'époque qui va suivre est absorbée par l'étude de la philosophie, de la religion, des mathématiques et des sciences naturelles. Elle obtient un baccalauréat en 1918, à 37 ans. Le couple Bourdet-Pozzi divorce en 1920.

La même année, Catherine rencontre Paul Valéry, grand amour de sa vie. C'est l'époque où celui-ci travaille à la «Méthode de Léonard de Vinci». Tous deux sont éblouis par leurs affinités intellectuelles, pensant et ressentant en communion.

On a dit que le poème "Les pas" (Charmes), avait été inspiré par Catherine.
«Car j'ai vécu de vous attendre
Et mon coeur n'était que vos pas.»

Leur liaison exigeante et douloureuse durera 8 ans dans un secret relatif. C'est près de Valéry que Catherine Pozzi noue des liens amicaux avec Rainer Maria Rilke, Colette, Henri de Régnier, et la famille d'Anna de Noailles.

La rupture sera le grand drame des dernières années de Catherine, déjà horriblement rongée par la tuberculose. La douleur physique la pousse au bout de ses ressources. «Vers la fin de sa vie, écrit Lawrence Joseph, Catherine Pozzi en vient à considérer sa douleur comme une vocation». «Je suis un des points singuliers par où la souffrance de la planète rayonne.»

Durant ces années, poussée par son ami Jean Paulhan, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française, elle écrit et retravaille les six poèmes qu'elle jugera dignes de demeurer: Vale, Ave, Scopolamine, Nova, Maya et Nyx. Ceux-ci seront publiés l'année suivant sa mort qui se produit en juillet 1934. Aurait-elle aimé vivre pour cette publication? Elle avait hésité durant plusieurs années, déchirée entre un profond besoin de reconnaissance et un mépris souverain pour le rôle de célébrité littéraire.

Son journal, tenu régulièrement pendant les 21 dernières années de sa vie, est une oeuvre digne d'être publiée (elle le sera 30 ans plus tard, d'après la volonté testamentaire de Catherine). Y reprochera-t-on un certain ressentiment, allant jusqu'à la hargne dans le cas de femmes de son entourages? Ce serait se montrer bien sévère pour des pensées intimes adressées « à la sympathie... de qui ? De rien, de nul, je le sais bien : ce lecteur est moi, cette oreille est la mienne

Articles





Articles récents