Bioéconomie

«Pour parler comme Schumacher, le célèbre auteur de Small is Beautiful: Economics as if People Mattered, on pourrait dire que la bioéconomie, c'est l'économie comme si la Terre (Gaïa) avait de l'importance. En d'autres termes, la bioéconomie est la théorie de l'économie humaine dans le contexte évolutif et écologique global de la Biosphère de la planète Terre. Elle tient compte non seulement de l'ensemble de l'humanité présente mais encore des générations futures, non seulement du bien-être des êtres humains, mais encore de la santé de toute la Biosphère (Gaïa), dont la biodiversité est essentielle à son homéostasie. Comme dans l'écologie systémique, la cybernétique ou la théorie générale des systèmes, les considérations thermodynamiques jouent ici un rôle fondamental, paradigmatique.

La naissance de la bioéconomie, en tant que nouveau paradigme scientifique (avec sa dimension éthique: "Aime ton espèce comme toi-même"!), réclamait un immense effort intellectuel, à contre-courant de l'actuelle division du savoir en disciplines académiques de plus en plus spécialisées. Pour notre mathématicien roumain devenu économiste américain, ce fut une "aventure" (c'est son terme), inséparable de l'histoire des idées scientifiques et philosophiques du XXe siècle. Dans les années à venir, Georgescu-Roegen fera figure, j'en suis pour ma part convaincu, de géant de la pensée critique du XXe siècle, de prophète injustement méconnu de ses contemporains. Son esprit encyclopédique lui a déjà valu parfois d'être comparé aux hommes universels de la Renaissance. Il est conscient lui-même de faire partie du petit nombre des esprits lucides et novateurs, ceux qui pensent en avance sur leur temps.

Le terme même de bioéconomie peut prêter à confusion dans la mesure où il est déjà utilisé (et cela depuis le début du siècle) pour désigner l'étude de la manière dont les organismes vivants répartissent leurs ressources pour optimiser leur reproduction dans la compétition darwinienne qu'est la lutte pour la vie, et, plus récemment, pour parler de l'économie ou plutôt de la gestion des ressources biologiques (renouvelables). Il s'agit là plutôt de l'application de la science économique à l'écologie et non le contraire. Un spécialiste de cette "bioéconomie mathématique", Colin W. Clark, utilise aussi le terme de bioéconomie pour parler de "l'ensemble des interactions entre les systèmes biologiques d'une part et les systèmes économiques humains d'autre part", mais cet écologiste américain semble ignorer les travaux de Georgescu-Roegen (cités pourtant par Eugene Odum).
Pour l'auteur de Energy and Economic Myths, s'il doit y avoir réconciliation entre l'économie et l'écologie, ce ne peut être que dans le sens d'une intégration de l'économie dans l'écologie. Intégration ne veut pas dire fusion mais hiérarchie organisationnelle et fonctionnelle (comme dans la théorie écosystémique de l'organisation biologique)»

Jacques Grinevald, La révolution bioéconomique de Nicholas-Georgescu Roegen

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