Agriculture

«On entend par ce terme l'art de cultiver la terre & de la faire fructifier; on comprend aussi par-là la science du gouvernement oeconomique de tous les biens de Campagne. Cette science est d'une plus grande conséquence que bien des gens ne s'imaginent, car l'Agriculture a des rapports avec toutes les parties de l'État: il n'y en a qui n'en dépende, & qui ne lui doive son origine & ses progrès, Alimens, Population, Arts, Commerce, Navigation, Armées, Revenus, Richesses tout marche à la suite de l'Agriculture. Plus elle est florissante, plus un État a de ressources & de vigueur.»
source: L'Agronome (1764)

Cette définition ne retrouve-t-elle pas toute sa pertinence en ce moment? Certes, l'agriculture n'est plus la mesure de la richesse d'un pays, mais l'on commence à comprendre qu'il n'y a pas de pays sans paysages, ni de paysages sans paysans.(J.D.)

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Essentiel

Si Wendel Berry aux États-Unis, Bernard Charbonneau, en France, défendent tous les deux un mode paysan d’agriculture, c’est d’abord parce qu’ils éprouvent un attachement charnel à la beauté, à l’harmonie et à la diversité des paysages qu’elle produit. Plus profondément encore, s’ils considèrent que la question du devenir industriel de l’agriculture pose à tous les hommes de ce temps une question essentielle, c’est parce que la pensée du chrétien Berry et celle de l’agnostique Charbonneau sont nourries d’une même exigence spirituelle: à savoir qu’il ne saurait y avoir de liberté qu’incarnée; c’est en s’incarnant que la liberté est portée à son plus haut point; c’est dans les tâches apparemment les plus humbles que doivent prendre corps les aspirations de l’esprit, c’est pourquoi la forme et les modalités de la relation que l’homme entretient avec la terre ne doivent pas être abandonnées aux seules lois de l’efficacité technique et de la rentabilité. Ces deux auteurs nous invitent plutôt à juger le devenir industriel et technicien de l’agriculture en fonction des conséquences qui en résultent pour la totalité de la personne. C’est pourquoi tous les deux n'hésitent pas à aborder le problème agricole du point de vue de la vie quotidienne sensible. C’est l’attention à cette expérience sensible et la conviction qu’elle est une des dimensions essentielles de la vie humaine qui les portent à remettre en question l'industrialisation agricole et à critiquer les modes de pensée technocratique qui la légitiment. C’est ainsi que dans un chapitre de What are people for?intitulé The pleasure of eating, Wendell Berry montre que plutôt que la science, ce sont les sens qui fournissent la porte d’accès à une relation équilibrée entre la pensée et le monde. On retrouve exactement la même démarche chez Bernard Charbonneau, qui a publié, sous le titre de Notre table rase (1974), tout un livre sur l’appauvrissement de la vie sensible qui résulte de l’industrialisation de l’agriculture et de l’affadissement des nourritures qu’elle produit. Pour tous les deux, c’est l’attention au plaisir subjectif de manger qui ouvre la voie d’une relation équilibrée avec la nature: le personnel est la voie d’accès à l’universel! Point de vue qui, au fond, récuse les prétentions du discours scientifique à avoir le dernier mot sur l’agriculture et la nourriture; discours scientifique qui, touchant à des réalités humaines, tourne vite au scientisme. Pour ces deux auteurs, au contraire, seule la capacité de confronter l’expérience à une vérité spirituelle permet à l’homme de donner un sens à la connaissance et à l’action. Il n’est donc pas étonnant que chacun à sa manière ait médité sur la science et ses limites. Ainsi, Bernard Charbonneau a rédigé un long essai, Ultima Ratio, publié dans le volume Nuit et jour, science et culture (Economica, Paris 1991) et Wendell Berry a proposé une critique du scientisme dans Life is a miracle, an essay against modern superstition (Counterpoint, 2000). (J.D.)

Enjeux

La montée de l'agriculture biologique dans le monde, combinée avec la critique dont l'agriculture industrielle est l'objet, place les pays, les familles et les individus devant des choix difficiles, difficiles en raison des risques qu'ils comportent, difficiles aussi en raison du nombre et de la variété des facteurs dont il faut tenir compte.
OGM, vache folle, résistance aux antibiotiques, droit des animaux, érosion des sols, mondialisation, évolution du goût des consommateurs, lutte contre l'effet de serre, voilà quelques-uns des facteurs dont il faut tenir compte.
Si l’idéal d’harmonie entre l’homme et la nature et le souci du développement durable renforcent la position de l’agriculture biologique, l’agriculture productiviste est forte de l’inertie et de l’élan que lui confèrent les investissements passés et présents visant une amélioration des rendements. Il n’est pas facile de déloger de sa position un agriculteur qui est en mesure de produire 600,000 porcs chaque année. Ces géants forment une oligarchie mondiale qui, à son tour, peut s’appuyer sur les multinationales du secteur agro-alimentaire, de même que sur les gouvernements. La conversion récente et timide de l’INRA (Institut national français de recherche agricole) à la recherche sur l’agriculture biologique est à ce propos un fait révélateur.
Le Canada, de son côté, est fier de se présenter comme le paradis de l’expérimentation en matière de biotechnologies. Le vaste ensemble constitué des oligarques de l’agriculture, des multinationales et des gouvernements dispose, avec ses juristes et ses bioéthiciens de service, de moyens de propagande si puissants qu’il faudrait un concours de circonstances bien improbable pour que se maintienne dans le monde une opinion publique en alerte, comme elle l’est en ce moment après plusieurs années de vache folle et d’OGM, imposés à des populations qui en sont les cobayes.
C’est pourquoi la voie de l’agriculture raisonnée, telle qu’elle se développe en France en ce moment, paraît la plus sûre. (J.D.)

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