2016-2017: année de la beauté à l'Agora

Le nom de Néfertiti signifie «la belle est arrivée». La racine néfer et ses dérivés décrivent les aspects positifs et moteurs de la vie, au premier rang desquels se trouvent mêlées les notions de beauté, de perfection, d'achèvement et d'excellence. [...]On ne peut être néfer si l'on n'associe pas la beauté esthétique à celle de l'âme et de l'esprit, si l'on n'est pas en conformité avec le concept de la Maât, l'harmonie fondamentale qui sauve le monde égyptien du chaos.

(Guillemette Andreu, 100,000 ans de beauté, Gallimard 2009, Vol.Antiquité, p.17)

 

2016-2017: année de la beauté à l'Agora

On trouve sous la plume de Bernard Émond1, la confirmation d’un sentiment que j’éprouve douloureusement depuis trop longtemps : «Le passage du Québec à la modernité a laissé dans le paysage rural et urbain un véritable musée d’horreurs.» Tristesse de constater que de nombreux trésors du passé sont menacés de disparition dans l’indifférence générale. Joie de voir danser Guillaume Côté, joie de revoir L'Abbaye cistercienne du Val Notre-Dame, joie d’acheter mon fromage près de chez moi, à Compton, dans une entreprise familiale, La Station, où le magasin, l’usine, les granges forment un ensemble harmonieux bien intégré aux vallons de la région. Beau et bon! L’éternel kalos kai agathos! Joie de penser à la façon dont nos amis de Neuville ont réanimé de l’intérieur un couvent qui célèbre cette année son 300e anniversaire.

Peines trop fréquentes, joies trop rares! À la télévision française, on nous montre régulièrement des communautés en train de rénover un vieil édifice. L’équivalent ici est rarissime. Nous organisons de nuit comme de jour des marches contre le cancer. Notre tour du pays en vélo est destiné à lever des fonds pour la recherche sur les maladies orphelines. Tout pour la santé, rien pour la beauté. Mais à quoi bon la santé, sinon pour mieux créer et contempler la beauté? Et qui sait si l’éveil de tout l’être par la beauté n’est pas le meilleur appel à la vie, et donc à mieux et à plus que la santé?

A propos de la Florence de la Renaissance, Mumford écrit : « Les couleur et les formes visuelles étaient partout l'accompagnement normal des tâches pratiques quotidiennes. [...] La vie prospère dans cette dilatation des sens : sans elle, le pouls est plus lent, les muscles manquent de tonicité, le maintien manque d'assurance, l'œil et le toucher ont moins de discernement, peut-être même la volonté de vivre est-elle vaincue. Affamer l'œil, l'oreille, la peau, peut exposer à la mort tout autant que le refus de nourriture à un estomac...»2

Que, porté par l’altruisme, on puisse performer en équipe de cyclistes sans rien voir autour de soi, soit! Le corps à la fin sera plus en forme, c’est-à-dire plus en beauté. Mais sport pour sport, n’est-il pas aussi sain et plus humain de parcourir à pied le chemin du roi, de traverser des villages comme Deschambault en s’arrêtant pour contempler le fleuve depuis le haut cimetière, à l’ombre de l’église centenaire ? Qui donnera le signal de ce départ? Joie de lire sous la plume du même Bernard Émond : «La beauté est nécessaire : elle est comme la signature du Bien.»

Nous enrichirons nos divers sites en préparant des documents sur la beauté Chaque lettre de cette année 2016-2017 contiendra une section consacrée à la beauté. Dans l’ordre, non systématique, nous mettrons l’accent sur la musique, l’architecture, la sculpture, la peinture, les vitraux, la mosaïque, la danse, le cinéma… La littérature sera présente dans chaque lettre et nous ferons sa juste place à la beauté dans les sciences.

Nous invitons nos amis et nos lecteurs à participer à cette aventure en organisant des événements, en nous transmettant de l’information sur des monuments historiques ou des œuvres récentes, en attirant notre attention sur des publications pertinentes, ou encore nous aidant à monter des dossiers sur des artistes ou des œuvres.

Notes

1- Revue Relations, mai-juin 2016
2- Mumford, Lewis, Culture of Cities, Harvest HB 187, Harcourt Brace Jovanovich Inc., New York, 1970, p. 51. Traduction: J.D.


Jacques Dufresne

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