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Révolte

L'écrivain français Paul Léautaud a exprimé d'un manière saisissante un sentiment de révolte que l'on pourrait qualifier de «métaphysique»: «Avoir vécu, avoir vu, connu, appris, retenu, emmagasiné tant de choses. Avoir joui d'un corps, d'un visage, d'une voix, d'un chant - des sensations, des sentiments, des idées -, de cette jouissance incomparable: écrire. Et un jour disparaître et tout...

Essentiel

Il importe de bien distinguer le besoin de justice de la revendication.

«Il y a depuis la petite enfance jusqu'à la tombe, au fond du coeur de tout être humain, quelque chose qui, malgré toute l'expérience des crimes commis, soufferts et observés, s'attend invinciblement à ce qu'on lui fasse du bien et non du mal. C'est cela avant toute chose qui est sacré en tout être humain.

«Le bien est la seule source de sacré. Il n'y a de sacré que le bien et ce qui est relatif au bien. Cette partie profonde, enfantine du coeur qui s'attache toujours à du bien, ce n'est pas elle qui est en jeu dans la revendication. Le petit garçon qui surveille jalousement si son frère n'a pas eu un morceau de gâteau un peu plus grand que lui cède à un mobile venu d'une partie bien plus superficielle de l'âme. Le mot de justice a deux significations qui ont rapport à ces deux parties de l'âme. La première seule importe.»

Simone Weil, Écrits de Londres et dernières lettres. Reproduit à partir de l'édition de Paris, Gallimard, 1957, p. 13.

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