Ligue arabe

"Créée en 1945, la Ligue des États arabes est la seule institution représentative de l'ensemble de la «Nation arabe». À ce titre, son rôle et sa place sont importants, même si elle a connu de nombreuses difficultés, qui sont d'ailleurs davantage liées aux vicissitudes des relations inter-arabes qu'au fonctionnement de la Ligue.

Le fonctionnement de la Ligue des États arabes

La ligue des États arabes comptait sept États à sa création le 22 mars 1945 (1), 22 en sont membres aujourd'hui (2). Le siège de la Ligue est au Caire depuis 1990, comme il l'était entre 1945 et 1978. Pendant l'exclusion de l'Égypte suite aux accords de Camp David, le siège a été fixé à Tunis.

La Ligue des États arabes se compose classiquement de deux types d'organes:

- les organes inter-étatiques, composés des représentants des différents États membres. Au sommet se trouve les conférences arabes au sommet où se réunissent une fois par an au moins les chefs d'État arabes; comme les conseils européens, ces sommets crées en 1964 n'étaient pas prévus dans le traité constitutif de l'organisation, mais constituent l'organe principal de prise de décision politique. Le conseil se réunit deux fois par an au niveau des chefs d'État, de gouvernement ou des ministres des Affaires étrangères, les décisions sont prises à l'unanimité. Des conseils ministériels existent également, ils rassemblent les ministres en charge d'un secteur particulier, les plus importants sont le conseil de défense et le conseil économique.

- le secrétariat général, qui est un organe indépendant des différents États. Il est chargé d'assurer le fonctionnement administratif de la Ligue. Le secrétaire général, actuellement M. Esmat Abdel Meguid, ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, est élu pour 5 ans, le mandat est renouvelable.

La Ligue a aussi créé un grand nombre d'agences spécialisées et autonomes, telles l'Organisation arabe du travail, l'Union postale, l'Union des télécommunications...

La Ligue des États arabes exerce des activités de diverses natures. Elle a d'abord un rôle de coordination politique des positions de ses membres sur les grandes questions internationales. En matière politique, l'organisation est donc avant tout un forum, même s'il existe un «pacte de défense collective» signé en 1952 mais qui n'a jamais fonctionné. Dans les domaines de la coopération économique ou culturelle, la Ligue a un pouvoir d'impulsion et joue aussi, notamment grâce à ses organes spécialisés, un rôle de coordination."

Notes
(1) Arabie Saoudite, Égypte, Irak, Liban, Syrie, Yémen, Jordanie (alors Transjordanie).
(2) Libye (1953), Soudan (1956), Tunisie et Maroc (1958), Koweït (1961), Algérie (1962), Emirats arabes unis (1967), Bahreïn, Qatar et Oman (1971), Mauritanie (1973), Somalie et l'OLP (1976), Djibouti (1977), Comores (1993).

Assemblée nationale française. Commission des affaires étrangères. Rapport (no 2191) sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et la Ligue des États arabes relatif à l'établissement, à Paris, d'un Bureau de la Ligue des Etats arabes et à ses privilèges et immunités sur le territoire français. Enregistré le 23 février 2000. Rapporteur: René Mangin

Enjeux

"Une histoire mouvementée

De sa création en 1945 à 1978, la Ligue des États arabes a été cimentée par l'hostilité à Israël. Ainsi, c'est dans le cadre de la Ligue qu'a été créée l'Organisation de libération de la Palestine en 1964. De même l'entrée de l'OLP comme membre à part entière de la Ligue en 1976 a été un moment important dans la reconnaissance de la question palestinienne et pour la légitimité de l'OLP comme «représentant unique et légitime du peuple palestinien».

Cependant même durant cette période, la Ligue arabe a dû prendre en compte les divisions du monde arabe, son pacte de défense collective n'a ainsi été d'aucune utilité pendant la crise de Suez en 1956 ou pendant les différents conflits israélo-arabes. En outre, les rares tentatives d'unification du monde arabe, comme l'éphémère République arabe unie lancée par l'Égypte en 1958, se sont faites en dehors de son cadre.

À partir de 1978, la Ligue connaît une grave crise. Suite à la paix entre Israël et l'Egypte, cette dernière est exclue de l'organisation. Privée de sa nation la plus puissante et la plus emblématique, dont la capitale accueillait le siège et qui fournissait une part importante du personnel, l'influence de la Ligue arabe, repliée à Tunis, baisse considérablement. L'absence d'unité du monde arabe, pourtant déjà sous-jacente, apparaît alors au grand jour. Le retour de l'Egypte en 1990 ne permet pas de revenir sur cet état de fait car il coïncide avec la guerre du Golfe et le début du processus de paix israélo-arabe, sources de division du monde arabe. Ainsi, pendant cette période des structures de coopération se développent dans un cadre régional, en dehors du cadre de la Ligue arabe, comme le Conseil de coopération du Golfe, créé en 1981, ou l'Union du Maghreb arabe en 1989.

La Ligue des États arabes aujourd'hui

Toutes les difficultés connues par la Ligue arabe sont le reflet des divisons du monde arabe, elles ne remettent pas en cause l'organisation elle-même. Au contraire, ses tentatives de coordination n'en sont que plus utiles. Ainsi, après une période difficile, la Ligue arabe joue de nouveau son rôle de forum entre tous les Etats arabes, pourtant si différents. Le sommet de la Ligue se réunit de nouveau depuis 1996, alors qu'aucune rencontre à ce niveau n'avait plus eu lieu depuis 1990. Par ailleurs, la Ligue redevient une force de proposition et d'impulsion, elle est en effet un acteur important de la mise en place d'une zone arabe de libre-échange à l'horizon 2007 entre 14 de ses États membres qui a débuté en janvier 1998."

Assemblée nationale française. Commission des affaires étrangères. Rapport (no 2191) sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et la Ligue des États arabes relatif à l'établissement, à Paris, d'un Bureau de la Ligue des Etats arabes et à ses privilèges et immunités sur le territoire français. Enregistré le 23 février 2000. Rapporteur: René Mangin

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