James Henry

1843-1916
"Henry James a dit un jour que l’art, notamment l’art littéraire, est «l’essentiel de la vie, son intérêt, son importance». Ses romans et ses critiques sont les plus raffinés, les plus perspicaces et les plus difficiles de son temps. Il est, avec Mark Twain, le plus grand romancier américain de la seconde moitié du XIXe siècle.

Il est connu pour sa «thématique internationale» – c’est-à-dire les rapports complexes entre Américains naïfs et Européens cosmopolites. Ce que son biographe Leon Edel appelle sa première phase, dite «internationale», englobe des œuvres telles que Transatlantic Sketches (1875), L’Américain (1877), Daisy Miller (1879) et le chef-d’œuvre Portrait de femme (1881). Dans L’Américain, par exemple, Christopher Newman, industriel millionnaire, arrivé par son seul mérite, intelligent et idéaliste, mais naïf, part pour l’Europe afin d’y chercher femme. Lorsque la famille de la jeune fille le repousse parce qu’il n’a pas d’origines aristocratiques, il a l’occasion de se venger; il renonce pourtant, apportant ainsi la démonstration de sa supériorité morale.

La deuxième période de James fut expérimentale. Il traita de nouveaux sujets – le féminisme et la réforme sociale dans Les Bostoniens (1886), et l’intrigue politique dans La Princesse Casamassima (1885). Il s’essaya également au théâtre, mais subit un four embarrassant, car son Guy Domville (1895) fut sifflé dès le soir de la première.

Dans sa troisième phase, la plus importante, James revint aux sujets internationaux, qu’il traita avec plus de raffinement et de pénétration psychologique. Les romans si complexes, quasi mythiques, que sont Les Ailes de la colombe (1902), Les Ambassadeurs (1903) et La Coupe d’or (1904) marquent cette grande époque. Si le principal thème de l’œuvre de Mark Twain porte sur l’apparence et la réalité, la préoccupation constante de James est la perception. Chez lui, la conscience de soi et la perception nette des autres peuvent seules engendrer la sagesse et l’amour dans l’abnégation. Avec le temps, ses romans deviennent plus psychologiques. Dans ses dernières œuvres, les événements qui comptent sont souvent des instants d’illumination intense qui révèlent aux personnages leur aveuglement passé. Ainsi, dans Les Ambassadeurs, l’idéaliste Lambert Strether, découvre une histoire d’amour restée secrète et prend conscience d'une complexité nouvelle dans sa vie intérieure. Sa morale droite et rigide s'humanise et s'élargit, tandis qu'il se découvre la capacité d'accepter ceux qui ont péché."

Source : Katharyn VanSpanckeren, Esquisse de la littérature américaine, p. 52-53. Publié par l'Agence d'information des Etats-Unis (document du domaine public)

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