Biodiversité
La biodiversité, une réalité difficile à cerner
«La biodiversité se définit à la fois comme la variété des formes du vivant et celle des écosystèmes dans lesquels on retrouve les organismes vivants. Pour les scientifiques, elle se mesure par la variété des espèces dans les écosystèmes, et même par la variété des paysages et des associations végétales d'un milieu donné.
Pour le profane toutefois, la réalité est beaucoup plus difficile à appréhender. Si on peut assez bien apprécier la diversité des paysages et des animaux supérieurs, la diversité des formes génétiques ou des variétés est hors de portée de l'évaluation du commun des mortels. Que dire alors des insectes, des acariens, des champignons mycorhiziens ou des algues microscopiques qui constituent la majorité des organismes vivants?
La réduction de la biodiversité est aussi un phénomène difficile à saisir. En effet, les espèces ne disparaissent généralement pas brutalement. C'est souvent la résultante d'un long processus de raréfaction qui fait que les derniers représentants d'une espèce ne peuvent plus résister aux pressions du milieu. Et ce sont souvent les espèces les plus discrètes qui disparaissent les premières, sans que les paysages en soient notablement modifiés.
Enfin, le monde moderne nous impose des idées fortes, inféodées à des objectifs de mise en marché et de production industrielle. Ces idées fortes réduisent la diversité nécessaire à la satisfaction des besoins humains à une diversité superficielle. Les impératifs de la production industrielle et de la distribution à large échelle imposent des contraintes dont ne s'accommodent que quelques variétés de plantes ou d'animaux résistants aux conditions difficiles de l'agriculture intensive ou de l'élevage en batterie. On tend ainsi à diminuer la diversité culturelle liée à l'usage de variétés locales et aux usages traditionnels des ressources naturelles, phénomène renforcé par la culture de masse internationale.»
CLAUDE VILLENEUVE, «La conservation de la biodiversité», L'Agora, vol. 1, no. 10, juillet/août 1994.