PMA : silence des élus, éloquence des affiches
La logique des faits, des images et du désir
Voici une affiche qui illustre bien le mépris dans lequel on tient la pensée, l’éthique et la démocratie dans le milieu fort lucratif de la procréation médicalement assistée. Après un mois de vive protestation contre la marchandisation du corps de la femme, voici la logique des faits qui reprend l’offensive. Elle est depuis longtemps au centre de la stratégie du milieu faiseur d’argent et d’enfants. «Causez toujours, petits lapins journalistes, philosophes, éthiciens : le temps, combiné avec le silence des autorités publiques, joue en notre faveur.» Nous créerons l’habitude de telle et telle pratique, encore soumise au débat, en principe, et quand le législateur se prononcera, il sera trop tard, si jamais il veut imposer des limites que nous ne jugeons pas souhaitables.
Dans le cas de cette session d’information et de cette affiche, la logique des faits se double d’une logique des images, images telles que si on les traduisait en mots le message serait d’une cynique transparence : humilier la pensée pour mieux monnayer les corps. À gauche, la forme la plus violente de la fécondation in vitro, l’ICSI, l’injection d’un spermatozoïde dans le cytoplasme de l’ovule. On utilise ce procédé quand le spermatozoïde ne parvient pas à percer seul la paroi de l’ovule. Au milieu, un amas de billets de 100 dollars. Pour qui? De qui? La réponse se trouve dans l’image de droite : un code civil, les lunettes et le marteau d’un juge, de quoi créer une atmosphère lénifiante de légalité. Belle occasion d’affaires pour les avocats ontariens et québécois qui participeront à l’encan.