La liquidation, c'est maintenant
Dans son roman d’anticipation, "La Liquidation", Laurent Cordonnier imagine un monde déshumanisé qui ressemble déjà au nôtre. Compte rendu de Christian Authier, de "L'Opinion indépendante" de Toulouse :
"Un livre qui met en exergue un extrait du chef-d’œuvre pour happy few de Baudouin de Bodinat, La Vie sur terre, mérite que l’on s’y arrête. Ainsi, La Liquidation, premier roman d’un économiste ayant publié deux essais. D’emblée, on est impressionné par la peinture minutieuse d’une société qui évoque à la fois 1984 d’Orwell, Le Meilleur des Mondes d’Huxley ou Philip K. Dick. La particularité du monde imaginé par Laurent Cordonnier est que les libertés formelles semblent respectées, mais la vision comptable et la douce tyrannie techno-marchande ont réussi à imposer un asservissement aussi efficace que les totalitarismes d’autrefois.
Dans La Liquidation, tout se monnaie (y compris une place sur la terrasse d’un café selon les cours de la Bourse, l’air que l’on respire…), tout est mouvant, tout ce qui était solide est devenu liquide, l’impitoyable liberté du commerce règne, les rapports amoureux et familiaux sont réduits à de simples rapports d’argent. L’intimité et le secret sont bafoués par des caméras et des réseaux sociaux flattant le narcissisme des êtres. Echapper à la transparence généralisée a aussi un prix. La flexibilité, le contrat à durée éphémère l’ont emporté au nom de la mise en concurrence de tout et de tous.
Monde moderne
Heureusement, ce tableau d’une social-démocratie libérale poussée dans sa logique ultime n’est pas asséné par la rhétorique du roman à thèse, mais par l’imaginaire du roman d’anticipation. (...)