La violette

Friedrich von Schiller
Aimable fille du printemps,
Timide amante des bocages,
Ton doux parfum flatte nos sens,
Et tu sembles fuir nos hommages.

Semblable au bienfaiteur discret,
Dont la main secourt l'indigence,
Tu nous présentes un bienfait,
Et tu crains la reconnaissance.

Sans faste, sans admirateur,
Tu vis à l'oublie condamnée,
Et l'oeil encor cherche ta fleur
Quand l'odorat l'a devinée.

Pourquoi tes modestes couleurs
Au jour n’osent-elles paraître?
Auprès de la reine des fleurs
Crains-tu de t'éclipser peut-être?

C'est à tort, car près de Vénus
Les grâces nous plaisent encore;
On aime l'éclat de Phébus
Et les doux rayons de l'aurore.

Que te font les succès brillans
Qu'obtient la rose purpurine?
Tu n'es pas la fleur des amans,
Mais aussi tu n'as pas d'épine.

Partage au moins avec ta soeur
Son triomphe et notre suffrage;
Si l'amour l'adopte pour soeur,
De l'amitié sois l'apanage.

Sois la reine de ces bosquets
Tu l'embellis ô fleur chérie !
Heureux qui répand des bienfaits,
Et comme toi cache sa vie !

Traduction française de Charles-Philippe Bonafont (1778-1848?)
Nous avons respecté l'orthographe de l'époque.

Source imprimée : Poésies de Schiller. Traduites de l'allemand, suivies d'autres essais poétiques, par C.-Ph. Bonafont. Stuttgart, F. F. Autenrieth, 1837, p. 174-176.
On peut lire l'ouvrage original sur le site Gallica (Bibliothèque nationale de France) - format PDF

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