Une odieuse uniformité

Méhemet Emin Efendi
« Dans un des passages les plus éloquents de l’étrange réquisitoire que je signalais ici le mois passé - Revue des deux mondes du 15 juillet 1897 -, le docteur Méhemet Emin Efendi reproche à notre civilisation d’introduire partout la monotonie, la laideur, et l’ennui. ». Un texte écrit il y a plus de cent ans et qui aurait pu être imprimé hier...
Encore un siècle ou deux de cette civilisation, et l’univers entier deviendra inhabitable. Une odieuse uniformité achèvera de détruire toutes les distinctions de races, de mœurs, et jusqu’aux particularités naturelles des divers pays. Quelle perspective sinistre, pour tout homme gardant un peu le respect de la nature et le goût de la beauté ! D’un bout à l’autre du monde un même style d’architecture, une même coupe de vêtement, une même façon de sentir, de penser, et de vivre ! Pour peu que cette civilisation poursuive ses ravages, que pourra noter, sur son carnet de route, le voyageur du siècle prochain ? Il notera qu’il a mangé à Tombouctou un excellent beefsteak, qu’à Samarkand les cafés-concerts sont fort bien aménagés, et qu’on trouve des wagons très commodes entre le Cap et Alexandrie. […] Mais à quoi bon insister sur ces griefs, puisqu’il n’y a plus désormais personne pour en être touché !

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