La santé à l'origine des cultures

Jacques Dufresne
À l'origine, santé et maladies s'expliquaient par la vision du monde.
Dans la plupart des cultures primitives, la conception qu'on se faisait de la santé et de la maladie était indissociable de l'ensemble de la vision du monde. La maladie trouvait sa signification dans un grand récit mythique relatant les origines du cosmos. Les rites conduisant à la guérison avaient de leur côté un rapport avec l'ensemble de la vie sociale et culturelle du groupe.

Chez ces mêmes peuples primitifs, nous disent les ethnologues, la maladie était expliquée tantôt par la pénétration d'un objet-maladie, tantôt par la perte de l'âme, tantôt par la possession démoniaque, tantôt par la violation d'un tabou, tantôt enfin par la sorcellerie et la magie. Chez les Babyloniens, l'explication par la possession démoniaque conduisait à des traitements qui rappellent les huiles de foie de morue et autres substances repoussantes dont bien des enfants font encore l'expérience de nos jours. On prescrivait les potions les plus dégoûtantes - jusqu'à des excréments - dans le but d'incommoder et de déloger l'intrus-porteur-de-la-maladie. Chez d'autres peuples, c'est l'explication par la perte de l'âme qui était retenue; il arrivait que l'on prescrive les mets les plus exquis en vue de ramener l'âme envolée dans le corps qu'elle avait rendue malade en le quittant. Qui voudrait soutenir que les bons plats n'ont pas conservé quelque valeur curative?

Autres articles associés à ce dossier

La santé

Jacques Dufresne


Les budgets du ministère de la Santé ne disent pas la vérité

Isabelle Paré

Isabelle Paré, dans son article paru dans Le Devoir du 29-04-2000 explore «les enjeux d'un réseau qui engloutit désormais 37 % des revenus de l'Ã

Réflexions sur la santé et la maladie

Jacques Dufresne

Dans cette suite de réflexions ayant la santé pour thème commun, l'auteur évoque divers effets d'ordre psychologique et moral du triomphe d'une mÃ

De la médecine médiévale à la médecine contemporaine

Jacques Dufresne

La séparation de la tradition et de la science, indispensable au progrès, ne s'est pas faite avant le XIXe siècle.

Malades de la santé?

Jacques Dufresne

Comment on mine sa propre santé par le fait qu'on en fait le but de sa vie, au lieu de veiller sur elle comme sur une condition parmi d'autres de l'a

De Pasteur à Freud

Jacques Dufresne


À lire également du même auteur

Culture médicale: un ABC
La culture médicale est la première condition de l'autonomie des personnes face &a

Du salut à la santé, de la santé à la vie
Cet article a d'abord paru dans la revue Relations à l'automne 2020. On peut

Du droit naturel aux droits de l'homme
Extrait de Le procès du droit, par Jacques Dufresne, Institut québécoi

De la règle de droit à la philia
Réflexions de Jacques Dufresne en marge du Symposium sur l'accès à la justi

Éblouir pour régner
Où l'on voit comment, fort de ses connaissances en optique, Descartes propose au roi d




Articles récents