L'aubépine et l'étoile
« Bel astre d'or du sombre azur,
Qui me regarde de la toile
Du firmament tranquille et pur,
« Dis, me vois-tu? Je viens d'éclore
Au bord du verdoyant talus;
Je suis blanche étoile à l'aurore,
Et demain je ne serai plus.
« Tu reluis, reine, en ton cortège;
Nul n'a jamais compté tes jours;
Je viens et passe comme neige,
Mais toi, tu brillera toujours.
« Que ne suis-je la belle étoile,
La flamme fière au firmament!
Que ne puis-je, ardente et sans voile,
Resplendir éternellement! »
L'étoile dit à l'aubépine:
« Ma pauvre fleur, console-toi;
Fleuris en paix sur ta colline,
Car le bonheur n'est pas en moi.
« Vois je me consume en silence,
Superbe et triste en ma beauté;
Je cherche d'un regard intense
Ma soeur depuis l'éternité.
« Mais toi, tu n'es pas solitaire
Sur ta verte colline en fleur,
Et tu prodigues à la terre
Le parfum qui sort de ton coeur.
« Ah! que ne suis-je l'églantine
Qui n'a qu'un printemps pour fleurir,
Ou que ne suis-je l'aubépine
Pour pouvoir aimer et mourir! »