L'Encyclopédie sur la mort


Paganocide

Jean-Paul de Lagrave

Le texte ci-dessous a été reproduit, avec l'autorisation bienveillante de l'éditeur et de l'auteur. Il s,agit d'un extrait de l'ouvrage de Jean-Paul de Lagrave, Isis et Moïse. Ses secrets de la Déesse du bonheur à la vengeance du Dieu jaloux, Trois-Pistoles, Québec, Éditions Trois-Pistoles, 2010, p. 133-134. Les auteurs cités: Pierre Chuvin, est un helléniste et historien français, né en 1943, spécialiste de la Grèce antique et de l'Orient contemporain; Alexandre Moret (1868 -1938) fut un égyptologue français.
L'empereur chrétien Justinien (527-565), celui qui supprima le dernier temple d'Isis, fut aussi celui qui condamna à la disparition les «païens» subsistant encore dans l'Empire. Les non-chrétiens furent exclus* de l'État et il ne leur fut plus permis de rien posséder, ils furent dépouillés de tout, ils furent laissés dans l'indigence, et frappés de châtiment divers, dont la mort. Voici les dispositions particulières: pour les professeurs, défense d'enseigner; pour les paysans têtus, biens confisqués et bannissement; pour ceux qui pratiquent le culte isiaque ou autres du «paganisme», condamnation à mort; pour les enfants en bas âge, baptême sans retard; pour les enfants plus âgés, instruction suivie du baptême; pour les chefs de famille qui reçoivent le baptême sans se faire accompagner de leur famille, perte de leur situation rémunératrice. C'est dire qu'à partir de l'empereur Justinien, les «païens» sont des véritables «morts civils» (Pierre Chuvin, Chronique des derniers païens. La disparition du paganisme dans l'Empire romain, du règne de Constantin à celui de Justinien Paris, Les Belles Lettres, 1990, p. 136, 138).

Déjà auparavant, les moines chrétiens avaient pourchassé avec une pieuse barbarie Isis, Osiris et autres «faux dieux» jusque dans leurs retraites, brisant les statues, mutilant les reliefs, martelant les inscriptions des temples. À Dendérah, ils ont noirci le plafond des salles avec la fumée de leurs campements; à Louxor, ils ont converti en église l'antichambre du sanctuaire; ils ont recouvert de stuc les scènes du rituel égyptien. Ailleurs, ils ont écrit à l'encre rouge des passages des «Pères de l'Église», des arrêts de conciles, des sermons entiers en langue copte (Alexandre Moret, Au temps des pharaons, Paris, Armand Collin, 1941, p. 10).
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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