L'œuvre poétique de Bataille, ce qui relève explicitement de l'écriture du poème, tient en fait en peu de pages, mais ce peu de pages forme la part visible d'une entreprise où la poésie est partout. «La poésie, dans la littérature, est l'essentiel, ce qui touche», écrit-il; et quand il cite «ce qui séduit, émeut, enivre les sens», il énumère : «le vin, la sensualité, la poésie et par-delà la poésie, cette souveraine disposition de soi qui touche à la limite de la folie».
C'est sans aucun doute dans cet état de «souveraine disposition de soi» que Bataille veut écrire ses poèmes afin qu'ils témoignent de l'expérience même de ce qu'il nomme «l'impossible». La parole s'apparente alors à un foudroiement, à un sacrifice. «Elle fait surgir une autre vérité que celle de la science. C'est la vérité de la mort, de la disparition.» Il y a dans «L'Archangélique» et les autres fragments poétiques disséminés ici et là dans l'œuvre de Georges Bataille une tension tragique, une révolte qui hésite entre les mots du blasphème et ceux d'un frisson sacré. » (Mot de l'éditeur, Gallimard, 2006)
C'est sans aucun doute dans cet état de «souveraine disposition de soi» que Bataille veut écrire ses poèmes afin qu'ils témoignent de l'expérience même de ce qu'il nomme «l'impossible». La parole s'apparente alors à un foudroiement, à un sacrifice. «Elle fait surgir une autre vérité que celle de la science. C'est la vérité de la mort, de la disparition.» Il y a dans «L'Archangélique» et les autres fragments poétiques disséminés ici et là dans l'œuvre de Georges Bataille une tension tragique, une révolte qui hésite entre les mots du blasphème et ceux d'un frisson sacré. » (Mot de l'éditeur, Gallimard, 2006)
L'Archangélique
De la bouse dans la tête
j’éclate je hais le ciel
qui suis-je à cracher les nues
il est amer d’être immense
mes yeux sont des cochons gras
mon cœur est de l’encre noire
mon sexe est un soleil mort
les étoiles tombées dans une fosse sans fond
je pleure et ma langue coule
il importe peu que l’immensité soit ronde
et roule dans un panier à son
j’aime la mort et la convie
dans la boucherie de Saint-Père.
Noire mort tu es mon pain
je te mange dans le cœur
l’épouvante est ma douceur
la folie est dans ma main.
[…]
Mes sanglots sur tes genoux
j’ébranlerai la nuit
De la bouse dans la tête
j’éclate je hais le ciel
qui suis-je à cracher les nues
il est amer d’être immense
mes yeux sont des cochons gras
mon cœur est de l’encre noire
mon sexe est un soleil mort
les étoiles tombées dans une fosse sans fond
je pleure et ma langue coule
il importe peu que l’immensité soit ronde
et roule dans un panier à son
j’aime la mort et la convie
dans la boucherie de Saint-Père.
Noire mort tu es mon pain
je te mange dans le cœur
l’épouvante est ma douceur
la folie est dans ma main.
[…]
Mes sanglots sur tes genoux
j’ébranlerai la nuit