Termite

Insecte social xylophage, c’est-à-dire mangeur de bois.

«Les termites étant des insectes sociaux, la colonie est organisée en castes dont les représentants font montre d'un polymorphisme bien différencié. Au sein de chaque caste, il existe des différences, fonction de l'origine et du devenir de la biologie et de la morphologie des insectes [3]. (...)

Le caractère commun à tous les membres est la présence sur le dernier segment abdominal de deux petits appendices.

Les individus sont donc répartis en :

• Termites ouvriers stériles

Dépourvus d'ailes, aveugles, blanchâtres, de 4 à 6 mm de long environ, ils composent la plus grande partie de la population. Ils sont les seuls responsables des dégâts. C'est à l'aide de leurs mandibules tranchantes qu'ils coupent, râpent, déchirent et malaxent les aliments. Ils creusent des galeries et construisent les tunnels.

• Termites soldats stériles

Egalement blanchâtres, sans ailes, et à grosse tête de couleur pain brûlé armée de fortes mandibules, ils ont une longueur de 8 mm en moyenne. Leur rôle est la défense de la termitière. Ils sont nourris par les ouvriers.

• Termites reproducteurs

A l'origine, ce sont les insectes ailés (imagos) ou sexués fonctionnels. Les imagos, de 8 à 10 mm de long, ont des téguments chitinisés[5] de couleur noire. Leur corps est muni de deux paires d'ailes membraneuses identiques (d'où le nom d'Isoptères) repliées à plat sur la face dorsale du corps de l'animal. Ces ailes tombent après essaimage.

Il n'y a qu'un couple d'individus sexués par colonie : le roi et la reine. Ces imagos, en cas de mortalité ou de bouturage de la colonie, peuvent être remplacés par des "néoténiques" mâles et femelles dits sexués de remplacement. Ce sont des individus qui ont la même morphologie que les nymphes[6] ou les ouvriers dont ils se distinguent par une légère pigmentation sur la tête, le thorax et par un abdomen plus important.

Il peut exister plusieurs néoténiques de remplacement dans une même colonie.

Les femelles d'imagos ou de sexués de remplacement pondent des oeufs dont éclosent les larves. Les termites ayant un développement à métamorphose progressive, les larves de coloration blanc crémeux ressemblent aux adultes.

Les termites faussement appelés "fourmis blanches" sont souvent confondus avec cette espèce d'Hyménoptère.»

Notes
[3] Centre technique du bois et de l'ameublement (CTBA) - Les termites par Marie-Madeleine Serment et Olivier Tourteaux - septembre 1991
[5] Ensemble des tissus qui couvrent le corps et recouverts d'une substance spécifique
[6] Stade intermédiaire de développement entre la larve et l'insecte parfait (imago).

Sénat français - Commission des Affaires économiques et du Plan. Rapport n° 184: Lutte contre les termites. Année 1996-1997. Rapporteur : Gérard César

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Classification:
Règne: animal
Embranchement: Arthropodes
Classe: Insectes
Ordre: Isoptère
Famille: Termitidés
Genre: Termite
Espèces: près de 2000


«Quant aux termites, j'ai évoqué déjà leurs talents d'éleveurs de champignons: mais c'est surtout comme constructeurs qu'ils méritent d'être cités. Certaines termitières sont tellement énormes qu'un village africain s'est installé dessus! La reine gigantesque, qui vit une dizaine d'années, pond des milliers d'oeufs par jour et les ouvriers, aussitôt adultes, se mettent au travail. Le problème qui se pose aussi à propos des autres insectes sociaux, mais pas d'une manière aussi aigué que chez les termites, est celui de la coordination des actions de construction. Il n'est pas possible d'admettre que chacun des ouvriers a dans son encéphale le plan complet de ce qu'il faut faire. Or l'édifice n'est nullement construit au hasard. Une termitière de Bellicositermes par exemple a un plan bien défini. Grassé a émis là-dessus une ingénieuse théorie, celle de la stigmergie suivant laquelle c'est l'oeuvre qui excite l'ouvrier; lorsqu'on dépose par exemple un peu de sciure et une poignée de termites dans un vase, ils vont commencer à façonner des boulettes et à les poser sur le sol au hasard. Mais si, par hasard, une boulette est placée non pas à côté mais au-dessus d'une autre, l'excitation des termites devient alors plus grande et il y a davantage de chances qu'une troisième boulette soit déposée sur les deux précédentes puis une quatrième et une cinquième. Si bien qu'une colonne sera ainsi constituée. Les colonnes se rejoignant par leur partie supérieure on obtient à la fin un édifice en forme d'éponge; c'est bien ainsi que la termitière est constituée, mais en partie seulement. Car comment expliquer la structure de l'écorce, celle de la chambre de la reine, si particulière, et celle des si curieux piliers de la base du nid. Ces piliers, découverts par Grassé, sont si étonnamment réguliers qu'on les dirait faits au tour. Ils sont des centaines de milliers de fois plus gros que les termites, en forme de cône dont la pointe est dirigée vers le bas et on se en conjecture sur la manière dont ils ont été confectionnés.

Cela n'est rien encore. Il existe d'autres espèces de termites qui fabriquent des nids d'une régularité parfaite dont la paroi est formée d’un lacis de tubercules et de galeries réguliers réalisés comme par une machine: ce sont les édifices les plus comliqués réalisés par un animal, l'homme excepté.»

Rémy Chauvin, La biologie de l'esprit, Monaco, Éditions du Rocher, 1985, p. 104

Enjeux

Il est, dans plusieurs pays du monde, la terreur des propriétaires de maisons construites en bois, mais dans certaines régions, en Afrique notamment, il constitue un met de choix. Un article de Scientific American nous apprend que 100 grammes de cet insecte contiennent 75% plus de protéines que 100 grammes de boeuf. Le même article fait état d'une découverte selon laquelle nos ancêtres du paléolithique mettaient volontiers des termites à leur menu.

Un autre article récent confirme une hypothèse qui était déjà présente dans le paysage scientifique: au cours de l'évolution, les termites auraient joué un rôle déterminant dans la régulation du climat et la proportion des gaz constituant l'atmosphère.

Jusqu'à tout récemment on tenait pour acquis que la régulation du taux de C02 avait toujours été un phénomène physico-chimique mettant en cause notamment les éruptions volcaniques. Pour ce qui est du gaz carbonique produit par la respiration des animaux on estimait qu'il était absorbé ensuite par les plantes et l'on postulait que plantes et animaux vivaient dans un constant équilibre.

Dans un article paru récemment dans The New Scientist, Greg Retallack, spécialiste des sols à l'Université de l'Orégon, démontre qu'il y a jamais eu d'équilibre entre la respiration des animaux et l'inspiration des plantes. Il soutient que l'apparition de la matière ligneuse, des arbres donc a provoqué une surconsommation de gaz carbonique par les végétaux, phénomène qui, en raison de l'effet de serre, a provoqué un refroidissement de la planète. Ce serait l'explication de la glaciation. Les animaux ne devaient toutefois pas tarder à prendre leur revanche, avec comme chefs de file les termites. Ces insectes peuvent se nourrir de bois. À la fin de la grande période de prolifération des arbres, la table étaient donc mises pour eux. Les fossiles montrent qu'ils profitèrent de la manne ligneuse pour se répandre sur la planète et contribuer à accroître la part de CO2 dans l'atmosphère, les dinosaures les assistant dans cette tâche.

On sait d'autre part que les termites produisent 4% d'un autre gaz à effet de serre, le méthane, soit plus de 27 millions de tonnes par an, ou un tiers environ de la quantité produite par l'ensemble du monde animal. Ils ont donc encore aujourd'hui une part importante de la responsabilité des changements climatiques.

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