Aron Raymond
«D'Ormesson a écrit: "Aron s'étonnait volontiers de n'avoir pas été le Kissinger français. (... ) J'aurais été de Gaulle, Pompidou ou Giscard, j'aurais choisi Aron comme conseiller du Prince." L'homme avait tout pour cela: intelligence analytique, compréhension de l'économie, des relations internationales, de l'Histoire, tout sauf la manière. "De Gaulle trouvait qu'Aron ne le servait pas assez, Aron trouvait que de Gaulle ne le consultait pas", résume aujourd'hui Jean d'Ormesson. "Entre Giscard et lui, c'était le choc des orgueils", se rappelle Glucksmann. Kissinger, intellectuel américain, nommé conseiller puis ministre de plusieurs présidents, négociateur de la paix au Viêtnam, a été l'élève d'Aron aux États-Unis. "Personne n'a eu sur moi une plus grande influence intellectuelle, écrit-il. Il fut un critique bienveillant lorsque j'occupais des fonctions officielles. Son approbation m'encourageait, les critiques qu'il m'adressait parfois me freinaient." Ce qui fait dire à Henri Mendras : "Auprès de Kissinger, Aron a été le conseiller du conseiller du Prince." Aron trouve, à la fin de sa vie, que la politique a été trop sérieuse et trop tragique, dans sa génération, pour que les amitiés résistent aux divergences dans ce domaine, avec Malraux comme avec Sartre. Pour Malraux, il y avait du sacré dans la politique, c'était de Gaulle; pour Sartre, il y avait du sacré dans la politique, c'était la gauche. Pour Aron, ce qu'il y a de plus sacré, c'est la "décision raisonnable".»
Cécile Romane, source et article complet sur la vie et l'oeuvre de Raymond Aron.