Verchères Madeleine Jarret de
L’aventure des débuts de la Nouvelle-France en terre d’Amérique est remplie de péripéties de ce genre. Mais sont-elles vraies? Sont-elles fausses? Historiens et chroniqueurs contestent certains détails. Il est utile de rappeler qu’en l’absence de registres de l’époque, les seuls documents qui nous restent sont les récits de voyages des explorateurs et des missionnaires. Et ils ont tendance à être parfois un peu fantaisistes.
Marcel Trudel, professeur émérite de l'Université d'Ottawa, va jusqu'à affirmer que Madeleine de Verchères est la «créatrice de sa propre légende». En effet, à 40 ans d'intervalle, l'héroïne de Verchères fait deux récits de son aventure: dans le premier, elle relate un événement qui n'est pas en soi une action extraordinaire, même si elle est très représentative des périls coutumiers du temps; dans la seconde version (autour de 1732), devenue seigneuresse du fief de La Pérade, elle raconte «ce qu'elle est censée avoir vécu 40 ans plus tôt, mais elle ne peut s'empêcher de se voir à 14 ans comme elle est à 54 ans». Sans compter que «de ceux qui ont connu l'affaire de près, il n'y en a plus un seul, à part Madeleine elle-même, qui puisse la contredire.» (Marcel Trudel, «Madeleine de Verchères, créatrice de la propre légende», dans Mythes et réalités dans l'histoire du Québec, chap. VII)