Vinci Léonard de

1452-1519
«Nous ne savons à peu près rien des premières oeuvres de Léonard. Le carton de la Chute, d'après lequel on devait exécuter en Flandre une tapisserie pour le roi de Portugal, le dragon molto orribile e spaventoso, peint sur la rondache (bouclier en bois de figuier), la Tête de Méduse, ne sont connus que par les descriptions de Vasari. Mais ces descriptions suffisent à nous montrer que déjà il cherche ce que toute sa vie il s'efforcera d'atteindre à force de justesse et de précision dans l'imitation, il veut égaler la nature, parler avec autant de relief le langage des lignes, des formes et des couleurs, mais pour exprimer par ce langage sa propre émotion et pour la transmettre aux hommes. Il est à cette heure ce qu'il restera, le réaliste incomparable qui fixe sur les choses l'œil le plus clairvoyant et rencontre l'idéal sans effort, en continuant le réel, en reliant ses créations à celles de la nature[..]
La grande œuvre pittoresque du Vinci à Milan est la Cène qu'il peignit dans le réfectoire du couvent do-minicain de Sainte-Marie des Grâces. On sait que cette peinture célèbre a subi tous les outrages du temps et de la main des hommes : l'original à demi effacé sollicite notre curiosité plus qu'il ne la satisfait. Les nombreuses copies de disciples, que l'on voit à Milan, au Louvre, à l'Ermitage, à la Royale Académie de Londres, ne peuvent atténuer nos regrets. Bien des commentaires ont été écrit sur ce chef-d'œuvre, où le maître s'est efforcé d'égaler l'art à la vie, de créer des êtres individuels, différents et, au choc du même sentiment qui les frappe à la fois de fondre ces individus, éléments vivants, dans l'unité vivante d'une œuvre harmonieuse.»
«Léonard de Vinci: l'artiste» par Gabriel Séailles

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L'unité qui n'est pas dans l'œuvre scientifique de Léonard est dans sa méthode. La scolastique n'existe pas pour lui. Il évite avec la même aisance les dangers de l'humanisme. Il se prononce contre le respect superstitieux de l'antiquité avec autant de netteté que Bacon. C'est à l'expérience que les anciens ont dû les vérités qu'ils nous ont transmises; comme nous, ils relèvent de cette autorité souveraine: «Si je ne sais, comme eux, alléguer les auteurs, j'invoquerai une chose bien plus haute, bien plus digne, en invoquant l'expérience maîtresse de leurs maîtres». Ce que nous pensons n'a d'intérêt que si nous pensons ce qui est; comment savoir ce qui est, sinon en le constatant? «L'expérience ne trompe jamais, ce sont nos jugements seuls qui nous trompent.»
«Léonard de Vinci: le savant», par Gabriel Séailles

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