Vinci Léonard de
La grande œuvre pittoresque du Vinci à Milan est la Cène qu'il peignit dans le réfectoire du couvent do-minicain de Sainte-Marie des Grâces. On sait que cette peinture célèbre a subi tous les outrages du temps et de la main des hommes : l'original à demi effacé sollicite notre curiosité plus qu'il ne la satisfait. Les nombreuses copies de disciples, que l'on voit à Milan, au Louvre, à l'Ermitage, à la Royale Académie de Londres, ne peuvent atténuer nos regrets. Bien des commentaires ont été écrit sur ce chef-d'œuvre, où le maître s'est efforcé d'égaler l'art à la vie, de créer des êtres individuels, différents et, au choc du même sentiment qui les frappe à la fois de fondre ces individus, éléments vivants, dans l'unité vivante d'une œuvre harmonieuse.»
«Léonard de Vinci: l'artiste» par Gabriel Séailles
L'unité qui n'est pas dans l'œuvre scientifique de Léonard est dans sa méthode. La scolastique n'existe pas pour lui. Il évite avec la même aisance les dangers de l'humanisme. Il se prononce contre le respect superstitieux de l'antiquité avec autant de netteté que Bacon. C'est à l'expérience que les anciens ont dû les vérités qu'ils nous ont transmises; comme nous, ils relèvent de cette autorité souveraine: «Si je ne sais, comme eux, alléguer les auteurs, j'invoquerai une chose bien plus haute, bien plus digne, en invoquant l'expérience maîtresse de leurs maîtres». Ce que nous pensons n'a d'intérêt que si nous pensons ce qui est; comment savoir ce qui est, sinon en le constatant? «L'expérience ne trompe jamais, ce sont nos jugements seuls qui nous trompent.»
«Léonard de Vinci: le savant», par Gabriel Séailles