Matisse Henri
L'oeuvre d'Henri Matisse perpétue au XXe siècle, à travers des recherches d'une modernité sans cesse renouvelée, la tradition du classicisme français que l'on pourrait définir par une quête continue d'une certaine pureté formelle, de la richesse chromatique, qui donnent vie à un art dominé par le souci de l'équilibre, où les passions sont dominées par la raison, où un certain «plaisir de vivre» assure un contrepoids salutaire aux tourments de l'esprit. Artiste indépendant des modes, il prête sa voix, le temps de quelques oeuvres incendiées par une couleur brutale et agressive (la Fenêtre à Collioure, 1905, la Femme au chapeau, 1906), au fauvisme, aussitôt dépassé par l'appel de la ligne pure, sensuelle et décorative qui inaugure les grands chefs-d'oeuvres plastiques (la Desserte, 1908-1909, la Danse et la musique, 1910). Alternent dans l'évolution du peintre des recherches sur la lumière — les années de Nice —, sur la couleur (les Natures mortes à la Danse), sur l'architecture et la bi-dimensionnalité du tableau (Vue de Notre-Dame, les Odalisques), les compositions monumentales, hautement stylisées (Danse I et II, 1931-1933). L'oeuvre trouve son apothéose dans les papiers découpés des dernières années, formes épurées sculptées à même la couleur dans un lyrisme serein et éblouissant.
La grande exposition Matisse-Picasso a mis récemment en lumière la plus belle rivalité-complicité de l'art moderne. Picasso, au sommet de sa gloire, disait, avec humour, que seul Dieu... et Matisse... pouvaient juger son oeuvre.