Guevara Ernesto Che
Dans Maison jaune, Dominique de Roux a bien cerné la trajectoire tragique qui fut celle du "Che" : "Che Guevara s'est longtemps débattu entre deux tentations, celle d'une vie souillée de compromissions, de vengeances obliques, sophistiquées, et celle de la mort, en qui s'incarna son seul acte révolutionnaire : se faire tuer comme il s'est fait tuer. Trahi par tous, et jusque dans la mort, Che a fini par se faire récupérer non par les siens, mais par les ombres de cette terre intermédiaire où se rencontraient les éternels réprouvés de toutes les grandes causes révolutionnaires perdues d'avance. Compagnon inattendu de Drieu La Rochelle, il rédigea son journal, non pas dans les jardins du Luxembourg, mais dans la selva bolivienne. De même que l'un voulait échapper à l'imbécilité sodomisante des juges, il était loisible à l'autre de s'épargner la honte du castrisme dégénéré en fadaises colossales, conditions religieuses. La liberté d'expression s'opposera toujours à la dialectique du pouvoir.
Tel le "Migliore Fabro" tenace, l'artisan dupe de rien, dont le but est l'absolu. Rien de grand ne s'accomplit sans démesure, et dans la permanence d'une seule pensée."
Dominique de Roux, Maison jaune, Christian Bourgois éditeur, "10/18, 1969, p. 48-49