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Par Jacques Larochelle, alias Jean de Sincerre

SUne rétrovision du monde, par Jacques Dufresnes

C‘est dans les promesses d’égalité que Jean de Sincerre voit la première cause des maux qu’il diagnostique et auxquels on ne pourra remédier que lorsque les contemporains dominants, indissociablement démocrates, libéraux et consommateurs-prédateurs-gaspilleurs, sortiront de leur narcissisme, suite par exemple à l’engloutissement de New-York dans l’Atlantique.

Ce livre n’avait pas encore de titre quand Jacques Larochelle me l’a donné, littéralement donné, avec l’espoir que je lui assure un sort digne de lui. Il y juge son époque depuis un passé lointain, l’antiquité gréco-latine. Cela m’a rappelé une chanson populaire en 2024 : L’Amérique qui pleure des Cowboys fringants :

La question qu'je me pose tout le temps,
Mais comment font tous ces gens
Pour croire encore en la vie
Dans cette hypocrisie

«Il me semble incontestable que chaque époque de l’histoire humaine organise la vie en société selon des normes et des idéaux mouvants, arbitraires, qui se contredisent presque toujours dans le temps et n’ont aucune valeur de vérité, mais seulement une valeur d’utilité sociale en assurant la cohésion du groupe et la direction de sa marche.  Ces principes, souvent de pure pacotille, sont toujours présentés par tous les organes de la société et sont imposés par la sourde pression que tout groupe organisé exerce sur ses membres, comme étant la vérité absolue au point qu’il est honteux de songer seulement à en faire la critique ou à les discuter. 

Et l’une des principales raisons de cette bêtise généralisée dont je parlais vient de ce que la plupart se soumettent à cette exigence et adoptent, plus ou moins fanatiquement, cette pensée collective toujours pauvre par essence.  La seule façon d’échapper à cette emprise c’est de lever la tête pour la sortir de l’eau ambiante et respirer l’air, connaître la pensée d’autres sociétés, d’autres époques et d’autres lieux.  Seulement ainsi l’homme peut-il jouir de points de comparaison qui lui font voir d’autres principes organisateurs de la société, d’autres buts, d’autres formes de vie collective afin de pouvoir garder l’esprit libre et critique à l’égard de la société où il vit et de ne pas tomber dans l’erreur fréquente, mais grossière, de ne plus apercevoir ses défauts et de la juger non seulement supérieure à toutes les précédentes, mais même la seule valable qu’on ait connu jusqu’ici.»

Les points de comparaisons des Cowboys fringants sont dans l’avenir, dans les promesses progressistes contre les inégalités, promesses mal tenues selon eux. C‘est au contraire dans les promesses d’égalité, trop bien tenues à ses yeux, que Jean de Sincerre voit la première cause des maux qu’il diagnostique et auxquels on ne pourra remédier que lorsque les contemporains dominants,indissociablement démocrates, libéraux et consommateurs-prédateurs-gaspilleurs, sortiront de leur narcissisme, suite par exemple à l’engloutissement de New-York dans l’Atlantique.

On comprend pourquoi la chanson bat tous les records de vente et que le livre soit encore à la recherche de son premier lecteur, mais dans l’un et l’autre cas, on se demande comment il sera encore possible de croire en la vie quand les espèces se seront éteintes une à une et que la contemplation, mère de l’amour, aura disparu au profit des deux autres grandes activités humaines :

« Les anciens distinguaient trois sortes de vie : la vie politique, la vie chrématistique, c’est-à-dire celle de l’homme d’affaires ou de l’industriel qui produit de la richesse matérielle, et la vie contemplative.

J’ajoutai que, contrairement à nous, ils regardaient la richesse matérielle et sa production comme peu dignes d’admiration, ou même de respect, et qu’importaient surtout pour eux les aspects spirituels de la personne et de l’activité humaine et que, par conséquent, ils plaçaient au haut de l’échelle la vie contemplative suivie de la vie politique et de la vie chrématistique. »

Le rétroviseur pourrait même devenir un best-seller et l’on pourrait reconnaître en son auteur un visionnaire trop longtemps méconnu. Parions qu’une fois surmonté le premier obstacle, celui du narcissisme contemporain, le lecteur se laissera séduire par les charmes du livre. C’est ce qui est arrivé, à moi et à la première amie à qui je l’ai offert en version numérique. Moi qui ai de plus en plus de peine à me concentrer, j’ai bondi d’un chapitre à l’autre au point d’atteindre le dernier, le 25ème en moins de 24 heures. Ce n’était pourtant pas un roman d’Alexandre Dumas, mais une réflexion sérieuse sur l’homme et son histoire. Mon insatiable plaisir à le lire était donc une preuve de la qualité du livre.

Jean de Sincerre n’est pas le premier à se rendre à l’évidence d’un effondrement inévitable du modèle dominant. Bien des tenants de l’écologie profonde et de la décroissance l’avaient précédé dans cette voie, mais il le fait à une échelle si large si bien ajustée à la complexité du réel en cause qu’on pourra le considérer comme l’un des pères du nouveau régime politique dont la Terre et les hommes ont besoin.

À cette large échelle, s’ajoute une variété dans les sujets traités et les genres littéraires choisis telle qu’on croit d’abord lire une œuvre hétéroclite. L’unité de cette variété est pourtant manifeste. C’est celle d’un plaidoyer assez habilement construit pour plaire à chacun des membres du jury. Jean de Sincerre est un avocat réputé.

Le premier chapitre, une immersion dans la poésie latine sur l’amour, semble destiné à détourner le lecteur vers une activité plus divertissante. En réalité, à la lecture des strophes d’Horace en latin le lecteur subit le choc de son ignorance de cette langue et s’estime heureux de trouver refuge dans une traduction; il a aussi l’occasion de faire une incursion dans la mythologie érotique avec un maître qui rappelle le conférencier Thomas Hellman.

« Rappelons que cet Hippolyte n’échappe à l’empire d’Aphrodite que pour tomber dans celui d’Artémis.  Il change donc déesse pour déesse et demeure un exemple d’une vie consacrée au culte d’une immortelle.  De plus, son choix douteux et même douteux aux yeux d’Euripide, n’amène que malheur pour tout son entourage et pour lui-même.  Il fait le malheur des femmes disposées à l’aimer au premier rang desquelles la déplorable Phèdre, sa belle-mère, qui meurt de ses mépris.  Il fait celui de son père Thésée, qui le maudit, croyant à tort qu’il avait attenté à l’honneur de Phèdre, et il fait le sien propre puisqu’il eut le malheur de vivre à une époque où les malédictions paternelles étaient redoutablement efficaces.

La prière de son père fit jaillir du sein des flots un monstre hideux qui mit en fuite ses chevaux.  Dans ses derniers moments, quand ses coursiers terrifiés le traînaient sur les rochers, sourds à sa voix, n’a-t-il pas regretté tout le mal que sa froide dévotion à la frigide déesse avait causé?»

Le calme est revenu dans ma folle existence.
Zeus a mis pour toujours un terme à ma souffrance.
J’ai retrouvé mon fils, par Héra dérobé,
Et mon front de génisse au sol n’est plus courbé.
Aucune mouche ailée, à mon flanc attachée,
Ne prolongera plus ma folle chevauchée.
Pourquoi les justes dieux ont-ils fait mon malheur?
À quel cruel plaisir a servi ma douleur?
Je n’ai fait qu’obéir, pourquoi m’ont-ils punie?
Parce que Zeus m’aimait, c’est moi qu’on a bannie?
Mais mon âme est en paix et j’aime mon destin,
Quand je vois de mon fils le sourire enfantin.
»

( Qui est l’auteur de ces vers, Jean de Sincerre, Euripide traduit en français, ou un classique français ? C’est l’un des charmes du livre que de susciter de telles questions.)

Chemin faisant, le lecteur aura vu s’établir entre la femme et l’amour un rapport le préparant à la critique du féminisme, laquelle viendra en son temps, dominée par l’idée qu’en accédant au marché du travail la femme s’éloigne de la contemplation et de l’amour pour verser son énergie dans les secteurs déjà hypertrophiés de l‘industrie et du commerce. Tout cela toutefois à une altitude qui n’autorise pas l’illusion d’un renversement facile de la tendance actuelle, tout en invitant les femmes au travail à se réconcilier, avec leur nature profonde. Honnête avocat, l’auteur cède la parole à un fonctionnaire du Ministère de la famille :

« Personne n’ignore les circonstances dans lesquelles le Ministère de la famille fut créé, il y a cinquante ans.  L’humanité jusqu’alors s’était contentée de maintenir les modèles familiaux qui, depuis l’origine de l’histoire et faute d’être soumis à une critique digne de ce nom, s’étaient perpétués, moins en raison de leur excellence propre ou de leurs résultats, que par la paresse et la complaisance des élites, qui sans doute y trouvaient leur compte. 

On peut s’étonner qu’il ait fallu si longtemps pour que, il y a à peine un demi-siècle, quelques femmes courageuses s’aperçoivent que l’organisation traditionnelle de la société les spoliait de leurs droits fondamentaux et de leur plus élémentaire dignité en faisant d’elles des porteuses et des éleveuses d’enfants, des maîtresses de maison, confinées dans le cercle des occupations domestiques, sans rôle ni influence dans le champ immense de la vie publique, qu’elle soit politique, judiciaire, économique ou militaire.

Et cela, alors qu’il crève les yeux que la nature a créé l’homme et la femme égaux, également propres à toutes les tâches et doués d’un corps et d’un esprit essentiellement semblables sauf quelques détails sans conséquences qui ne doivent pas les empêcher de partager un même destin.»

En toute liberté

«Si vous voulez rendre à la femme sa liberté, disait-on, rendez-la-lui toute entière et permettez-lui, à son choix, de préférer ses enfants et leur père, à un patron et un salaire.  Si vous voulez valoriser la femme, ajoutait-on, valorisez-la toute entière en relevant aussi sa fonction de mère et de donneuse de vie qui lui appartient en propre et qui détermine, pour une large part, la forme de son corps et de son esprit.  Si vous voulez le bonheur de la femme, disait-on enfin, laissez-la juger du chemin qui y mène le plus sûrement et le plus aisément et qui sera peut-être dans certains cas, le rôle domestique qui fut le sien si longtemps dans de brillantes civilisations. » 

Marie et Jean
Commence alors l’histoire d’un amour, celui de Jean et Marie, qui sera à la fois l’épine dorsale du livre et une transition moderne entre le paganisme des premières pages et le christianisme épuré des dernières. Jean et Marie m’ont rappelé d’une part les couples d’aristocrates des Pléiades de Gobineau par le lien entre leur amour et les diverses formes d’excellence auxquelles ils aspirent et d’autre part , les Fiancés de Manzoni par la sincérité et la naïveté innocente de leur amour. On est loin, très loin du cynisme et de la sexualité omniprésente du roman d’amour contemporain typique.

Commence alors l’histoire d’un amour, celui de Jean et Marie, qui sera à la fois l’épine dorsale du livre et une transition moderne entre le paganisme des premières pages et le christianisme épuré des dernières.

Cette question de Marie au fonctionnaire du Ministère de la famille illustre bien sa propre conception de l’amour :

« Monsieur, dit-elle, ce qui fut l’inspiration de tous les poètes et de tous les romanciers, ce qui fut le rêve de toutes les filles et de tous les garçons depuis l’aube de l’humanité, ce qui fait les délices de la vie, ce qu’on peut regarder comme le reflet dans l’ordre humain des grandes forces cosmiques qui remuent les astres dans leurs mouvements harmonieux, c’est l’amour absolu entre un homme et une femme qui se fondent l’un dans l’autre et qui deviennent enfin un être complet. Quelle est la place de ce grand amour dans votre société ? »

Histoire de Catherine
On trouvera une réponse à cette dernière question dans le chapitre intitulé Histoire de Catherine, la pièce à mes yeux la plus achevée du livre. Jeune fille de quinze ans d’une famille aisée, Catherine s’éprend de son précepteur, Richard :

« Au moment de redescendre, je me foulai, à ce qu’il parut, une cheville, ce qui m’obligea à accepter l’aide de mon compagnon.  Je fis quelques pas appuyée sur lui, puis quelques pas portée dans ses bras, puis la terre, le ciel et le printemps complices furent témoins de ce mystère d’amour qui est la chose la plus précieuse et la plus fréquente du monde.  En d’autres mots, je devins la maîtresse de mon maître. »

Mal lui en prit car les préjugés contre les hommes dans ces affaires entre un homme mur et une adolescente étaient déjà entrés dans les mœurs.

« Je dus donc répéter l’histoire de mes amours avec Richard à des agents qui me donnaient plus l’impression de chasseurs lancés à la poursuite d’un gibier que de fonctionnaires de la justice.  Et ma mère, présente à tous nos entretiens, veilla soigneusement à ce que ma déposition, malgré mes efforts pour en atténuer la sévérité, finisse par faire reposer tout le blâme sur les épaules de mon précepteur.  Le document que je finis par signer me donnait un rôle purement passif que je sentais encore, mais de plus en plus confusément, ne pas être véridique.»

Richard fut tenu seul coupable avec les conséquences tragiques que l’on peut imaginer. »

Tout commence dans ce livre par des querelles amoureuses trop humaines entre les dieux et tout se termine par le Dieu unique qui donne sa vie par amour des hommes sans pour autant les arracher à leur ignorance, sinon en leur rappelant que c’est du côté de l’amour et seulement de ce côté que se trouve l’instant éternel et la lumière qui permettront de sortir de l‘impasse où leur démesure les a conduits.

Tout commence dans ce livre par des querelles amoureuses trop humaines entre les dieux et tout se termine par le Dieu unique qui donne sa vie par amour des hommes

Cette importance accordée à l’amour, un amour absolu et incarné, fait de caresses et de fusions autant que de transparence n’est pas un idéal imaginaire de l’auteur, mais les leçons d’un passé auquel l’exile un présent qui le désespère, d’autant plus qu’il se présente comme le portique de l’avenir radieux : « l’enfer c’est le paradis par erreur » dans les mots de Simone Weil.

L’auteur
Cet auteur consent à donner les quelques éclaircissements qui suivent.

« Disons d’abord que s’il est vrai que les opinions, par exemple, exprimées par les cinq dans les deux chapitres précédents, peuvent surprendre ou choquer un esprit moderne, elles ne surprennent ni ne choquent l’auteur, pour la simple raison qu’il n’est pas un esprit moderne. 

Expliquons-nous. Évidemment l’auteur, né au vingtième siècle, et écrivant dans le vingt-et-unième, est dans un certain sens un contemporain.  Il ne peut faire qu’il n’ait grandi, travaillé, aimé, connu son lot de joies et de peines dans le temps présent, et qu’enfin les hommes et les sociétés qu’il a connus de première main ne soient des hommes et des sociétés actuels.

Pourtant, aussi loin qu’il remonte dans ses souvenirs, il retrouve toujours un regret du passé et une insatisfaction du présent, qui lui faisaient préférer à plusieurs égards, sinon à tous les égards, les mœurs, les usages, le langage, les arts, les institutions du passé, à ceux de son époque.

Ayant eu le bonheur de naître Français, et donc de bénéficier dès l’enfance d’un accès privilégié au riche patrimoine culturel, architectural et artistique dont le pays de sa naissance avait enrichi le monde, il lui fut très vite impossible de mettre en parallèle les productions de la France de son temps et celles du passé sans rougir de l’effrayante disparité entre les deux ordres de choses.

Qu’est-ce qu’aujourd’hui pourrait opposer, par exemple, à Molière, à Racine, à la poésie si émouvante de Baudelaire, au suprême raffinement de la prose d’un Anatole France?  Où retrouverait-on dans le monde présent des réussites architecturales comparables à Notre-Dame-de-Paris ou à Versailles, ou tout simplement à tant d’autres milliers de monuments parsemés sur notre territoire, et dont chacun offre à l’œil et à l’âme une beauté, une harmonie qui la ravit?

Et la même désolante constatation s’impose pour la peinture, pour la sculpture, pour la langue, pour l’art de vivre, pour l’aménagement et le respect de la nature, aussi sacrée et embellie par nos ancêtres, qu’elle est méprisée et souillée par nous. 

Et où que se portât son regard sur l’Europe, qui forme comme une grande nation des différents pays qui la composent, il retrouvait toujours le même spectacle et souffrait de la même incapacité à découvrir aucune manière de mettre en comparaison le passé et le présent qui ne tournât pas à la confusion et à l’abaissement du présent. »

Le style
Tel est le climat intérieur qui explique le style de l’auteur : une prose claire et une poésie rythmée dont il semble parfois abuser tant elle lui vient naturellement. Fort heureusement, il la met toujours au service des sentiments, réservant la raison à une prose qui la sert fort bien.

La poésie, étant plus sujette que la prose aux goûts de chacun et occupant un espace inhabituel dans le livre, pourrait expliquer le désamour de bien des lecteurs ; elle m’incite au contraire à penser que l’heure est venue pour les sentiments d’envahir le champ d’une raison folle de sa démesure.

Qui commande dans le monde ?
C’est l’une des grandes questions que posent aussi bien Jean de Sincerre que le philosophe espagnol Ortega y Gasset :

« Rappelez-vous le cri d’alarme poussé par Ortega y Gasset dans sa Révolte des masses où, entre les deux guerres, il constatait l’émancipation croissante des masses de toute autorité, de toute tradition, de tout dogme, et l’orgueilleuse prise en main de leur propre destin et de tous les aspects de leur vie personnelle et sociale, par tous ceux que la médiocrité de leur talent, de leur éducation, ou de leur caractère, avait empêché jusque-là d’exercer quelque influence  sur la marche de l’histoire

Le génial Espagnol, témoin de ce triomphe des masses qu’il a parfaitement décrit, exprimait de vives inquiétudes sur l’avenir que réservait à l’humanité cette tyrannie toujours plus complète de l’homme moyen et cette influence de plus en plus exclusive qu’elle exerçait sur toutes les facettes de la vie collective. 

Pour la première fois dans l’histoire l’Occident a embrassé un mode d’existence uniforme et prosaïque, où personne n’est plus appelé à la tâche infiniment difficile et délicate de parvenir, au prix d’une vie d’efforts et d’ascèse, à la formulation d’un idéal artistique, littéraire, politique, moral ou philosophique de qualité, impliquant nécessairement la subordination de l’individu à un principe, un être ou un idéal qui le dépasse et le transcende. »

Comment, dans ces conditions, jaillira le nouveau régime dont la Terre et les hommes ont besoin? On ne saurait le planifier comme on peut le faire pour une usine ou un État, il ne pourra être que la floraison d’un arbre aux racines profondes. Conscient du mystère au cœur de cette évolution, l’auteur s’en remet au Dieu qu’Il évoque et invoque à la fin de son livre.

Deus absconditus

À chaque instant depuis le jour de ma naissance,
J’ai senti près de moi, respirant doucement,
Celui qui ne meurt pas, et dont le firmament
Lumineux du couchant atteste la présence.

Aucune perfection ne manque à son essence.
Pour lui l’éternité ne dure qu’un moment.
Son immobilité contient tout mouvement,
Et c’est lui qui du monde a permis la naissance.

Il a créé les astres, il en a réglé le cours.
Dans l’abîme du temps il a jeté l’histoire.
Le jour étincelant succède à la nuit noire.

S’il le veut, et pour tous il est le seul secours.
Il a fait beaucoup plus : il m’a créé pour toi,
Et davantage encore, il t’a faite pour moi.



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