Élisabeth de Hongrie sainte

1207-1231
«Elle vint un jour trouver ses compagnes, resplendissant d'une joie qui n'était plus de cette terre, et leur dit : " le seigneur a exaucé ma prière ; voici que toutes les richesses et tous les biens du monde, que j'aimais jadis, ne sont plus que comme de la boue à mes yeux. Quant aux calomnies des hommes, aux mensonges des méchans,
au mépris que j'inspire, je m'en sens toute fière et heureuse. Mes petits enfans bien-aimés, les enfans de mon sein, que j'aimais tant, que j'embrassais avec une si grande tendresse, eh bien ! Ces chers enfans eux-mêmes ne sont plus que des étrangers pour moi, j'en prends Dieu à témoin. C'est à lui que je les offre, que je les
confie ; qu'il en fasse sa sainte volonté en tout. Je n'aime plus rien, plus aucune créature ; je n'aime plus que mon créateur. »



« Enflammée de cet héroïque amour, Élisabeth se crut assez bien disposée pour faire ses voeux et prendre l'habit consacré par ses glorieux modèles, saint François et sainte Claire. " si je pouvais " ,disait-elle, " trouver un habit plus pauvre que celui de Claire, je le prendrais pour me consoler de ce que je ne puis entrer tout-à-fait dans son saint ordre.» (Montalembert)

«Et toujours du côté des pauvres ruisselant
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.» (Hugo, Booz endormi)

«Élisabeth, restée seule avec son Dieu, voulut que la pauvreté volontaire qu'elle s'était imposée fût aussi réelle et aussi complète que possible. Elle voulut que tout dans sa vie fût d'accord avec la hutte de bois et de terre qu'elle avait choisie pour demeure. Elle consacra donc tous les revenus, sans exception, que maître Conrad l'avait obligée de garder au moins nominalement, au soulagement des pauvres et à des institutions charitables. N'ayant pu obtenir de son confesseur la permission de mendier son pain, elle résolut de gagner sa vie par le travail de ses mains. Pour cela, elle ne pouvait que filer ; encore ne savait-elle pas filer le lin, mais seulement
la laine. Elle se faisait envoyer du monastère d'Altenberg, la laine qu'elle mettait en oeuvre ; et la renvoyait toute filée aux religieuses, qui lui remboursaient en argent la valeur de son travail, et souvent sans une équité parfaite. Elle, au contraire, mettait un scrupule extrême à l'accomplissement de son travail. Un jour qu'elle avait reçu d'avance le paiement d'une certaine quantité de laine qu'elle devait filer, maître
Conrad lui fit dire de venir avec lui de Marburg à Eisenach ; voyant qu'elle ne pouvait achever entièrement sa tâche, elle renvoya au couvent le peu de laine qu'il lui restait à filer, avec un denier de Cologne, de peur qu'on ne l'accusât d'avoir gagné plus qu'elle n'avait mérité. Elle travaillait du reste avec tant d'ardeur, que même lorsque son extrême faiblesse et ses fréquentes maladies l'obligeaient de rester au lit, elle ne
cessait pas d'y filer. Ses compagnes lui arrachaient la quenouille des mains, afin qu'elle pût se ménager ; mais alors, pour ne pas rester oisive, elle épluchait et préparait la laine pour la prochaine fois. Elle déduisait du faible produit de ses fatigues, de quoi faire quelques humbles offrandes à l'église; et avec le reste elle pourvoyait à sa chétive nourriture.» (Montalembert)

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