Jean de la Croix saint

1542-14 décembre 1591
Jean de Yepes naquit en 1542, en vieille Castille, dans un milieu familial noble vivant du tissage. En 1545, la famille de Jean fut décimée: il perdit son père et un de ses frères. Ce fut alors le début d'une période de misère et d'exclusion pour Jean, sa mère et son autre frère. En 1551, la famille trouva du travail à Médina del Campo. C'est à cette époque que les dons de Jean se manifestèrent: curiosité intellectuelle, amour du beau, piété, dévouement exceptionnel pour autrui. En 1563, à l'âge de vingt ans, il prit l'habit chez les Carmes sous le patronyme de Jean de Saint-Matthias. Quatre ans plus tard, à Médina, il rencontra Thérèse d'Avila qui venait de fonder un Carmel dans la ville. Elle convainquit Jean de se joindre à elle dans sa réforme de l'ordre. Jean devint vite un pilier de la Réforme thérésienne, en plus de développer un lien privilégié avec Thérèse. Celle-ci, impressionnée par son zèle d'ascète, l'appelait à la blague son «petit Sénèque» 1. En décembre 1577, à cause de ses convictions de réformateur, Jean de la Croix fut enlevé par des frères Carmes adversaires de la réforme: ils l'enfermèrent dans leur couvent de Tolède. Le 17 août 1578, Jean s'évada. Selon Dominique Poirot, ces mois d'emprisonnement furent pour Jean «un temps de naissance à soi-même, temps qui lui aura permis de devenir pleinement créatif 2.» En effet, c'est durant sa captivité qu'il composa ses premiers poèmes. En 1582, après la mort de Thérèse, il devint prieur du couvent de Grenade. Il rédigea alors ses grands écrits et se révéla un maître de vie spirituelle. En 1589, il fut élu prieur du couvent de Ségovie. Jean mourut le 14 décembre 1591, à l'âge de quarante-neuf ans.

Jean de la Croix fut béatifié en 1675, canonisé en 1726 et proclamé Docteur de l'Église par le pape Pie XI en 1926. Pie XII le déclara patron des poètes espagnols le 21 mars 1952 et Jean-Paul II patron des poètes de langue espagnole le 8 mars 1993.

Jean de la Croix enseigne que pour parvenir à l'union d'amour mystique avec Dieu l'âme doit suivre la voie du dépouillement absolu. Pour Jean, l'âme qui aime doit «travailler à se dépouiller et dénuer pour Dieu de tout ce qui n'est point Dieu (3)». Ses écrits (La montée du Carmel, La nuit obscure, Les cantiques spirituels, La vive flamme d'amour) ont profondément marqué la mystique chrétienne par leur intensité, et la poésie universelle par leur beauté, ce qui lui vaut maintenant d'être appelé le Docteur de la Nuit et le Prince des poètes. La rigueur de son enseignement et de sa vie a fait dire au philosophe Gustave Thibon qu'il fut «[le] plus extrémiste de tous les saints 4».


Notes

1. Yvonne Pellé-Douël, Saint Jean de la Croix et la nuit mystique, Paris, Seuil, 1960, p. 25.
2. Dominique Poirot,
Vie de Jean de la Croix.
3. Jean de la Croix, La montée du carmel, in Oeuvres complètes. Traduction par Lucien-Marie de Saint-Joseph. Desclée de Brouwer, 1967, p. 135.
4. Benoît Lemaire, «Pour parler de l'absolu: un témoin, Gustave Thibon», L'Agora, vol. 5, no 3, 1998, p. 29

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