Ambroise saint

v. 339-397
Biographie de saint Ambroise (G. De la Quesnerie, La Grande Encyclopédie, fin du XIXe siècle)
«AMBROISE (Saint), archevêque de Milan (340-397); né à Trèves, où son père résidait comme gouverneur de la province; après avoir étudié à Rome la littérature et la jurisprudence, il adopta la profession d'avocat. Ses talents lui valurent la protection d'Anicius Probus, préfet d'Italie, qui le fit entrer dans son conseil et plus tard le nomma préfet consulaire de la Ligurie et de l'Emilie. Outre le territoire de Milan, l'autorité de ce préfet embrassait Turin, Gênes, Bologne. Ambroise s'appliqua à bien gouverner le peuple confié à son administration. Il sut se concilier les Orthodoxes et les Ariens profondément divisés pourtant par leurs opinions théologiques et leurs prétentions à la demination del'Eglise. — Auxence, archevêque de Milan, mourut en 374; il était favorable aux Ariens, et l'élection de son successeur devait susciter d'ardentes dissensions. Au jour fixé pour l'élection, alors que le peuple était assemblé dans l'église, un enfant apercevant Ambroise, s'écria: Ambroise, évêque! Le peuple, croyant reconnaître dans la voix de l'enfant la voix de Dieu , acclama Ambroise comme évêque, avec une unanimité d'autant plus grande que le nouvel élu n'avait pas encore eu l'occasion de se prononcer entre les partis rivaux. En effet, il n'était pas encore baptisé. Ambroise hésita longtemps avant d'accepter des fonctions pour lesquelles il n'était nullement préparé. Il finit cependant par céder et il reçut le baptême: huit jours après, il fut ordonné prêtre. Il confia sa famille à son frère, pourvut au sort de sa sœur, et donna à l'Eglise et aux pauvres tout ce qui restait de ses biens. — Dès lors une vie nouvelle commence pour lui. Il étudie la théologie sous la direction de Simplicianus et se consacre entièrement aux devoirs de sa charge. La principale difficulté de son épiscopat résultait de la position conquise par les Ariens: ceux-ci avaient été condamnés en 325 par le concile oecuménique de Nicée, mais ils avaient réussi à se Concilier la faveur impériale, et deux de leurs chefs, Palladius et Secundianus, avaient obtenu de Gratien l'autorisation d'assembler un concile général. Redoutant les décisions d'une assemblée convoquée par des Ariens, Ambroise se hâta, de son côté, de réunir à Aquilée un synode composé des évêques orthodoxes d'Occident (381). Palladius et Secundianus y furent condamnés et déposés, malgré leurs protestations. Plus tard, les Ariens sollicitèrent et obtinrent de l'empereur la concession de deux églises de Milan, mais l'acquiescement de l'évêque était nécessaire. Ambroise le refusa énergiquement et à l'heure décisive les reliques de saint Gervais et de saint Protais furent retrouvées, par une coïncidence dans laquelle le peuple vit un miracle. — En même temps qu'il défendait l'Église contre l'invasion de l'arianisme, Ambroise devait la défendre contre les revendications du paganisme, représenté alors par Symmaque, préfet de Rome, orateur distingué, qui avait demandé à Valentinien II l'autorisation de relever l'autel de la Victoire dans le Capitole. Ambroise opposa à cette demande une protestation qui exprime les tendances et les prétentions intransigeantes du christianisme après son récent triomphe. L'autel de la Victoire ne fut pas relevé. — Ambroise, qui avait osé résister à l'empereur Valentinien II, quand il favorisait l'arianisme, lui prêta son concours dévoué pour détourner de l'Italie l'invasion dont la menaçait Maxime. Heureux dans une première démarche, il échoua dans la seconde, et la province de Milan fut occupée par l'usurpateur; mais Théodose la délivra (388). Ni cette délivrance, ni la toute-puissance de Théodose n'empêchèrent Ambroise d'exercer, à légard de l'empereur, l'autorité de son ministère religieux. Après le massacre de Thessalonique (390), il interdit à Théodose l'entrée de son église pendant huit mois et ne l'admit à la communion qu'après une pénitence publique et des promesses satisfaisantes pour l'avenir. Cette conduite n'était d'ailleurs que la conséquence de principes nettement arrêtés: «L'empereur, disait-il, n'es qu'un membre de l'Église; il n'est pas placé au-dessus d'elle.»

Ambroise ne fut pas seulement un évêque éminent de l'Eglise, il en fut aussi un des docteurs les plus importants. Dans sa dogmatique, il suit les pères alexandrins, Origène, Basile le Grand, Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse. Son exégèse est une explication allégorique et mystique des textes. Il a composé des hymnes qui sont restées célèbres, et qui ont exercé une grande influence sur le développement de la poésie religieuse dans le catholicisme. Cependant quelques-unes des compositions qui lui ont été attribuées ne lui appartiennent pas: le Te Deum, par exemple, est d'une époque postérieure. — Dans la liturgie il institua un rit et un chant appelés de son nom Ambrosiens. La vie de saint Ambroise a été écrite par Paulin, son archidiacre. La meilleure édition de ses œuvres est celle des bénédictins, 2 vol. in-fol., Paris, 1686-1690, dont une reproduction en 4 vol. a paru à Lyon, 1853. Le De
officiis ministrorum a été publié à Tubingue, 1557. Ce livre, conçu d'après le plan du De officiis de Cicéron, a servi, pendant des siècles, de manuel de morale. Il a été traduit en français, sous le titre de Morale des ecclésiastiques, par l'abbé Morvan de Bellegarde, 1691. Les cinq livres De fide sont dirigés contre les Ariens. Le Hexæméron est un traité homilétique sur la création. Parmi les lettres d'Ambroise, la XXe et la XXIIe contiennent le récit de la découverte des restes de saint Gervais et de saint Protais. Dans ses discours se trouvent les oraisons funèbres de Valentinien II et de Théodose le Grand.

II. Musique. — L'archevêque de Milan occupe une place importante dans l'histoire de la musique sacrée; c'est à lui que l'Église doit la première collection, pour ainsi dire, de ses chants liturgiques. Les mélodies sacrées entrant chaque jour plus avant dans la mémoire des peuples à mesure que ces pays étaient conquis au christianisme, n'avaient pas laissé de s'altérer. Il s'y était mêlé des chants populaires, chaque peuple les avait transformées suivant son génie; Ambroise fit composer une espèce de centon des mélodies qui lui parurent dignes de devenir liturgiques, et leur donna ainsi l'unité; de plus, il prit les huit tons du chant de l'Église grecque, les quatre authentiques (dorien, phrygien, lydien et mixolydien), et les quatre plagaux (l'hypodorien, l'hypophrygien, l'hypolydien et l'hypomixolydien) et en forma tout un système. Il nous reste peu des mélodies ambroisiennes qui furent plus tard modifiées, ainsi que le système des tons, par saint Grégoire, cependant les spécimens que nous en connaissons nous permettent de penser que le chant ambrosien, d'origine grecque, était surchargé d'ornements, de petites notes, et que l'on y rencontrait des intervalles plus petits que ceux employés dans le genre diatonique. Cette dernière assertion est discutable, mais on ne peut nier que ce qui mous est resté du chant ambrosien ne soit beaucoup plus fleuri et orné et aussi plus rythmique que le chant imposé à l'église par saint Grégoire. C'est saint Augustin, dans le tome IX, chap. VI des Confessions, qui a le premier parlé des chants de saint Ambroise. L'évêque de Milan, lui-même, dans une lettre à sa scour, sainte Marceline , déclare ouvertement avoir pris l'initiative de la réforme du chant des hymnes, des psaumes et des antiennes dans l'église de Milan. En effet, c'est à lui que l'on attribue, et non sans apparence de vérité, quelques-unes des hymnes les plus célèbres de l'Église catholique connue: Æterne rerum conditor, — Deus creator omnium, — Splendor paterna gloriæ, — Censors Paternœ luminis, - 0 lux beata Trinitas.

Le fameux et magnifique chant du Te Deum est aussi attribué à saint Ambroise, mais les historiens liturgiques discutent encore sur ce point. Il semble du reste que saint Ambroise ait composé, pour parler plus exactement, parodié ses poésies sacrées sur des mélodies déjà connues.»
GUSTAVE DE LA QUESNERIE, article «Saint Ambroise», La Grande Encyclopédie, Paris, 1885-1902, tome deuxième

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Saint Ambroise et Théodose (extrait de la «Légende dorée»)
«Les habitants de la ville de Thessalonique s'étaient rendus coupables envers l'empereur; et celui-ci, sur la prière l'Ambroise, leur avait d'abord pardonné; mais ensuite, excité par la malice de ses courtisans, il avait fait mettre à mort plusieurs des habitants de la ville. Ambroise, dès qu'il l'apprit, interdit à l'empereur l'accès de son église. Et comme Théodose lui disait que le sage David lui-même avait commis un meurtre et un adultère, l'évêque lui répondit: "Tu l'as imité dans ses erreurs, imite-le maintenant dans sa pénitence!" Et l'empereur fut si touché de ces paroles qu'il entreprit aussitôt de faire pénitence.»

JACQUES DE VORAGINE, La légende dorée, trad. Teodor de Wyzewa, Paris, Perrin et cie, 1910. Voir la légende de saint Ambroise

Articles


Légende dorée: la légende de saint Ambroise

Jacques Voragine
Vie miraculeuse de saint Ambroise, évêque de Milan, son opposition à l'empereur Théodose, saint Ambroise modèle des vertus chrétiennes. D'après la vie de saint Ambroise, dont on fête l'anniversaire le 7 décembre, dans la Légende dorée.



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