Mine antipersonnel
Types de mines
Il existe essentiellement deux genres de mines terrestres – la mine antichar (ou anti-véhicule) et la mine antipersonnel. En tout, on compte plus de 200 différents types de mines terrestres, fabriquées dans plus de 50 pays. Elles vont de la simple boîte de bois chargée de dynamite à la mine «magnétique» perfectionnée qui peut être calibrée pour exploser sous la partie la plus vulnérable d’un véhicule. Les mines sont conçues pour être enterrées à la main, larguées d’un aéronef ou tirées d’un «projecteur de mines» ressemblant à un canon, qui peut lancer des mines jusqu’à une distance de 36 mètres.
Selon le genre de blessures qu’on veut infliger, on peut se servir de deux types de mines antipersonnel: à effet de souffle ou à déflagration. Les mines à effet de souffle causent des blessures en provoquant une explosion vers le haut, qui détruit une partie de la jambe et fait pénétrer de la saleté et des débris dans la blessure. Après le démembrement initial, l’infection progresse et exige souvent, avec le temps, l’amputation d’une autre partie de la jambe. Les mines les plus courantes de ce type sont la M-14, de fabrication américaine et dotée d’une enveloppe plastique, et les PMN et PMN 2, de fabrication soviétique. Il s’agit des deux mines de prédilection utilisées au Cambodge et qui ne peuvent être désamorcées.
Les mines à fragmentation explosent sous l’effet d’une pression ou grâce à un déclencheur à fil tendu. Des fragments de métal ou de plastique sont alors projetés dans un «rayon létal». La victime peut souffrir de traumatismes, être mutilée et mourir lentement ou rapidement, selon la puissance de la mine et la proximité à laquelle elle se trouvait de celle-ci. Parmi les mines à fragmentation, on retrouve le modèle soviétique POMZ-2, la Claymore USM-18 et la Valsella Valmara 69, produite en Italie et à Singapour. La Claymore a un rayon létal de 50 mètres, et la Valsella projette plus de 1 000 fragments de métal dans un rayon de plus de 25 mètres. Les «mines bondissantes», celles qui bondissent vers le haut comme leur nom l’indique, comprennent le modèle soviétique OZM-3, qui peut détruire tout ce qui se trouve dans un rayon de 25 mètres, et la M-16, de fabrication américaine.
Il va de soi que les mines antichar sont plus grosses et possèdent des charges plus puissantes – jusqu’à 10 kilogrammes d’explosifs comparativement à quelques grammes dans la plupart des mines antipersonnel. Une mine antichar peut peser jusqu’à 15 kilogrammes. Cependant, c’est la mine antipersonnel qui fait le plus de ravages parmi les populations civiles.
Déploiement et déminage
Le déploiement stratégique des mines terrestres peut assurer une protection efficace des bases militaires et des installations clés. Ces mines peuvent servir à protéger des flancs découverts, à empêcher l’ennemi d’emprunter des routes et d’occuper des positions stratégiques, à restreindre son champ de manoeuvre et à le forcer à déployer ses unités là où elles seront le plus vulnérables. Elles peuvent également appuyer l’artillerie lourde.
Cependant, bien que les mines terrestres aient des applications militaires bien déterminées, elles feront nécessairement, en raison de leur nature, de leur conception et de leur déploiement en grand nombre, des victimes parmi la population civile. En particulier, lors d’opérations anti-guérilla où le contrôle du terrain change souvent de main, le déploiement de mines aura des conséquences longtemps après la fin des hostilités. Ce n’est pas une coïncidence qu’il y ait alors des pertes civiles, mais un fait inévitable.
La neutralisation des mines exige une formation spécialisée et demeure un processus fastidieux et dangereux. Les mines sont souvent conçues et posées pour en rendre la détection la plus difficile possible. En outre, les progrès technologiques aggravent le problème parce que la plupart des mines modernes sont maintenant faites de plastique et peuvent ne contenir que d’infimes particules de métal, voire aucune. Les nouveaux modèles peuvent également contenir des allumeurs électroniques perfectionnés qui rendent le déminage encore plus dangereux.
Source: Wolfgang Koerner, Mines terrestres. Division des affaires politiques et sociales, Direction de la recherche parlementaire, Bibliothèque du Parlement canadien (étude MR 141f, 23 septembre 1996; révisé le 3 décembre 1996)