Métier

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Essentiel

Selon Remy de Gourmont, le poète Joachim du Bellay "avait raison […], quand il conseillait aux écrivains de fréquenter, autant que les savants, « toutes sortes d’ouvriers et gens mécaniques, comme mariniers, fondeurs, peintres, engraveurs et autres, sçavoir leurs inventions, les noms des matières, des outils, et les termes usitez en leurs Arts et Métiers, pour en tyrer de là ces belles comparaisons et vives descriptions de toutes choses ». Les langues des métiers ont toujours été admirables; celles des sciences sont hideuses: rien ne prouve mieux que la fonction linguistique est une fonction populaire."

Remy de Gourmont, «Notes de philologie – IV. Du Bellay grammairien»

Enjeux

Égalité des classes, inégalité des métiers
«On peut reprocher à Platon et aux philosophes qu'il a inspirés au Moyen Age d'avoir discrédité les petits métiers en utilisant des termes politiquement incorrects pour faire voir leur infériorité par rapport aux professions libérales. Sans aller jusqu'à soutenir que les métiers sont héréditaires, il lui plaisait de penser qu'il était tout naturel que le fils du cordonnier devienne cordonnier plutôt que mathématicien. Il en résultait, dans la société qu'il dépeignait, une grande difficulté à passer d'une orbite sociale à une autre. Le fils de Périclès avait plus de chances de devenir philosophe que celui d'une sage-femme.

Mais cette difficulté avait au moins un avantage que nous regretterons peut-être un jour prochain. N'ayant pas tous été repérés au moyen de tests objectifs et obligatoires, et n'ayant pas les moyens d'accéder à une éducation libérale, les hauts quotients devaient être nombreux parmi les potiers, les peintres et les sculpteurs. Ils le sont de moins en moins dans les pays où le principe de l'égalité des chances est appliqué efficacement. Ce qui nous place devant le paradoxe suivant: l'inégalité entre les classes favorisait une certaine égalité entre les métiers, alors que l'égalité des classes (se traduisant par l'égalité des chances) accentue l'inégalité entre les métiers. Au Moyen Âge il devait y avoir autant de hauts quotients parmi les maçons qui construisaient les cathédrales que parmi les nobles qui faisaient la guerre. Aujourd'hui, au nom de l'égalité des chances, les hauts quotients sont presque tous propulsés vers le sommet de la hiérarchie sociale.

En quoi ce sommet consiste-t-il aujourd'hui? Selon de nombreux auteurs américains qui ont étudié cette question, Robert Reich et Christopher Lasch notamment, c'est, de plus en plus, l'aptitude à manier les symboles abstraits qui est le critère de l'ascension sociale. Nous pouvons tous constater que la sélection scolaire se fait au moyen des mathématiques et des sciences plutôt qu'au moyen des humanités comme ce fut jadis le cas.»

JACQUES DUFRESNE, in "Métier et management", L'Agora, cahier spécial dirigié par Alain Chanlat, Groupe Humanisme et gestion, HEC, 1999, 3e édition

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