Implant cochléaire

Extrait de La culture sourde.

«Un certain groupe de personnes, dont des professionnels de la santé, a tendance à valoriser l'implantation cochléaire. Cette opération chirurgicale - qui n'est pas banale - consiste à adapter un système artificiel dans l'oreille interne. Celui-ci est destiné à exciter électriquement les protoneurones constituant les faisceaux de fibres du nerf cochléaire1. Un microprocesseur extérieur capte le son pour le transmettre au receveur-stimulateur fixé à l'intérieur de l'oreille. Le son est transformé, puis retransmis à travers la peau jusqu'à l'appareil qui stimule directement le nerf auditif. À l'instar de toute opération où le patient est sous anesthésie générale, certaines complications peuvent survenir à la suite de l'implantation cochléaire, notamment des mouvements faciaux involontaires, en raison d'une mauvaise adhérence du receveur-stimulateur - qui peut être mal installé ou dont le mécanisme est défectueux -, ce qui peut provoquer une stimulation incorrecte du nerf facial . Cela dit, la technologie s'est nettement améliorée depuis les années 1980. Les résultats obtenus aujourd'hui sont nettement supérieurs à ceux des premières années. Les spécialistes au Québec, qui ont effectué à ce jour 541 implantations cochléaires (en date du 19 juillet 2004), connaissent mieux les tenants et aboutissants de cette technologie. Dans les années 1990, les critères de sélection n'étaient pas les mêmes pour les enfants présentant une surdité congénitale. À titre d'exemple, l'équipe de l'oto-rhino-laryngologiste et chirurgien Pierre Ferron, spécialiste de l'implantation cochléaire au Québec, n'opère généralement plus les enfants âgés de plus de 7 ans qui présentent une surdité sévère ou profonde - plusieurs ont une surdité congénitale de moindre importance à la naissance, mais qui progresse par la suite - et qui n'ont pas développé d'habiletés de communication orale fonctionnelles - certains fonctionnant en mode oral malgré la présence d'une surdité sévère - parce que les personnes qui vivent trop longtemps avec la surdité n'utilisent pas l'implant efficacement et ont même tendance à en cesser l'usage après un certain temps. Par contre, si l'équipe du Dr Ferron effectue une implantation chez un enfant de deux ans ayant une surdité congénitale, celui-ci pourra (sans doute) s'approprier cet outil de communication avec lequel il grandira, et qui fera partie de lui.
De nos jours, on en arrive à penser que cette prothèse moderne va permettre aux sourds de devenir entendants. On rêve d'affiner la technologie pour qu'elle s'apparente à l'oreille naturelle. L'opération, qui auparavant prenait trois ou quatre heures, dure maintenant une heure et demie, parfois moins. La prothèse et le microprocesseur sont miniaturisés et l'encodage de l'information est numérisé. Au Québec, c'est en 1984 que le premier adulte a reçu un implant. Puis, en 1987, ce fut le tour du premier enfant ayant une surdité acquise, et en 1990 celui du premier enfant présentant une surdité congénitale.

B. Virole (1996). «Les implants cochléaires», p.. 347.

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Sourd

«Qui ne peut entendre par suite de quelque vice ou obstruction de l’organe de l’ouie.» Nous nous satisfaisons pour plupart de cette définition de Littré,qui limite la surdité à un phénomène physiologique. Elle est pour nous une simple déficience, alors qu’elle est aussi vécue par la majorité des sourds comme un handicap, c’est-à-dire comme un malaise social produit par l’attitude...

Enjeux

Quand dans une famille la question de l'implant cochléaire se pose, l'efficacité de cette prothèse n'est pas le seul facteur dont il faut tenir compte. Choisir cette solution c'est choisir, pour l'enfant sourd, l'intégration à la grande société. Une telle intégration, qui n'est jamais complète, est-elle préférable pour l'enfant à l'adhésion à la culture sourde, adhésion qui suppose que l'on mise plus sur les signes que sur l'oralisme ou une prothèse?

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