Hirondelle
Hirondelle de rivage, RNF du lac Saint-François, Québec. Photo: Léo-Guy de Repentigny, Service canadien de la Faune. Source: Imagier du SCF
«L'hirondelle prise dans la main et envisagée de près, est un oiseau laid et étrange, avouons-le; mais cela tient précisément à ce qu'elle est l'oiseau par excellence, l'être entre tous né pour le vol. La nature a tout sacrifié à cette destination : elle s'est moquée de la forme, ne songeant qu'au mouvement; elle a si bien réussi que cet oiseau, laid au repos, au vol est le plus beau de tous.
Des ailes en faux, les yeux saillants, point de cou (pour tripler la force); de pied, peu ou point; tout en aile. Voilà les grands traits généraux. Ajoutez un très large bec, toujours ouvert, qui happe sans arrêter, au vol, se ferme et se rouvre.
Ainsi elle mange en volant, elle boit, se baigne en volant, en volant nourrit ses petits.
Si elle n'égale pas en ligne droite le vol foudroyant du faucon, en revanche, elle est bien plus libre; elle tourne, fait cent cercles, un dédale de figures incertaines, un labyrinthe de courbes variées, qu'elle croise, recroise à l'infini. L'ennemi s'y éblouit, s'y perd, s'y brouille, et ne sait plus que faire ...
C'est la vraie reine de l'air; tout l'espace lui appartient par l'incomparable agilité du mouvement. Qui peut changer ainsi à tout moment d'élan et tourner court? Personne. La chasse infiniment variée et capricieuse d'une proie toujours tremblotante, de la mouche, du cousin, du scarabée, de mille insectes qui flottent et ne vont point en ligne droite, c'est sans nul doute la meilleure école du vol, et ce qui rend l'hirondelle supérieure à tous les oiseaux.»
Source: Jules Michelet, L'oiseau