Chesterton Gilbert Keith

29 mai 1874-14 juin 1936
«Comme la plupart de ceux qui eurent vingt-cinq ans vers 1895, Chesterton, élevé dans l'incroyance, avait adopté successivement toutes les doctrines de son temps: il avait été, tour à tour, évolutionniste en philosophie, anarchiste en politique, ibsénien en morale. Mais sa vie intellectuelle ne devait pas tarder à s'élargir, à devenir plus vigoureuse. Doué d'une intuition merveilleuse, d'une étonnante jeunesse de regard, il allait bientôt découvrir, dans la riche substance de la réalité, ces accords admirables, ces correspondances mystérieusement apparentées qui nous relient au monde et que ceux qu'il appelle les «vagues esprits modernes» ne savent plus reconnaître. Bien décidé à jeter bas le mur maussade qui cache la splendeur de l'univers créé, Chesterton se fit aussitôt une belle réputation d'anarchiste et de démolisseur.»

HENRI MASSIS, De l'homme à Dieu. Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1959, 480 p.


«Philippe Maxence analyse bien le point de départ de la pensée de Chesterton : " En tombant d’une vision théocentrique à une vision uniquement anthropocentrique, l’homme n’a pas seulement perdu ou faussé sa relation à Dieu. Il n’a pas seulement perdu ou faussé sa perception et sa relation à Dieu. Il n’a pas seulement perdu ou faussé sa perception de l’homme. Il a perdu la compréhension de l’univers. La modernité n’a pas rendu l’homme aveugle. Elle a rendu son regard opaque, embué, flou, morne, voilé. Elle l’a libéré de tout lien. Mais en le libérant, elle l’a emprisonné dans une vision inversée ".
Partant de là, Chesterton sera le trublion de l’intelligentsia anglaise au début du vingtième siècle. Il vitupérera, pourfendra, laminera tout l’orgueil de la philosophie moderne qui nie non seulement toute consistance à la Vérité mais aussi la possibilité de la Vérité. Il constatera avec un amusement attristé que " Plus le temps avance, plus les hommes reculent ", par bégaiements successifs, et que les clercs qui devaient rechercher la Vérité ont conduit le monde sur la voie sans issue du désenchantement. Chesterton n’aura donc comme mission que de " ruer dans les brancards " à l’aide d’une plume acerbe, leste, caustique, emportée, qui défendra sans cesse l’imagination comme reine tout en la refusant comme tyran. Il dira donc adieu au négationnisme moderne qui récuse les sens et l’imagination, atrophiant ainsi l’intelligence et nous rendant orphelin du dessein initial du Créateur.»


Philippe Maxence, Réenchantement du monde: une introduction à Chesterton, Editions Ad solem, 2004.



Le distributisme
Dévelopée par Hilaire Belloc et Chesterton, au carrefour de pensées issues du monde rural, de certains socialistes et de la doctrine sociale de l'Eglise catholique, cette théorie est centrée sur l'hypothèse suivante : une société stable et bien ordonnée repose sur une distribution correcte de la propriété. Etant donné que la propriété est la base même de laquelle découlent tous les autres droits (qui ne servent à rien si l'on est trop pauvre ou dépendant pour les exercer), il s'ensuit qu'une société démocratique et ordonnée doit à la fois empêcher la concentration de trop de propriété entre les mains de quelques uns et empêcher la création de larges franges de citoyens pauvres (ou dépendant de l'Etat).

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