Chesterton Gilbert Keith
HENRI MASSIS, De l'homme à Dieu. Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1959, 480 p.
«Philippe Maxence analyse bien le point de départ de la pensée de Chesterton : " En tombant d’une vision théocentrique à une vision uniquement anthropocentrique, l’homme n’a pas seulement perdu ou faussé sa relation à Dieu. Il n’a pas seulement perdu ou faussé sa perception et sa relation à Dieu. Il n’a pas seulement perdu ou faussé sa perception de l’homme. Il a perdu la compréhension de l’univers. La modernité n’a pas rendu l’homme aveugle. Elle a rendu son regard opaque, embué, flou, morne, voilé. Elle l’a libéré de tout lien. Mais en le libérant, elle l’a emprisonné dans une vision inversée ".
Partant de là, Chesterton sera le trublion de l’intelligentsia anglaise au début du vingtième siècle. Il vitupérera, pourfendra, laminera tout l’orgueil de la philosophie moderne qui nie non seulement toute consistance à la Vérité mais aussi la possibilité de la Vérité. Il constatera avec un amusement attristé que " Plus le temps avance, plus les hommes reculent ", par bégaiements successifs, et que les clercs qui devaient rechercher la Vérité ont conduit le monde sur la voie sans issue du désenchantement. Chesterton n’aura donc comme mission que de " ruer dans les brancards " à l’aide d’une plume acerbe, leste, caustique, emportée, qui défendra sans cesse l’imagination comme reine tout en la refusant comme tyran. Il dira donc adieu au négationnisme moderne qui récuse les sens et l’imagination, atrophiant ainsi l’intelligence et nous rendant orphelin du dessein initial du Créateur.»
Philippe Maxence, Réenchantement du monde: une introduction à Chesterton, Editions Ad solem, 2004.
Le distributisme
Dévelopée par Hilaire Belloc et Chesterton, au carrefour de pensées issues du monde rural, de certains socialistes et de la doctrine sociale de l'Eglise catholique, cette théorie est centrée sur l'hypothèse suivante : une société stable et bien ordonnée repose sur une distribution correcte de la propriété. Etant donné que la propriété est la base même de laquelle découlent tous les autres droits (qui ne servent à rien si l'on est trop pauvre ou dépendant pour les exercer), il s'ensuit qu'une société démocratique et ordonnée doit à la fois empêcher la concentration de trop de propriété entre les mains de quelques uns et empêcher la création de larges franges de citoyens pauvres (ou dépendant de l'Etat).