Essentiel
La notion d'évolution a pris une importance telle qu'elle s'est substituée à l'idée de bien et de mal. Le mal c'est désormais, pour la majorité des gens, ce qui se trouve au bas de l'échelle de l'évolution; le bien c'est ce qui se trouve au sommet.
Parce qu'elle a de tels prolongements dans l'ordre moral, la théorie de l'évolution est donc plus qu'un quelconque chapitre de l'histoire des sciences de la vie. Substituer l'idée d'évolution à l'idée de bien ou de mal équivaut à soutenir que l'évolution des espèces végétales et animales se prolonge par l'évolution de l'espèce humaine. En est-il bien ici? Connaissons-nous assez bien les mécanismes de l'une et de l'autre de ces évolutions pour pouvoir les comparer?
Enjeux
Pour de nombreux scientifiques, c'est l'homme qui désormais doit devenir le maître de l'évolution. Notamment en créant une nouvelle espèce supérieure à l'homme, à l'aide des nouvelles technologies de la vie et de l'information. « Selon Danny Hillis, concepteur de la Connection Machine et président de Thinking machine inc., les Mind Machines constituent une nouvelle espèce : la machina sapiens qui devrait rivaliser quelque temps avec l’homo sapiens pour ensuite le dépasser. Hillis pressent le mépris qu’il inspirera à ses descendants robotiques. « Je veux, dit-il, faire une machine qui sera fière de moi. [...] Si je pouvais me fabriquer un nouveau corps qui durerait 10 000 ans, je le ferais immédiatement ! » (Cité dans NOBLE, David F., The religion of Technology, New York, Knopf, 1997.)
Edward Fredkin déclare de son côté que « l’intelligence artificielle est la prochaine étape de l’évolution. Le premier grand événement, poursuit-il, a été la création de l’univers lui-même, le second, la création de la vie, et le troisième, la création de l’intelligence artificielle. (cité par Janice G. Raymond in Women as Wombs, San Francisco, Harper 1993 )