Husserl Edmund

1859-1938
Édith Stein découvrit la philosophie de Husserl dans le second tome des Recherches logiquesque lui avait conseillé un professeur. Une découverte qui fut une illumination au point de la décider à s'établir à Gottingen et à s'y inscrire au cours de Husserl qui lui parut " le philosophe, le maître incontesté de notre temps. « Tous les jeunes phénoménologues étaient avant tout et délibérément des réalistes. Les Recherches logiques nous semblaient constituer une nouvelle scolastique... la connaissance nous apparaissait comme une faculté rénovée. » Plus tard, à la lumière d'autres philosophes et de certains penseurs mystiques, dont saint Thomas et Thérèse d'Avila, elle porta sur la philosophie de Husserl le jugement que voici, tout en conservant ses liens d'amitié avec son ancien maître:

«La voie de la phénoménologie transcendantale, dit-elle, a abouti à mettre au point de départ et au centre de la recherche philosophique le sujet humain. Toutes choses sont référées au sujet. Le monde, qui se construit dans les actes du sujet, reste toujours un monde pour le sujet. Impossible, par cette voie - et c'est l'objection constante que faisaient au fondateur de la phénoménologie le cercle de ses élèves - de parvenir de sortir de la sphère de l'immanence pour retrouver cette objectivité de laquelle il était pourtant parti et qu'il importait de garantir: impossible de retrouver une vérité et une réalité exempte de toute relativité subjective. Jamais l'intellect qui cherche la vérité ne se satisfera de la transposition qui résulte de la recherche transcendantale, et qui consiste à identifier l'existence avec un processus d'auto-manifestation de la conscience. Et cette transposition - avant tout parce qu'elle relativise Dieu lui-même - est en contradiction avec la foi. Nous touchons ici à l'opposition la plus tranchante qui sépare la phénoménologie et la philosophie catholique: d'une part l'orientation est théocentrique; d'autre part elle est égocentrique.»
Source:L'excellente biographie d'Édith Stein 1891-1942par Élisabeth de Miribel. Préface de H.-I Marrou, Éditions du Seuil, Paris, 1954.

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