Rimbaud Arthur

20 / 10 / 1854-10 / 11 / 1891

Rimbaud mystique (Isabelle Rimbaud)

«Arthur avait écrit dans la Saison en Enfer: "Je ne me crois pas embarqué pour une noce avec Jésus-Christ pour beau-père. Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J'ai dit: Dieu. Je veux la liberté dans le salut." Cela est clair. Son âme est à Dieu, mais sa chair repousse encore le joug de l'Eglise, qui n'admet pas le salut hors d'elle. C'est de l'hérésie, peut-être; mais il n'en demeure pas moins que, vis-à-vis de l'Église catholique, Rimbaud fut, aux tournants de la vie comme à l'approche de la mort, l'enfant prodigue qui se réfugie d'instinct près de sa mère; car ce "voleur de feu", ce garrotteur de soleil demeura toujours, malgré lui et malgré tout, le fils de son baptême. "Pourquoi — s'écrie-t-il dans les brouillons de la Saison en Enfer — a-t-on semé une foi pareille dans mon esprit! Oh, l'idée du baptême. Il y en a qui ont vécu mal, qui vivent mal et qui ne sentent rien! C'est mon baptême et ma faiblesse dont je suis esclave!"

Que penser de cris pareils? Est-il possible de douter de l'invincible foi de celui qui les a poussés? Et ne marquent-ils point, en même temps, toute la violence du combat, dans la souffrance, qui se livrait en cet esprit révolté?

En définitive, et pour essayer de ramasser en une formule les aperçus que mon inexpérience d'écrire m'a sans doute empêchée d'exprimer bien clairement, je dirai: Rimbaud, malgré qu'il se soit aventuré aux sphères interdites, malgré qu'il ait mangé le fruit défendu, ne s'est pas damné. Il a toujours su fuir à temps le grand péril. Je dirai même que d'avoir violé les cimes l'a confirmé dans sa mission providentielle, laquelle fut, comme cela éclate aujourd'hui, de pousser les âmes d'élite vers Dieu. Et j'ai la conviction absolue qu'il entrait aussi dans les desseins d'En-Haut que cet élu se vêtît sur la terre des oripeaux de l'incroyance, afin de mieux prouver aux hommes l'inanité de leurs révoltes contre la Puissance Éternelle.»

ISABELLE RIMBAUD, "Rimbaud mystique", Le Mercure de France, Paris, juin 1914, p. 712-713 (texte intégral)

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