Beauchemin Yves
Dans Du sommet d'un arbre, Beauchemin se rémémore son enfance à Clova: «Ma mère m'avait inoculé le virus de la lecture. [...] Je dévorais tout avec un appétit de requin, à mille milles des savanes et des forêts de sapins, des dédales de lacs et de rivières, des parties de base-ball sur la grand-rue recouverte d'un sable poudreux... J'étais sourd à tout ce qui n'était pas cette voix intérieure qui faisait apparaître dans mon esprit des images si intenses et si vives...».
S'il revient dans une série de nouvelles publiées en 2001 (Une nuit à l'hôtel) sur son Abitibi natale, et que les péripéties de ses romans nous conduisent aux quatre coins du Québec, l'oeuvre de Beauchemin est avant tout une littérature urbaine, une littérature montréalaise. Découvrant Montréal en 1962, il est tombé amoureux de la ville: «La ville, ce gros livre aux pages salies et déchirées, que je n'aurai jamais fini d'apprendre, toujours en train de se modifier, hideux et admirable, rempli de contradictions comme la vie elle-même.» Après Le Matou, suivront trois autres romans dont Montréal fourni la scène en arrière-plan: Juliette Pomerleau (1989) qui connaîtra un succès presque aussi considérable que le roman précédent et qui sera également porté à l'écran; le Second Violon (1996); et Les émois d'un marchand de café (1999).
La critique a souligné l'imagination rabelaisienne de Beauchemin, ses qualités de narrateur, habile à ficeler des histoires qui tiennent les lecteurs accrochés à ses romans, mais aussi son écriture sobre où transparaît une recherche de concision, une grande richesse de vocabulaire, qui ont fait dire à certains critiques qu'il était un de nos plus «grands défenseurs de la langue française».