Steppe

"On nomme Steppes les vastes plaines qui constituent la majeure partie de la Russie méridionale, de l’Asie orientale et de l’Asie centrale; ces dernières forment, depuis un temps immémorial, la patrie des peuples nomades. Les cours d’eau y sont rares, presque toujours encaissés au fond de ravins étroits; le sol et le climat ne comportent guère la croissance des arbres; ces régions sont exposées sans défense aux agents météorologiques et sont difficilement habitables durant les sécheresses de l’été et les froids de l’hiver. Les nomades qui les parcourent incessamment doivent donc momentanément se retirer dans quelques districts mieux abrités que les autres, et surtout près des montagnes qui y confinent ça et là. En revance, il s’y développe au printemps une luxuriante végétation de plantes herbacées appartenant aux genres poa, phleum, bromus, stipa, holcus, festuca, avena, veronica, salvia, lepidium, trifolium, melilotus, medicago, vicia, ervum, astragalus, etc. Au mois de juin, lorsque le vent agite ces grandes herbes, où les chevaux, les bœufs, les chameaux eux-mêmes sont à demi plongés, la steppe ressemble à un océan de fleurs et de verdure. Cette comparaison, qui se trouve depuis des siècles dans la poésie de ces peuples, se présente tout d’abord à la pensée du voyageur. La vue des steppes asiatiques en cette saison est un des plus grands spectacles naturels dont il soit donné à l’homme de jouir."

source : Frédéric Le Play, «17. Sur la constitution physique des steppes habitées par les nomades soumis à la Russie», dans Les ouvriers européens. Tome deuxième: Les Ouvriers de l'Orient et leurs essaims de la Méditerranée, populations soumises à la tradition... le décalogue éternel, la famille patriarcale et les productions spontanées du sol, Tours, Alfred Mame et fils, 1877, p. 35

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