Gaufre

Gateau mince, léger, rayonné d’alvéoles comme le gâteau à miel des abeilles. Les gaufres belges sont aujourd’hui particulièrement réputées.

«On confectionne la gaufre avec une pâte composée de farine, de beurre, d’œufs, de lait, de sel, en diverses proportions; cette pâte, réduite en bouillie claire, est additionnée de quelques cuillerées de vin blanc ou d’eau-de-vie, puis aromatisée avec du citron, de l’eau de fleur d’oranger ou de la vanille. Le gaufrier ou moule nécessaire à la cuisson est un fer carré, à double mâchoires, qui s’ouvre et se ferme à l’aide de deux tiges du même métal […]. Pour être bien réussie, il faut qu’elle soit dorée, croustillante à l’extérieur, moelleuse à l’intérieur; elle doit être mangée chaude.

C’est une [des pâtisseries françaises] les plus populaires et les plus anciennes. Déjà mentionnée dans le Livre des métiers d’Étienne Boileau, elle est certainement bien antérieure au siècle de saint Louis. Fabriquée par les oublieurs, qui l’appelaient oublie de supplication, elle rentre en effet dans la catégorie des oublies, également frappées au moule, mais plus minces, tout à fait sèches et friables. On la criait dans les rues; les dimanches et les jours de fêtes, les marchands de gaufres installaient leur matériel dans les églises. François Ier avait un faible pour cette friandise, dont la confection et la vente furent réglementées par Charles IX; ainsi la distance minimun entre chaque fourneau fut fixée à 12 pieds.

Les gaufres se faisaient aussi […] dans les ménages. On ne les oubliait guère dans les ducasses et les kermesses flamandes et hollandaises. Maint tableau, mainte estampe nous montre, au pays des Ostade et des Téniers, la ménagère, armée du gaufrier, au milieu des buveurs en liesse. Voici la légende d’une pièce signée Jerome Bos et datée de 1567 :
    Masquers entrez laisses ce gras grouleur
    Bien soies venus à notre ducasse.
    Chantez, jouez, la vieille de bon cœur
    Nous faict les gauffres assez bien grasse
    Buvons ceste malvoisi garbe,
    Cependant qu’au sot on fait la barbe.
La popularité de la gaufre n’est pas près de finir; [en France, à la fin du XIXe siècle,]des spécialistes, installés en plein air ou abrités sous des auvents, l’offrent, encore toute chaude, aux promeneurs, tandis que d’autres la font circuler sur des plateaux ou dans des corbeilles. Les Tuileries, les Champs-Élysées, le Luxembourg et autres lieux fréquentés par les enfants ont leurs débits de gaufres aussi bien que les champs de foire des fêtes rurales.

source: article «Gaufre» de La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus [et al.]. Réimpression non datée de l'éd. de 1885-1902. Paris, H. Lamirault, [191-?]. Tome dix-huitième (Franco-Gonon), p. 604-605.

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