Sur l’abandon du néoplatonisme par Pic de la Mirandole : un échange épistolaire

Raymond Klibansky

Deux grands esprits dialoguent autour de Pic de la Mirandole, du néoplatonisme et de l’aristotélisme.

Afin d'en apprendre davantage sur Raymond Klibansky, on peut regarder ce beau documentaire sur le site de l'Office national du film du Canada.

Lettre de Raymond Klibansky, 11 juin 1985 (extrait)

Raymond Klibansky. Source : ONF (capture d'écran)


« [D]e retour à Montréal, J'y ai trouvé les tirés-à-part de vos études sur Pic de la Mirandole, que vous avez bien voulu m'envoyer. Je les ai lus avec un grand intérêt; je vous en remercie vivement.

(...)

Vous faites bien de rejeter les interprétations courantes. Quant à la notion d'une rupture radicale entre une orientation néoplatonicienne et une vision empiriste postérieure, avez-vous attaché suffisamment de poids au témoignage de Nifo et aux autres textes, surtout à la belle lettre à Ermolao Barbaro -- textes cités dans mes pages sur Pic, "Plato's Parmenides in the Middle Ages", dans la nouvelle édition de The Continuity of the Platonic Tradition in the Middle Ages, together with Plato's Parmenides in the Middle Age and the Renaissance, seconde partie, pp. 35-44, Kraus International Publications, Munich, 1981; et Millwood, New York-London, 1982 ?

J'ai bien goûté votre remarque sur la récente traduction du Prince de Machiavel. »


Réponse de Louis Valcke, 3 septembre 1985 (extrait)

« Rentrant moi-même d'Europe, c'est avec un grand retard que j'ai pris connaissance de votre aimable lettre datée du 11 juin. Je vous en remercie, comme de l'intérêt dont elle témoigne par les remarques judicieuses qu'elle contient.

En effet, dans les quelques articles que j'ai publiés sur Pic, j'insistais sur le changement de perspective qui distingue la période de l'Oratio, de celle des Disputationes, le point tournant se situant au De ente. Il s'agit là d'un abandon, relatif, du néoplatonisme en faveur d'un aristotélisme plus classique.

En fait, ce tournant ne témoigne pas réellement d'une orientation nouvelle dans la pensée de Pic; au contraire, il revient à ses conceptions premières, celles qu'il exposait dans sa lettre à Erm. Barbaro ainsi que dans celle adressée à Laurent le Magnifique.

Je ferai d'ailleurs une communication sur ce thème lors de la prochaine P.M.R. Conference à Villanova.

Je connais, bien entendu, votre étude sur le continuité de la tradition platonicienne. Elle permet d'ailleurs de mettre en plus juste perspective le néoplatonisme florentin.»




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