Trump pratique sa propre forme de maoïsme : une révolution culturelle contre l'intelligentsia

Pour les conservateurs radicaux, le programme de Trump n'est qu'une juste riposte à la tentative de main-mise sur le gouvernement par l'élite formée dans les universités au cours des dernières décennies. Musk ne veut rien moins que remplacer tous les fonctionnaires d'état par l'IA. Scott Bessent ironise en disant que les fonctionnaires au chômage pourront trouver du travail dans les nouvelles usines que la guerre tarifaire va ramener au pays. À l'instar de la révolution culturelle chinoise, les partisans du MAGA glorifient le travail physique en tant que purification morale.

«Il ne s'agit pas de créer des emplois. Il s'agit de créer des vibrations : des hommes forts qui font des choses difficiles, partagées à nouveau jusqu'à ce qu'elles deviennent une idéologie. Comme l'a dit un influenceur de MAGA, "les hommes en Amérique n'ont pas besoin de thérapie. Les hommes en Amérique ont besoin de tarifs et de DOGE. Les faux emplois par courriel disparaîtront."» ( Washington Post). Lire également le texte de Franklin Foer dans The Atlantic.

Élections fédérales 2025: le Canada sur la voie du parti unique

Au lendemain des élections fédérales qui ont vu le parti libéral mené par le banquier Marc Carney l'emporter, contre toute attente, sur le parti conservateur donné favori jusqu'à l'élection de Trump, le rédacteur en chef de Libre-Média, Jérôme Blanchet-Gravel, constate que cette victoire ressemble à un véritable cadenassage politique qui rapproche le Canada d'un système de parti unique:
 

« Le Canada aime croire à sa pureté morale, mais reproduit sensiblement les mêmes mécanismes d’exclusion et de contrôle de la pensée qu’il condamne ailleurs.
Le PLC ressemble de plus en plus au PRI du Mexique (Parti révolutionnaire institutionnel), ce parti qui a gouverné sans interruption pendant plus de 70 ans en contrôlant les médias, les institutions et la fonction publique, tout en maintenant maladroitement l’illusion d’une démocratie ouverte.
D’ailleurs, le seul fait que pratiquement personne n’a semblé croire à une victoire conservatrice après 10 ans de règne libéral illustre le degré de programmation des Canadiens, captifs d’un écosystème verrouillé médiatiquement, idéologiquement et institutionnellement.
Le Canada est tellement rendu ennuyeux et prévisible que la possibilité même du rebondissement est exclue de son imaginaire. »


À lire sur Libre-Média.

 

Mort du pape François

Le monde entier s'est réveillé ce matin, 21 avril 2025, en apprenant la triste nouvelle du décès du pape François. Les hommages et analyses de son pontificat n'ont pas tardé à paraître. Voici quelques extraits d'articles qui ont retenu notre attention :

The Bulwark : un pape qui prêchait la décence en des temps d'indécence

Joe Perticone, l'auteur de ce texte publié dans The Bulwark, une publication conservatrice, anti-trump, était à Rome au moment où la nouvelle de la mort du pape a commencé à circuler.

[Extraits]
François a violemment critiqué les conservateurs qui, au sein de l'Église et au-delà, cherchaient à ignorer ou à rejeter les pauvres, les criminels et les migrants. Même lors de l'une de ses dernières apparitions publiques, au cours de laquelle il a dirigé les stations de la croix le vendredi saint, François a clairement exprimé son mépris pour les dirigeants et les cultures qui refusent de tendre une main secourable aux plus vulnérables de la société.

« Les bâtisseurs de Babel d'aujourd'hui nous disent qu'il n'y a pas de place pour les perdants, et que ceux qui tombent en chemin sont des perdants », a-t-il déclaré. "Leur chantier est celui de l'enfer.

C'était un homme décent en des temps indécents. Sa voix, en ce moment délicat, sera difficile à remplacer.
The Bulwark: Requiescat in Pace, un texte de Joe Perticone

L'Express : François et Trump

[Extraits]
« John Carr, fondateur du programme Pensée sociale catholique et vie publique à l’université Georgetown, une institution jésuite, commente auprès de l’AFP : "Il est impossible d’imaginer deux dirigeants mondiaux plus différents l’un de l’autre que Trump et François, dans tous les domaines - l’égocentrisme contre l’humilité, l’intérêt pour les pauvres contre l’intérêt pour le pouvoir […] Et cela se voit dans la réponse tiède de la Maison-Blanche à sa mort."»
François, qui avait reçu Donald Trump au Vatican lors de son premier mandat en 2017 pour une entrevue d’une demi-heure, l’avait déjà critiqué pour ses positions anti-migrants. »
«[...] le ton adopté par le pape envers Donald Trump était sensiblement différent de celui qu’il avait à l’égard de l’ancien président Barack Obama. "La relation entre Obama et François symbolisait ce que de nombreux progressistes considéraient comme l’avènement d’une ère progressiste sur la scène mondiale", souligne le New York TimesL'Express

The Atlantic : l'héritage du pape François

[Extraits]
Au début de son pontificat, François a fait une déclaration qui semble aujourd'hui prophétique : « Je veux semer le désordre ».

François n'est pas venu apporter la paix, mais une épée. Au nom de qui a-t-elle été brandie ?

[...] Ceux qui attendaient de François un pape « libéral » ont été déçus. L'un après l'autre, leurs espoirs - l'ordination de femmes à la prêtrise ou même au diaconat, l'approbation de la contraception, la fin de l'enseignement selon lequel les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont des « actes de grave dépravation » - ont été anéantis. De leur côté, les conservateurs n'étaient pas davantage rassurés. Même à la fin de son pontificat, leurs pires craintes n'ont pas été apaisées.

[...] François a toujours été une énigme, déconcertant pour les observateurs catholiques et laïques. Cela était vrai même au niveau de sa personnalité. Les deux papes, un mauvais film sur une rencontre hypothétique entre François et son prédécesseur, le pape Benoît XVI, repose sur le contraste entre l'intellectuel allemand austère dont la principale détente était de jouer du Schumann au piano et l'homme du peuple hispanique à l'esprit libre qui s'extasiait devant les Beatles.
C'était un pur non-sens. En littérature, en musique et en art, les goûts de François étaient tout sauf populistes ; son imagination était plus profondément imprégnée de l'esprit du romantisme allemand que celle de Benoît. Il appréciait la difficulté et l'idiosyncrasie pour elles-mêmes, et admirait des artistes et des philosophes réputés inaccessibles. L'un de ses chefs d'orchestre préférés était Wilhelm Furtwängler [...] Son poète préféré était réputé être Hölderlin, ce mystique impénétrable pour qui les dieux païens étaient des personnages réels plutôt que des symboles. Dans ses réflexions sur la technologie, la principale influence de François semble avoir été Heidegger.
The Atlantic: The Real Legacy of Pope Francis, par Matthew Walter

 

Le Devoir : qui succèdera au "pape du nouveau monde"

 

[Extraits]
Le pape François a nommé 83 cardinaux qui voteront pour élire son successeur, sur un total de 132. Il a de ce fait donné sa bénédiction à près des deux tiers de ces électeurs, la proportion nécessaire pour élire un nouveau pape. La révolution progressiste de ce pape hors norme se poursuivra donc peut-être après sa mort.

C’est du moins ce qu’anticipe Catherine E. Clifford, professeure de théologie à l’Université Saint-Paul. « Il serait difficile, pour un successeur, de reprendre les habitudes d’une autre ère », explique-t-elle au Devoir. Une majorité des cardinaux ayant le droit de vote partagerait d’ailleurs les valeur du pape sortant, selon elle. « François avait compris [...] qu’il faut un visage beaucoup plus humble pour l’Église toute entière. Le leadership de l’Église, dans l’avenir, devrait être beaucoup plus proche du peuple et des gens “simples”. »

L’identité du prochaine pape sera connus à l’issue du conclave, qui débutera dans les deux ou trois prochaines semaine. « C’est très important d’avoir un pape qui vient du sud de l’équateur, parce que c’est là que réside la majorité des catholiques aujourd’hui », observe Mme Clifford.
Le Devoir, par Jean-Louis Bordeleau et Alex Fontaine

Mario Vargas Llosa, une des dernières incarnations du grand écrivain international

«À 89 ans, Mario Vargas Llosa était l’une des dernières incarnations du grand écrivain international. Prix Nobel de littérature en 2010, troisième auteur latino-américain après Borges et Octavio Paz à entrer dans la prestigieuse collection de la Pléiade, mais de son vivant, légende de plusieurs continents, écrivain prolifique autant que figure politique, cosmopolite de vocation et francophile de coeur, élu à l’Académie française en 2021.» Le Point lui rend hommage dans ce portrait de l'un des derniers géants de la littérature et ressort des archives des extraits des nombreuses entrevues accordées au magazine au fil des années.

Dans Le Devoir, un commentateur évoque la figure d'un géant à deux têtes, un être bicéphale qui « ne cesse de se contredire sur les questions fondamentales et dont l’œuvre est un spectaculaire démenti de ce qu’il affirmait publiquement ». Tout en reconnaissant à Vargas Llosa le droit de se défendre: « L’une des fonctions qui m’avait semblé la plus importante de ma vocation, la littérature, c’est précisément d’être une forme de résistance au pouvoir, une activité depuis laquelle tous les pouvoirs pouvaient être en permanence remis en question, la bonne littérature montrant toujours les insuffisances de la vie, les limites de tout pouvoir à combler les aspirations humaines. »

Le Wall Street Journal souligne sa disparition en s'intéressant en particulier aux contours politiques de cet écrivain, marxiste pendant la révolution cubaine, puis défenseur du libre marché, qui s'est présenté à l'élection présidentielle dans son pays natal, le Pérou, et qui a écrit «des romans saisissants explorant les thèmes du despotisme, de la corruption et du fanatisme en Amérique latine.»

Pâques et le renouveau chrétien

Dans le cadre d'un entretien avec Jean de Saint-Cheron, directeur du cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris et écrivain, Le Figaro rapporte que «[...] plus de 10 000 adultes, plus de 7 000 adolescents ont été baptisés dans la nuit de Pâques, les chiffres s’envolent depuis trois ans. [...] Tout cela semble correspondre à une dynamique de fond, qu’il semble difficile de séparer d’une authentique quête de sens. »

«Malgré leur addiction aux réseaux sociaux, les adolescents et vingtenaires d’aujourd’hui sont peut-être moins matérialistes que leurs parents, et davantage ouverts à la transcendance. »

«Chaque conversion est l’histoire d’une rencontre. Un peu comme dans ce récit étonnant de la philosophe Simone Weil : " Dans mes raisonnements sur l’insolubilité du problème de Dieu, je n’avais pas prévu la possibilité de cela, d’un contact réel, de personne à personne, ici-bas, entre un être humain et Dieu. J’avais vaguement entendu parler de choses de ce genre, mais je n’y avais jamais cru. Dans les Fioretti les histoires d’apparition me rebutaient plutôt qu’autre chose, comme les miracles dans l’Évangile. D’ailleurs dans cette soudaine emprise du Christ sur moi, ni les sens ni l’imagination n’ont eu aucune part ; j’ai seulement senti à travers la souffrance la présence d’un amour analogue à celui qu’on lit dans le sourire d’un visage aimé."»

Les 12 travaux géopolitiques du prochain pape

Le journal La Croix publie ce 8 mai une tribune libre du rédacteur en chef de Revue Défense Nationale, le général Jérôme Pellistrandi:

« L’image encore fraîche de Donald Trump et Volodymyr Zelensky assis face à face pour un entretien inédit lors de la messe de funérailles du pape François a démontré que le Vatican était un acteur de la géopolitique mondiale avec une approche qui lui est spécifique. Et de fait, le prochain pape sera – qu’il le veuille ou non – une des grandes figures de la planète et il aura à donner sa vision géopolitique du monde avec de nombreux dossiers sur son bureau, à commencer par les guerres.
[...] le futur pape aura à affronter le retour du rapport de force comme moyen de régulation des relations internationales, de l’usage accru de la guerre pour contrôler de nouveaux territoires, de la remise en cause du droit international mis désormais à rude épreuve par les nouveaux empires avides de puissance, de force, de brutalité et de richesses pillées. »