Abeille

Insecte social hyménoptère (apidés), dit mouche à miel, vivant en colonie et produisant la cire et le miel.

«Types d'abeilles

Il y a de nombreux types d'abeilles différentes. La plupart des abeilles sont solitaires, mais certaines vivent en société. Celles-ci vivent ensemble en colonies et le travail est réparti entre les individus.

L'habitude qu'ont les abeilles d'aller de fleur en fleur font des abeilles des agents de pollinisation importants. Toutes les abeilles recueillent le nectar et le pollen des fleurs, mais seulement quelques-unes parmi les abeilles sociales stockent le nectar sous forme de miel. Parmi celles qui stockent du miel, il y a encore moins d'espèces qui le stockent en quantité suffisante pour que l'effort de récolter le miel en vaille la peine.

Bien que certaines abeilles "sans dard" soient volées de leur miel dans les régions tropicales, les abeilles du genre Apis, les véritables mouches à miel, sont les principales productrices de miel et d'autres produits de la ruche. Apis mellifera, l'abeille domestique occidentale, a été introduite dans la plupart des régions du monde pour l'apiculture.

Abeilles sans dard

Dans les régions tropicales, certaines espèces d'abeilles sans dard - notamment la Trigona et la Melipona - sont dérobées de leur miel. Toutes ces abeilles construisent leurs nids dans des cavités. Bien que ces abeilles ne piquent pas, elles défendent leur colonie en mordant l'intrus. Certaines sécrètent des substances irritantes avec leur morsure.

Le rayon à couvain des abeilles sans dard se compose d'une alvéole épaisse et en général horizontale. Ces abeilles stockent le miel dans des pots en cire de la taille d'un dé à coudre disposés autour du lieu de ponte du nid. Dans certaines régions, ces abeilles sans dard vivent dans des gourdes, des pots en terre, ou des bûches creuses.
On récolte le miel en ouvrant la cavité du nid et en enlevant les pots de miel. Le rapport est peu élevé et la vente n'est valable qu'au niveau local. Un tel miel est souvent fort apprécié localement comme médicament. (...)

L'Apis: La véritable mouche à miel

Le genre Apis comprend quatre espèces - trois sont originaires d'Asie et l'autre de la région euro-africaine. Elles sont toutes semblables en apparence, quoique leur couleur et leur taille varient. Elles construisent toutes des rayons verticaux qui ont deux alvéoles d'épaisseur.

La mouche à miel géante ou abeille de rocher (Apis dorsata) et la petite mouche à miel (A. florea) se trouvent en Asie. Ces deux espèces construisent un nid exposé composé d'un seul rayon. On voit souvent les nids qui pendent des branches des arbres, des toits, ou des plafonds. Les abeilles adultes sont suspendues en rideaux autour du nid pour contrôler les conditions de celui-ci. Les rayons à couvain et à miel sont dans le même rayon - le couvain dans la partie inférieure et le miel dans la partie supérieure.

Dans certaines régions on a trouvé un moyen permettant d'enlever du rayon la partie réservée au miel et de rattacher la partie couvain; c'est ainsi que l'on pratique le maintien des abeilles avec ces espèces. Les rapports sont souvent suffisamment élevés (en particulier avec l'A. dorsata ) pour que l'effort en vaille la peine pour le fermier.

On ne connaît pas de meilleurs méthodes apicoles que celle qui sont pratiquées actuellement avec ces abeilles. Le comportement de ces deux espèces est imprévisible, et elles ne veulent pas vivre à l'intérieur d'une ruche. La mouche à miel géante est particulièrement sur la défensive dans son nid. De ce fait, le potentiel de développement dans le maniement de ces espèces est limité, quoiqu'il y ait souvent la possibilité d'améliorer la qualité du miel en prenant plus de précaution au moment de la manipulation.

Deux autres espèces d'Apis (mellifera et cerana) construisent normalement des nids à rayons multiples dans des cavités fermées. Ces abeilles peuvent être gardées dans des ruches et on a trouvé des méthodes permettant une utilisation plus rationnelle de leur potentiel. C'est avec ces deux espèces que le potentiel de développement de l'apiculture réside.

Traits souhaitables chez les abeilles pour l'apiculture
- Production de miel élevée
- Douceur
- Faible tendance à essaimer
- Faible tendance à la désertion
- Calme dans les rayons quand la colonie est manipulée
- Résistance aux maladies
- Faible utilisation de la propolis
- Peu d'élevage de couvain pendant les périodes de disette pour conserver les réserves
L'abeille domestique occidentale (Apis mellifera) est originaire de l'Asie de l'ouest, d'Europe et d'Afrique. Elle présente d'énormes variations à travers les territoires qu'elle couvre et on reconnaît au moins vingt sous-espèces différentes ou "variétés" divisées dans les grandes lignes en groupes européens et africains. Plusieurs de ces variétés sont considérées particulièrement désirables pour l'apiculture.

Les variétés européennes de l'abeille domestique occidentale ont été introduites dans la plupart des parties du monde, y compris les Amériques, l'Australie, et l'Asie. Cette abeille a été étudiée intensément à la fois du point de vue strictement biologique et de l'élevage. Dans de bonnes conditions, les variétés souhaitables construisent de vastes colonies et produisent des excédents importants de miel. Des rapports de 100 kg/an ou mieux sont réalisables dans des conditions optimales.

La mouche à miel occidentale offre un énorme potentiel pour le développement de l'apiculture. En plus des récoltes de miel élevées, sa capacité à survivre dans les conditions les plus varices et sa disponibilité due aux introductions antérieures ou aux populations d'origine, sont des caractéristiques qui ont rendu cette abeille recherchée en l'apiculture. C'est également pour ces raisons que ce manuel est concentré sur l'abeille domestique occidentale.

L'abeille domestique orientale ou indienne (Apis cerana, anciennement A.indica) est originaire d'Asie. L'apiculture a été développée avec cette abeille dans différentes régions d'Asie, car elle est facile à mettre en ruche dans des pots fabriqués par l'homme. Les récoltes de miel s'élèvent jusqu'à 15 - 20 kg/an dans certaines régions, mais la moyenne est nettement inférieure.

L'abeille domestique orientale varie énormément à travers son territoire et peu de choses ont été réalisées en vue de sélectionner des races plus désirables du point de vue de l'apiculture. Les techniques utilisées avec cette abeille sont semblables à celles utilisées avec l'abeille domestique occidentale, quoique les ruches utilisées soient plus petites.

Le développement de l'apiculture sur une petite échelle, en utilisant l'abeille domestique orientale, mérite l'attention dans son pays d'origine. Quoique les récoltes soient considérablement inférieures à celles de l'abeille domestique occidentale, elle a l'avantage de bien s'adapter à la région. Elle est plus résistante à certaines des maladies et des parasites de la région. Donc, elle est davantage capable de survivre dans des conditions de maniement minimales qui souvent caractérisent l'apiculture au niveau du petit exploitant.

Ces dernières années, un effort a été entrepris en Asie pour remplacer l'abeille orientale par des races européennes de l'abeille occidentale. Cela a eu du succès uniquement dans les régions tempérées et seulement dans le cas d'opérations de grande envergure nécessitant un capital important, où la technologie est disponible pour contrôler les maladies et les parasites des variétés européennes. Pour un effort de développement de petite envergure, considérez les conditions probables d'élevage dans le choix d'une espèce.

L'importation d'abeilles est souvent chargée de problèmes. L'importation d'abeilles pour un projet de petite envergure rend souvent les gens dépendants de la source extérieure. Ils ne se rendent pas comptent qu'il y a une ressource apicole disponible localement pas plus qu'ils ne sont motivés pour l'utiliser.

Les abeilles importées ne sont pas adaptées aux régions dans lesquelles elles sont introduites. Ceci est particulièrement vrai pour les introductions de races européennes des régions tempérées dans les régions tropicales.

L'importation d'abeilles risque aussi d'introduire des maladies apicoles exotiques et des parasites. Des exemples tragiques de cela se sont produits ces dernières années en Europe et en Amérique du sud avec l'introduction de la Varroa, une bactérie parasite de la mouche à miel.

Le problème le plus notable de l'importation d'abeilles non contrôlée est survenu au Brésil en 1956. L'industrie apicole à base d'espèces européennes de l'abeille occidentale était solidement ancrée dans de nombreuses régions tempérées d'Amérique du sud. Des abeilles africaines furent importées au Brésil pour tenter d'établir une industrie dans certaines des régions plus tropicales. Certaines de ces abeilles se sont échappées par accident et se sont établies. Elles ont continué à étendre leur territoire dans les basses terres tropicales, et dans la plupart des cas elles ont en fait supplanté les abeilles européennes exitantes.

L'établissement d'abeilles africaines en Amérique tropicale a provoqué un grand éclatement au sein de l'industrie de l'apiculture. L'abeille africaine est reconnue pour son côté agressif et imprévisible. Ce sont des caractéristiques considérées comme non souhaitables du point de vue de l'apiculteur. Dans certains cas des personnes et des animaux de ferme qui se trouvaient à proximité ont été mortellement piqués. Il a été difficile pour les apiculteurs de s'adapter au nombre sans cesse croissant de piqûres accidentelles et au maniement difficile de cette abeille. Il est généralement nécessaire de déplacer les ruches loin des régions habitées quand les abeilles deviennent "africanisées" par croisement avec des colonies sauvages.

D'autre part, l'abeille africaine s'accommode souvent mieux à une apiculture nécessitant moins de manipulation que l'abeille européenne. Les petits exploitants qui veulent se lancer dans l'apiculture ont une source d'abeilles peu coûteuse en utilisant les colonies sauvages de l'abeille africaine. De telles colonies sont courantes dans les régions où on la trouve, du fait que l'abeille africaine soit adaptée pour vivre dans les régions tropicales. (...)

Le cycle de vie de la mouche à miel

La mouche à miel est un insecte à métamorphose complète. Cela signifie qu'il y a quatre stades distincts dans son cycle de vie - l'oeuf, la larve, la nymphe, et l'adulte.

Les trois premiers stades se développent à l'intérieur des alvéoles, dans les rayons et reçoivent collectivement le nom de couvain. Les oeufs et les larves sont dans des alvéoles non fermées et sont soignés par les ouvrières adultes. Ces trois stades s'appellent le couvain ouvert ou non operculé.

Après l'éclosion des oeufs, les ouvrières nourrissent continuellement la larve qui se développe. Quand la larve approche de la fin de sa période larvaire, elle engloutit la nourriture apportée par les ouvrières, et celles-ci scellent l'alvéole. C'est le couvain operculé ou scellé.

Une fois que l'alvéole est operculée, la larve se transforme en nymphe. Elle ne se nourrit pas durant cette période. La nymphe se transforme en adulte qui émerge toute seule de l'alvéole

Les castes

L'abeille est un insecte social avec trois différents types d'individus ou castes dans la colonie - les reines, les faux-bourdons et les ouvrières. Chaque caste assume une fonction qui lui est propre dans la colonie. La reine et les ouvrières sont des femelles, les faux-bourdons sont des mâles.





Chaque caste a une période de développement différente et est élevée dans un type d'alvéole distinct. La période de développement d'une reine, 16 jours, est la plus courte. Elle est élevée dans une alvéole royale construite spécialement, la cellule de la reine. Les cellules de reine ressemblent à des cosses de cacahuètes suspendues à la surface du rayon. On les trouve le long des rayons ou dans la région de ceux-ci. La colonie construit des cellules de reine quand il est nécessaire d'élever des reines, quoique parfois la construction commence et est abandonnée. C'est ce qu'on appelle de faux calices de reine.

La larve royale en développement est toujours entourée de gelée royale, une nourriture extrêmement nutritive produite par les glandes de la tête des ouvrières. Ce schéma d'alimentation appelé alimentation en masse est particulier à la reine et se poursuit pendant toute la période de son développement.

Toutes les jeunes larves de moins de deux jours sont nourries à la gelée royale selon le schéma d'alimentation en masse. Au bout du deuxième jour, les larves d'ouvrières passent à un schéma d'alimentation progressive et sont nourries d'un mélange de gelée royale, de miel et de pollen. Avec l'alimentation progressive, les larves sont nourries régulièrement, quoique la nourriture ne soit pas toujours disponible. Les différents schémas d'alimentation déterminent la caste de l'abeille adulte. Donc, n'importe quel oeuf femelle ou larve de moins de deux jours peut potentiellement devenir reine ou ouvrière.

Les ouvrières sont élevées dans le même type d'alvéoles que celles utilisées pour le stockage du pollen et du miel. Ce type d'alvéole compose la majorité des rayons de la colonie.

La taille des alvéoles d'un rayon d'ouvrières construit de façon naturelle (c'est-à-dire sans feuille de cire gaufrée) est utile pour différencier les espèces et certaines variétés d'Apis gardées couramment dans des ruches. La distance recouvrant dix cellules de rayons construites par l'abeille domestique orientale (A. cerana) aux Philippines est en moyenne de 4,1 cm, et en Inde du sud, la distance est de 4,3-4,4 cm. Les variétés africaines de l'abeille domestique occidentale construisent des rayons dont les dimensions sont de 4,7-4,9 cm recouvrant dix alvéoles, tandis que la distance est de 5,2-5,6 cm pour les rayons construits par les variétés européennes courantes.

Les opercules des alvéoles des ouvrières sont opaques et plats. L'abeille adulte émerge de sa cellule 21 jours après la pondaison de l'oeuf.

La période de développement des faux-bourdons est de 23 jours. Les faux-bourdons sont élevés dans des alvéoles ayant la même forme que celles des ouvrières en plus grand. Les alvéoles des faux-bourdons sont scellées avec des opercules en forme de dôme.

Le tableau suivant résume les périodes de développement, à partir du moment où l'oeuf est pondu. Les chiffres donnés peuvent varier d'un jour environ, selon le type (espèce et/ou variété) de l'abeille, les conditions météorologiques, ou l'époque de l'année.


Étapes de développement

ouvrière
reine
faux-bourdon
oeuf éclot au bout de 3 3 3
alvéole operculée au but de 9 8 10
adulte émerge au bout de 21 16 24

La reine est la seule femelle complètement développée sexuellement. C'est la conséquence d'un régime total à la gelée royale pendant la période de développement. On la reconnaît à son apparence mince et élancée due au développement complet des ovaires dans son abdomen. Elle a un aiguillon sans barbes. Dans la colonie, elle se trouve dans la région de la chambre de ponte.

Approximativement cinq jours après avoir émergé de sa cellule, la reine vierge commence à faire une série de vols nuptiaux. Elle entreprend un certain nombre de ces vols pendant une période allant de deux à trois jours et peut s'accoupler avec dix mâles différents ou plus. Le sperme est stocké dans un organe spécial, la spermathèque, et la reine ne s'accouple plus jamais après cette période.

Environ cinq jours après avoir entrepris ses vols nuptiaux, la reine commence à pondre. Pendant les périodes favorables une bonne reproductrice peut pondre plus de 1500 oeufs par jour. Les facteurs ayant des répercussions sur la ponte des oeufs sont le temps, les productions de nectar et de pollen, la taille de la reine, et la condition de la colonie. Le nombre d'oeufs pondus varie avec le cycle annuel au fur et à mesure que les ressources de pollen et de nectar disponibles varient. L'arrivée d' importantes quantités de ressources pousse les ouvrières à donner davantage de nourriture à la reine, qui à son tour est encouragée à pondre encore plus.

Quelques-unes des glandes de la reine produisent un ensemble de composés appelé la substance de la reine. Elle est distribuée dans toute la colonie par les ouvrières qui s'occupent de la reine et qui la passent à d'autres ouvrières.

La substance de la reine est un mélange de phéromones, des composés chimiques qui servent à contrôler le comportement d'autres individus de la même espèce. Les phéromones produites par la reine et par les autres individus de la colonie servent à harmoniser le comportement de la colonie.

Normalement, il n'y a qu'une reine par colonie, bien que parfois deux reines soient présentes lorsque la vieille reine va être remplacée.

La reine peut vivre jusqu'à l'âge de quatre ans, mais sous les tropiques où la période annuelle de ponte est plus longue, la reine ne vit pas aussi longtemps. Les reines âgées n'ont pas la capacité de ponte des jeunes, c'est pourquoi les apiculteurs préfèrent les jeunes reines, pleines de vigueur. Dans les exploitations apicoles intensives, les reines sont remplacées environ tous les deux ans.

Les faux bourdons, les mâles de la colonie, sont produits à partir d'oeufs non fécondes. (La reine peut contrôler la fécondation de l'oeuf ou son absence de fécondation au moment de la ponte).

Le corps du faux-bourdon est plus gros que celui de l'ouvrière ou de la reine. Les yeux sont plus grands et couvrent pratiquement toute la tête. L'extrémité est de forme arrondie et recouverte d'une touffe de petits poils.

Les faux-bourdons ne peuvent pas piquer. Le dard étant une structure modifiée de l'appareil génital femelle, les mâles n'en ont pas. Ils ne possèdent aucune des structures nécessaires à la récolte du nectar et du pollen.

Une puissante colonie peut avoir environ 300 mâles. Mais durant les périodes où les ressources sont rares, les ouvrières chassent les mâles de la colonie. Ils meurent car ils ne peuvent pas se débrouiller tous seuls.

La seule fonction des mâles est de féconder la reine. L'accouplement des abeilles a lieu dans les airs loin de la colonie. Quand le temps est beau, les faux-bourdons adultes quittent la colonie l'après-midi et se réunissent dans certains secteurs où ils attendent que les reines vierges passent.

Les faux-bourdons retournent parfois dans les colonies qui ont une reine vierge. De telles colonies acceptent les mâles des autres colonies et tolèrent une population mâle importante tant que la reine est vierge. Toutefois, après l'accouplement de la reine, les ouvrières chassent beaucoup de mâles de la colonie.

Les ouvrières sont des femelles qui ne sont pas complètement développées sexuellement. Elles assument le travail de la colonie et la maintiennent en bonne condition. Les ouvrières possèdent des structures et des organes spéciaux associés aux travaux qu'elles fournissent.

Structure au organe
Emplacement
Fonction
glandes de la tête haut de la tête produit la nourriture pour le couvain et la gelé royale
glandes cirières sous l'abdomen produit la cire
glandes odorifères près de l'extrémité supérieure de l'abdomen dégage une odeur pour orienter les abeilles quand la colonie est perturbée
le dard et les glandes associées extrémité de l'abdomen défend la colonie
tongue langue tête récolte le nectar
jabot partie élargie de l'oesophague transporte le nectar et l'eau
la brosse à pollen, la presse à pollen, et la corbeille à pollen pattes postérieures brosse le pollen du corps, le presse en pelotes et le ramène à la rouche. Aussi utilisée pour ramener à la rouche. Aussi utilisée pour ramener la propolis

Les tâches remplies par les ouvrières changent avec l'âge. Ceci correspond au développement physiologique de plusieurs glandes. Toutefois ce plan n'est pas établi de façon absolue; les ouvrières peuvent changer de tâches pour s'adapter aux besoins de la colonie.

 

nombre de jours après émersion
tâches
1-2 nettoient les alvéoles et chauffent le nid
3-5 nourrissent les larves plus âgées avec du miel et du pollen
6-10 nourrissent les larves plus jeunes avec les produits des glandes de la tète
11-18 affinent le nectar, produisent la cire et construisent les rayons
19-21 gardent et ventilent la ruche-font des exercices et des vols d'orientation pour apprendre à voler et situer la ruche
22+ butinent le nectar, le pollen, l'eau ou la propolis

L'espérance de vie d'ouvrières adultes varie énormément avec la période de l'année. Pendant les périodes où la colonie est relativement inactive (périodes de disette), les ouvrières peuvent vivre trois mois ou plus, mais lorsque la colonie est active, très peu d'ouvrières dépassent six semaines. Durant ces périodes d'activité, environ trois semaines sont passées en tant qu'abeilles de ruche et le reste du temps en tant que butineuses. L'espérance de vie des ouvrières des variétés tropicales de l'abeille domestique occidentale et de l'abeille domestique orientale est encore plus courte.


Quand une colonie perd sa reine et quand il n'y a pas de jeunes larves ou d'oeufs femelles à partir desquels on élève une nouvelle reine, des ouvrières pondeuses peuvent se développer. Les ovaires de certaines ouvrières de la colonie se développent en l'absence de substance royale, et les ouvrières commencent à pondre.
Puisque les ouvrières n'ont pas la structure corporelle ni le comportement nécessaires à la fécondation, tous les oeufs ne sont pas fécondés et donnent des faux-bourdons.

On soupçonne la présence d'ouvrières pondeuses dans une colonie s'il y a un nombre excessif de faux-bourdons. Un examen minutieux des rayons à couvain peut en apporter la preuve. Les alvéoles des ouvrières qui contiennent le couvain mâle (c'est à dire les alvéoles fermées d'un opercule en forme de dôme) et les alvéoles qui contiennent un nombre d'oeufs de tailles différentes pondus au hasard, confirment la présence d'ouvrières pondeuses. Une bonne reine pond un seul oeuf par alvéole placé au centre de la base de celle-ci.

Les besoins en ressources de la colonie

Les ouvrières butineuses parcourent jusqu'à trois kilomètres pour récolter les ressources nécessaires à la colonie. Bien sûr, c'est mieux si les ressources sont abondantes à proximité de la colonie. Les abeilles voleront encore plus loin que trois kilomètres, mais cela est énergivore.

Les quatre substances recueillies par les fourrageuses pour la colonie sont:
· le nectar
· le pollen
· la propolis
· l'eau
Le nectar est une sécrétion sucrée des plantes. Il est ordinairement sécrété par les nectaires associés aux fleurs, quoique certaines plantes aient des sectaires sur leurs feuilles ou sur leurs tiges. Le nectar est composé de 70 à 80% d'eau. Le pourcentage d'eau est encore plus élevé durant les périodes pluvieuses. Le reste est composé de sucre et de traces d'autres composés organiques. Le nectar est l'hydrate de carbone ou la composante énergétique du régime de l'abeille.

Les butineuses prennent le nectar des nectaires et le ramènent à la ruche dans leur estomac à miel. Quand elles reviennent à la colonie, elles passent le nectar aux jeunes ouvrières qui le transforment en miel et le stockent dans les alvéoles.

Le procédé de mûrissement du nectar comprend l'évaporation de la teneur en eau jusqu'à moins de 19 pour cent et l'addition d'une petite quantité d'enzymes. Les ouvrières font cela en régurgitant continuellement des gouttelettes de nectar de leur estomac à miel et en les faisant sortir de leurs trompes. L'évaporation est accélérée en augmentant la surface des gouttelettes. L'action mélange aussi des enzymes qui transforment les sucres complexes du nectar en sucres simples.

Les abeilles recueillent parfois la miellée, une sécrétion sucrée provenant de certains insectes qui se nourrissent de la sève des plantes. La miellée est acceptable comme nourriture pour les abeilles mais le miel qui en résulte est foncé et a un goût très fort. Un tel miel est considéré de qualité inférieure. C'est surtout dans les climats tempérés que les abeilles recueillent la niellée.

Dans la ruche, le miel est toujours stocké au-dessus et autour du secteur de ponte du nid. Les abeilles adultes se nourrissent de miel, et le mélangent au pollen pour nourrir les ouvrières plus agées et les larves de faux-bourdons. La plupart des colonies produisent plus de miel que nécessaire pendant les productions de miel abondantes. Cet excédent de miel peut être récolté. La quantité de miel supplémentaire peut être augmentée grâce à une bonne gestion. Il suffit d'enlever les magasins à miel de la colonie pour stimuler les abeilles à produire davantage de miel si les ressources florales sont disponibles.

Le pollen est une substance poudreuse produite par les organes mâles des fleurs. Il contient la semence des plantes. Les abeilles aident à transférer le pollen de plante en plante. De tels agents de pollinisation sont très importants pour les croisements de pollinisation de nombreuses plantes.

De nombreuses cultures dépendent des croisements de pollinisation par les insectes pour une bonne plantation. Ces plantes sont souvent stériles et ont besoin d'être pollinisées par d'autres plantes. De telles cultures sont grandement avantagées par la présence d'abeilles dans le secteur au moment de leur floraison.

Quand les butineuses vont de fleur en fleur, le pollen s'accroche à leurs poils très fins, le plumose (semblable aux plumes) qui recouvrent le corps. Régulièrement, l'ouvrière enlève le pollen de ses poils en utilisant la brosse à pollen, une structure située sur les pattes arrières. Puis elle forme des pelotes avec le pollen grâce au pressoir à pollen et les rangent dans la corbeille à pollen pour les ramener à la ruche. La presse à pollen et la corbeille sont aussi situées sur les pattes arrières.

Le pollen est utilisé pour nourrir le couvain plus âgé et est mangé en grandes quantités par les nourrices qui produisent la gelée royale avec les glandes de la tête. C'est la protéine, la vitamine et la composante minérale du régime de l'abeille.

Le pollen est stocké dans les alvéoles qui entourent le nid à couvain où il est prêt à nourrir le couvain et à être consommé par les nourrices. Un complexe de levures présent dans le pollen agit en tant qu'agent conservateur grâce à un processus semblable à l'ensilage du foin.

La propolis est une substance résineuse recueillie sur les plantes. On la trouve autour des fentes sur les plantes et parfois autour des bourgeons. Les abeilles l'utilisent pour obturer les fissures et les trous de la colonie, pour renforcer et réparer les vieux rayons et pour couvrir les animaux morts de la colonie qui sont trop gros pour être enlevés.

La propolis contient des substances chimiques appelées turpines qui agissent pour limiter la croissance des bactéries et du fongus dans l'environnement de la colonie. Elle est recueillie par les butineuses et ramenée à la ruche dans les corbeilles à pollen.

L'eau est mélangée au miel avant que les abeilles ne le mangent ou ne le donnent au couvain. Les abeilles utilisent aussi l'eau pour refroidir la ruche lors des journées chaudes. Quand il fait chaud, de nombreuses abeilles butineuses sont occupées à recueillir de l'eau. L'eau est placée en petites gouttelettes autour de la ruche, et les courants d'air sont provoqués par des abeilles qui restent à l'intérieur de la colonie et battent des ailes pour faire de l'air. La température de la colonie est abaissée grâce au refroidissement par évaporation.

L'eau est amenée à la colonie dans l'estomac des abeilles butineuses. Une source d'eau fraîche à proximité de la colonie est appréciable. Cela minimise l'effort requis pour satisfaire les exigences de la ruche en eau, et permet à la colonie de consacrer davantage d'efforts à butiner le nectar et le pollen. S'il n'y a aucune ressource naturelle d'eau à proximité, l'apiculteur trouvera son avantage à alimenter le rucher en eau.

L'essaimage, la substitution et la désertion

L'essaimage est la division naturelle d'une colonie ou reproduction. Quand la colonie a atteint une taille importante et que les ressources disponibles sont abondantes, les ouvrières vont construire des alvéoles royales. Ces alvéoles ou cellules d'essaim sont en général situées autour des bords des rayons.

Quelques jours avant l'éclosion de la première reine vierge, la vieille reine quitte la colonie suivie d'une partie des ouvrières et des faux-bourdons. La reine s'arrête en général dans la vicinité et les autres abeilles forment un essaim autour d'elle. Des éclaireurs quittent le groupe et partent à la recherche d'un endroit propice pour se nicher. Au bout de quelques jours, le groupe s'envole généralement et va s'établir dans un nid permanent.

La première reine qui émerge de l'ancienne colonie se met à la recherche d'autres alvéoles royales et les détruit. Si deux reines ou plus émergent en même temps, elles vont se battre jusqu'à ce que l'une d'elles soit tuée.

Parfois, si la colonie a une population importante, une reine nouvellement éclose quittera la colonie avec un certain nombre d'ouvrières au lieu de détruire les autres alvéoles royales. Cela s'appelle un rejet d'abeilles. Il est semblable à l'essaim d'origine sauf qu'il est plus petit et que la reine est vierge. Parfois une colonie fera l'expérience de plusieurs rejets.

La substitution est le remplacement de la reine sans division de la colonie. Si la vieille reine n'est plus à la hauteur de sa tâche, les ouvrières vont construire des alvéoles royales pour élever une autre reine. Ces alvéoles de remplacement sont en général situées sur la façade du rayon. La vieille reine ne quitte pas la colonie lors de la substitution. La nouvelle reine s'accouple, revient à la colonie et commence à pondre.

Après la substitution, il n'est pas rare de trouver les deux reines, la vieille et la nouvelle ensemble dans la même colonie. Elles ne se font pas concurrence, donc elles se tolèrent. On reconnaît la vieille reine à ses ailes et son abdomen sans poils. Elle meurt peu de temps après que la nouvelle reine ait commencé à pondre.

La désertion est l'abandon du nid par une colonie. Cela est dû en général à une perturbation excessive de la colonie par des prédateurs ou des apiculteurs, ou à la diminution des ressources dans le secteur. La désertion est plus courante parmi les variétés et espèces tropicales de la mouche à miel.»

Apiculture de petite échelle, Peace Corps, 1982, 213 p. Source en ligne: Bibliothèque pour le développement durable et les besoins humains essentiels, New Zeland Digital Library, University of Walkato.

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Essentiel

«La bibliographie de l'Abeille est des plus étendues. Dès l'origine, ce petit être étrange, vivant en société, sous des lois compliquées, et exécutant dans l'ombre des ouvrages prodigieux, attira la curiosité de l'homme. Aristote, Caton, Varron, Pline... Virgile s'en sont occupés.» (Maurice Maeterlinck, La vie des abeilles, Fasquelle Éditeurs, 1935, p. 13. - publication du domaine public)

Leurs observations se distinguent mal du légendaire des abeilles. Ce n'est, poursuit Maeterlinck, qu'au XVIIe siècle que le savant hollandais Swammerdam inventa les véritables méthodes d'observation scientifique, précisa définitivement le sexe de la reine qu'on avait crue roi jusqu'alors et, du coup, éclaira d'un rayon inattendu toute la politique de la ruche en la fondant sur la maternité. Au XXe siècle, un compatriote de Swammerdam, l'éthologiste Karl von Frish, obtiendra le prix Nobel de médecine (1973), pour des travaux où, entre autres choses, il démontra que les abeilles indiquaient par des danses spéciales la direction et la distance de la nourriture à butiner. Von Frish prouvait par là que les abeilles avaient un psychisme plus évolué que celui des chimpanzés. C'est aussi en étudiant les abeilles que l'éthologiste français Rémy Chauvin et son équipe découvrirent les phéromones, ces hormones qui voyagent dans l'espace. Ils bouclaient la boucle sans le vouloir avec le symbolisme que les Anciens attachaient au miel, en découvrant des merveilles que ces derniers n'avaient pas imaginées.
***
Aristée, le père de l'apiculture

«Coupable d’avoir provoqué la mort d’Eurydice, le berger Aristée est puni par les nymphes, qui font périr ses abeilles. Après que, sur les conseils de Protée, il a sacrifié quatre taureaux et quatre génisses, le neuvième jour il trouve dans les chairs putrescentes de l’un d’eux un essaim d’abeilles. Alors, Aristée peut reprendre l’exercice de son art et devenir le père de l’apiculture. »

D'après le mythe rapporté au quatrième livre des Géorgiquesde Virgile

Cette note est tirée d'un article de M.Bernard Marchadier, publié dans la revue Contrelittérature, à l'occasion de la réédition de Les abeilles d'Aristée, un ouvrage de Wladimir Weidié sur la crise de l'art moderne.


Articles


L'Abeille

Paul Valéry
Piqûre!

La colère des abeilles

Maurice Maeterlinck

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