Plagiat

"Le plagiat est un terme à connotation morale et esthétique, par lequel on désigne en littérature le fait qu'un texte reprend, de façon non avouée et plus ou moins fidèlement, un élément textuel provenant d'un autre auteur. Ce terme n'a pas cours en droit, où l'on parlera plutôt de contrefaçon et d'infraction à la loi du droit d'auteur (copyright)."

Christian Vandendorpe, Le plagiat (Lettres françaises, Université d'Ottawa). Voir également le sens juridique du plagiat et de la contrefaçon.

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Essentiel

Le plagiaire psychologique ne semble voir aucune différence entre un texte original et un texte d’autrui, d’où son étonnement quand on lui adresse un reproche. Faut-il en conclure qu’il n’a aucune estime de lui-même en tant qu’auteur, en tant que je qui pense ou que, ignorant tout de l’acte de penser, faute d’avoir l’habitude de le pratiquer, il ne s’intéresse qu’au résultat, sans se soucier de savoir si ce dernier est son oeuvre ou celle d’un autre?

Comme le rappelle Christian Vandendorpe, l’importance attachée aux droits d’auteur et au fait d’être auteur est toutefois assez récente. «Montaigne reconnaît avec une suprême désinvolture les nombreux emprunts qu'il fait aux Anciens ("Je ne compte pas mes emprunts, je les poise") et se justifie de ne pas nommer ses sources par le plaisir anticipé de voir des critiques un peu hâtifs "donne[r] une nazarde à Plutarque sur mon nez, et qu'ils s'échaudent à injurier Seneque en moy" (II, 10).»

Hélas! il n’est pas donné à tout le monde de plagier Montaigne plagiaire. Montaigne ou Shakespeare, autre emprunteur célèbre, étaient au-delà du Je, dans la communauté des grands esprits, où toute formule vous appartient en un sens, parce qu’il entre plus de créativité dans la façon dont vous la comprenez que dans les formules originales mais banales d’un auteur médiocre. Le plagiaire psychologique de nos universités, dont les emprunts sont généralement anonymes et insignifiants, est en-deça du Je. (J.D.)

Enjeux

Il faut distinguer le plagiat en tant que problème moral et le plagiat en tant que problème psychologique. Le premier est une faute consciente, le second un manque d’identité qui s’ignore, bien qu’il soit un mal de plus en plus répandu.

En raison de la variété et du nombre des sources dont on peut s'inspirer, sans le dire (plagiat moral) ou sans le savoir (plagiat psychologique), en raison également de la mentalité productiviste, qui gagne le milieu scolaire aussi bien que le milieu littéraire, le plagiat a pris une ampleur alarmante. Sans doute nous faudrait-il réviser la façon dont les idéaux démocratiques sont appliqués en éducation. À force d'exiger des jeunes une originalité dont ils sont incapables, ne les condamnons-nous pas à une malhonnêteté qui s'étendra à d'autres sphères de leur vie (plagiat moral) ou pire encore, à un mensonge à eux-mêmes qui portera atteinte à leur identité et les rendra irresponsables dans les domaines les plus variés? (plagiat psychologique). Chose certaine, il ne s'agit pas d'un simple problème technique, comme on serait porté à le croire en constatant l'importance des moyens techniques mis en oeuvre pour le résoudre. (J.D.)

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Quand l'amnnésie des médias sert les voleurs à la tire.

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Maurice Lagueux associe ici le plagiat, devenu un modus vivendi, à une maladie de la culture. Les passages que nous citons ici sont tirés d'un article qui, bien que publié en 1982, semble avoit été écrit hier pour diagnostiquer un mal aggravé

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