Hydronet

Le mot hydronet a d’abord été utilisé pour désigner des portails consacrés à l’eau. Nous l'employons, par analogie avec Internet, dans le sens que lui donne Jeremy Rifkin dans l’Économie hydrogène, ouvrage dans lequel il montre comment le recours massif à l’hydrogène pourrait permettre d’échapper aux catastrophes consécutives à l’épuisement prochain des ressources pétrolières.

Rifkin met à plusieurs reprises en relief la ressemblance entre le secteur des communications et celui de l’énergie à divers moments de l’histoire. Il établit par exemple une correspondance entre la distribution de l’énergie à sens unique, à partir d’une centrale alimentée au charbon ou au pétrole, et la diffusion de l’information, toujours à sens unique, à partir des grandes stations de radio et de télévision. Surgit Internet, né on le sait d’impératifs militaires découlant eux-mêmes de la crainte qu’inspirait la vulnérabilité des systèmes de communications centralisés. Au cours de la décennie 1960, il aurait suffi de détruire quelques grandes stations centrales américaines pour rendre l'ensemble du réseau de communications inopérant. L’ancêtre d’Internet, caractérisé par la communication par paquets, s’appelait Arpanet. Bloquée, à un endroit, l’information pouvait, dans un tel réseau, se rendre à destination par d’autres voies.

Le même réseau rendait possible la communication bi-directionnelle. Chaque poste récepteur pouvait devenir un poste émetteur. Selon Rifkin, les piles à combustible, analogues par là aux ordinateurs personnels, sont des usines miniatures de production d’électricité. Connectées entre elles, ces usines pourront être tantôt consommatrices, tantôt productrices d’électricité. Déjà, précise Rifkin, 30 états américains autorisent ce type de réseau. Il existe des programmes rendant possible une gestion efficace de ces systèmes décentralisées.

«L’Hydronet, le réseau énergétique mondial alimenté à l’hydrogène, est la prochaine grande révolution technologique, commerciale et sociale de l’histoire. Il suit de près le réseau mondial des communications qui s’est développé au cours des années 1990, et à l’instar de ce dernier, il amène dans son sillage une nouvelle culture de la participation. »1

1-Jeremy Rifkin, L'économie hydrogène, Découverte, Paris 2002, p.17

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Essentiel

Le salut par l'hydrogène aura pour effet de renforcer l'illusion d'une croissance à la fois bienfaisante et illimitée. On sent déjà cette euphorie dans le livre de Rifkin, lequel prend soin de définir la civilisation par l'énergie, au point de donner au lecteur l'impression qu'il est d'accord avec Leslie A.White, selon qui «le degré de développement d'une civilisation est directement proportionnel à la quantité d'énergie consommée par habitant.»1

Le pétrole est la première cause de la pollution et l 'hydrogène est une énergie propre Soit! Mais la demesure dans l'usage de cette énergie propre s'accompagnera nécessairement d'une démesure dans d'autres formes de pollution.

Jeremy Rifkin, L'économie hydrogène, Découverte, Paris 2002, p.58

Enjeux

Alors qu’aujourd’hui des milliards d’êtres humains ne bénéficient pas encore vraiment des bienfaits de l’électricité et de l’eau, dans quelques décennies, si nous le voulions, chaque être humain pourrait posséder sa pile à combustible et devenir ainsi un petit producteur d’électricité. C’est ce que Rifkin appelle la démocratisation de l’énergie. Utopie! Il y eut, précise Rifkin, une utopie semblable à l’origine d’Internet, ce qui n’a pas empêche AOL et Microsoft de recréer l’ancien monde dans le nouveau. «Pour les activistes du Net des années 1990, l'information devait être librement partagée. Tandis que des réseaux communautaires (community nets) et des réseaux libres (free nets) ont été créés très tôt pour mettre en oeuvre ces principes, ils se sont révélés trop peu nombreux, trop faibles ou trop pauvres en contenu pour résister aux campagnes mieux financées et beaucoup mieux organisées menées par des entreprises telles que AOL ou Microsoft, désireuses de s'assurer le contrôle du nouveau medium. Les forces du marché ont conspiré dès le début pour établir fermement leur mainmise sur les points d'accès au cyberespace, et devenir les gardiens et les arbitres de l'âge de l'information.L’hydronet devra, conclut-il, affronter des défis et des menaces similaires.»1

En dépit de cette mainmise, toute personne qui a accès à un micro-ordinateur peut trouver, souvent gratuitement, une information de haute qualité sur les sujets les plus divers.

1-Jeremy Rifkin, L'économie hydrogène, Découverte, Paris 2002, p.17

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