Bogue

Enjeux

«Une chose certaine nous est révélée par le bogue: l'extrême fragilité de notre civilisation technologique, en même temps que son immense pouvoir de levier. D'un côté, toute l'organisation socio-économique repose maintenant sur une infrastructure extrêmement sensible dans laquelle les problèmes peuvent se généraliser d'une façon inégalée à ce jour. On a peine à croire qu'à une autre époque, l'équilibre de nations entières aurait pu être mis en péril par un problème d'approvisionnement en pneus, par exemple, ou de denrées alimentaires.
Par contre, la généralisation d'une technologie comme le moteur à explosion interne pouvait laisser prévoir la possibilité d'une crise en cas d'interruption dans l'approvisionnement en pétrole. C'est ce qu'on a expérimenté dans les années mil neuf cent soixante-dix lors des deux chocs pétroliers, dont l'impact avait d'ailleurs été beaucoup plus déstabilisant que celui que nous promettait le bogue de l'an 2000.
D'un autre côté, l'effet de levier de cette infrastructure est tel qu'un problème insignifiant qui, au départ, n'attirerait même pas l'attention aurait pu entraîner un effet totalement démesuré. La chose était d'ailleurs déjà prévue dans l'un des théorèmes de Murphy où il est dit qu' "un seul ordinateur peut faire plus de dommages en une heure qu'une armée de 1000 fonctionnaires pendant un an à raison de dix heures par jour". Cette autre loi de Murphy nous donne encore mieux le pouls de la situation: "Si les architectes construisaient les édifices comme les informaticiens écrivent les programmes, le premier pique-bois venu risquerait de ruiner la civilisation."»

YAN BARCELO, "La grand'peur informatique de l'an 2000", L'Agora, vol 5 no 4

Articles


La grand'peur informatique de l'an 2000

Yan Barcelo
Le bogue de l'an 2000 aura été probablement le plus grand "non événement" de l'histoire des technologies. On lira rétrospectivement ce texte, écrit en 1999, 18 mois donc avant la date fatidique, notamment comme rappel des origines du problème,



Articles récents