«Aux Etats-Unis, la collusion entre les géants de la tech et l’administration Trump vise à “utiliser l’IA pour imposer des politiques d’austérité et créer une instabilité permanente par des décisions qui privent le public des ressources nécessaires à une participation significative à la démocratie”, explique l’avocat Kevin De Liban à Tech Policy. Aux Etats-Unis, la participation démocratique suppose des ressources. “Voter, contacter des élus, assister à des réunions, s’associer, imaginer un monde meilleur, faire des dons à des candidats ou à des causes, dialoguer avec des journalistes, convaincre, manifester, recourir aux tribunaux, etc., demande du temps, de l’énergie et de l’argent. Il n’est donc pas surprenant que les personnes aisées soient bien plus enclines à participer que celles qui ont des moyens limités. Dans un pays où près de 30 % de la population vit en situation de pauvreté ou au bord de la pauvreté et où 60 % ne peuvent s’offrir un minimum de qualité de vie, la démocratie est désavantagée dès le départ”. L’IA est largement utilisée désormais pour accentuer ce fossé. »
Une recension de Hubert Guillaud - Dans les algorithmes
Selon Bloomberg, les entreprises chinoises spécialisées dans l'IA ont temporairement mis en pause certaines de leurs fonctions de chatbot afin d'empêcher les étudiants de les utiliser pour tricher lors des examens universitaires nationaux. Du 7 au 10 juin, plus de 13,3 millions d'étudiants chinois passent les rigoureux examens nationaux, chaque étudiant se battant pour obtenir l'une des places limitées dans les universités du pays. Il est déjà interdit aux étudiants d'utiliser des appareils tels que les téléphones et les ordinateurs portables pendant les épreuves qui durent plusieurs heures. La désactivation des chatbots d'IA constitue donc un filet de sécurité supplémentaire pour empêcher la tricherie pendant la saison des examens.
À lire dans The Verge (en anglais).
«Automatiser les emplois de cols blancs fait rêver les dirigeants d'entreprise depuis des années. Ce fantasme avait animé la conférence de Davos en 2019. Mais la technologie n’était pas assez bonne. On pouvait utiliser l’IA pour certaines tâches routinières des services de soutien – ce qui s’est beaucoup fait –, mais dans les tâches plus complexes et techniques, l’IA n’allait pas à la cheville des humains.
«Ça commence à changer, en particulier dans des domaines comme le génie logiciel, où on voit clairement si le code marche ou pas. Certaines entreprises prônent désormais l’approche "IA d’abord", encourageant les cadres à toujours voir si une tâche peut être effectuée par l’IA avant d’embaucher un humain.
Le contre-exemple de Klarna
L'engouement pour l'IA n'est pas sans danger. «Certaines sociétés pourraient se tourner vers l’IA trop tôt, avant que les outils soient assez robustes pour gérer tout le travail des débutants. C’est arrivé chez Klarna, une fintech suédoise de crédit à la consommation qui a beaucoup fait parler d'elle en remplacant en 2023 ses agents du service client par des robots d’IA ; après un déluge de plaintes, elle a fait marche arrière et réembauché des humains.»
Article du New York Times, publié en français dans la section Techno de La Presse.
Énorme faux pas pour le Chicago Sun-Times qui vient de publier sa liste de suggestions de lectures pour l'été. Le hic : certains titres n'existent tout simplement pas et sont le fruit des hallucinations d'une application d'IA. L'article recommande entre autres Tidewater Dreams d'Isabel Allende, un «premier roman de fiction climatique» où «le réalisme magique rencontre l'activisme environnemental». Les amateurs d'Allende, décus d'apprendre que le livre n'existe pas encore, n'auront probalement pas à attendre fort longtemps pour le lire: il y a fort à parier qu'un éditeur futé le publie d'ici quelques jours sur Amazon – à l'aide de l'IA bien sûr. Que l'intelligence artificielle génère ce genre d'affabulations n'étonnera plus personne, mais qu'un article dont le contenu n'a fait l'objet d'aucune révision par un humain se retrouve dans les pages d'un grand quotidien en dit long sur les dommages que l'usage non encadré de l'IA peut engendrer. Le Chicago Sun-Times a beau plaider son innocence sur Bluesky, ce genre de bévue contribue à l'exaspération du public dont la confiance envers l'IA s'effrite de plus en plus.
Revers cinglant également pour les grandes entreprises de la Silicon Valley qui, selon cette enquête de la MIT Technology Review, rivalisent entre elles avec des investissements astronomiques pour développer de gigantesques centres de traitement de données dans le désert du Nevada. Au risque de compromettre l'alimentation en eau dans la région et la bonne entente avec les tribus ancestrales locales.
Le fermier-poète américain Wendell Berry écrivait en 1987 que toute nouvelle technologie doit répondre à 9 règles pour s'intégrer harmonieusement dans nos communautés. Le critique de la technique Ted Gioia croit que ces règles sont plus pertinentes que jamais.