L'Encyclopédie sur la mort


Maupassant Guy de


Maupassant «En 1877, Maupassant contracte la syphilis, dont la lente évolution le fera de plus en plus souffrir, notamment à partir de 1888. Il bénéficie alors de soins au mercure, au bromure et effectue des cures thermales. Cependant la maladie progresse, le rendant faible et dépressif et le faisant sombrer petit à petit dans la paranoïa et la folie. Il commet alors une tentative de suicide* en 1892 en se tranchant la gorge. Interné, il décède finalement le 6 juillet 1893.»
http://www.linternaute.com/biographie/guy-de-maupassant/

Dans les contes et les nouvelles de Maupassant, le suicide paraît souvent comme destin ultime d'une vie inscrite sous l'enseigne du malheur qui peut prendre plusieurs formes. À l'ouverture d'un de ses contes Suicides, dédié à Georges Legrand, il tente de s'expliquer : «On ignore absolument la cause de sa funeste détermination." Quelles douleurs profondes, quelles lésions du coeur, désespoirs cachés, blessures brûlantes poussent au suicide ces gens qui sont heureux ? On cherche, on imagine des drames d'amour, on soupçonne des désastres d'argent et, comme on ne découvre jamais rien de précis, on met sur ces morts, le mot "Mystère". » http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/athena/selva/maupassant/maupassant.html

Suicides (extraits)

Une lettre trouvée sur la table d'un de ces "suicidés sans raison" (1), et écrite pendant la dernière nuit, auprès du pistolet chargé, est tombée entre nos mains. Nous la croyons intéressante. Elle ne révèle aucune des grandes catastrophes qu'on cherche toujours derrière ces actes de désespoir ; mais elle montre la lente succession des petites misères de la vie, la désorganisation fatale d'une existence solitaire, dont les rêves sont disparus, elle donne la raison de ces fins tragiques que les nerveux et les sensitifs seuls comprendront.

La voici :
"Il est minuit. Quand j'aurai fini cette lettre, je me tuerai. Pourquoi ? Je vais tâcher de le dire, non pour ceux qui liront ces lignes, mais pour moi-même, pour renforcer mon courage défaillant, me bien pénétrer de la nécessité maintenant fatale de cet acte qui ne pourrait être que différé.

[...]

Quand je fus assis dans le fauteuil où je m'assois tous les jours depuis trente ans, je jetai les yeux autour de moi, et je me sentis saisi par une détresse si horrible que je me crus près de devenir fou.
Je cherchai ce que je pourrais faire pour échapper à moi-même ? Toute occupation m'épouvanta comme plus odieuse encore que l'inaction. Alors, je songeai à mettre de l'ordre dans mes papiers.

[...]

Une dernière lettre restait. Elle était de moi et dictée de cinquante ans auparavant par mon professeur d'écriture. La voici :

Ma petite Maman chérie,

J'ai aujourd'hui sept ans. C'est l'âge de raison, j'en profite pour te remercier de m'avoir donné le jour.

Ton petit garçon qui t'adore,

Robert.

C'était fini. J'arrivais à la source, et brusquement je me retournai pour envisager le reste de mes jours. Je vis la vieillesse hideuse et solitaire, et les infirmités prochaines et tout fini, fini, fini ! Et personne autour de moi.

Mon revolver est là, sur la table... Je l'arme... Ne relisez jamais vos vieilles lettres."

Et voilà comment se tuent beaucoup d'hommes dont on fouille en vain l'existence pour y découvrir de grands chagrins.
17 avril 1883

Note
1. L'auteur de la lettre se rappelle que sa mère lui avait dit: «Robert, mon enfant, si tu ne te tiens pas droit, tu seras bossu toute ta vie.»

Lien

http://agora.qc.ca/index/thematique/maupassant_guy_de

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12

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