Dans Les 100 mots du Romantisme, Bruno Viard, dénombre sept directions dans lesquelles s'oriente le désir romantique. Il les appelle «les sept hypostases», car ce sont des «objets quasi sacrés» (PUF, «Que sais-je?», 2010, p. 4). La sixième de ces hypostases est la mort volontaire à laquelle l'auteur consacre une page intitulée «Suicide»
Le suicide est notre sixième hypostase: une manière définitive d'en finir avec le monde moderne. Le suicide romantique accuse le siècle. Une légende veut que Rousseau* se soit donné la mort. Chateaubriand* traîne son existence comme un mort-vivant dans ses Mémoires d'outre-tombe et Lamartine* ne va guère mieux dans ses Méditations. Werther* tourne ses pistolets contre lui puisqu'il ne peut épouser Charlotte. Rolla* se suicide chez Musset*, comme Raphaël de Valentin et Lucien de Rubembré chez Balzac. Lamiel périt dans l'incendie du palais de justice qu'elle a elle-même allumé chez Stendhal. Chatterton* choisit le poison chez Vigny*. Gwynplaine*, Javert et Gilliatt se jettent à l'eau chez Hugo* et Cimourdin se tire une balle dans le coeur. Nerval* se pend par -16° une nuit où la Seine charrie des glaçons, dans la rue sordide de Paris, un égout à ciel ouvert. Et Mme Bovary*! Chacun à sa façon dit, comme Baudelaire*: Ô mort, vieux capitaine, il est temps levons l'ancre!» On pourra psychanalyser chcune des morts volontaires; il y a aussi une tendance sociologique forte dans le suicide romantique. (op. cit., p. 119)