Servius Tullius, sixième roi légendaire de Rome (578-535 avant J.-C.), «après avoir augmenté la force matérielle de Rome et sa grandeur morale, après avoir formé tous les citoyens aux exercices de la guerre et aux travaux utiles de la paix, résolut, pour ne pas devoir l'accroissement de sa puissance au succès seul de ses armes, de l'étendre encore par la politique, tout en continuant à embellir la ville.» (Tite-Live, op. cit. I, 45)
Déjà, dès cette époque, le temple de Diane, à Éphèse, avait une grande célébrité. On disait qu'il était l'oeuvre de la piété commune de toutes les cités de l'Asie. Servius, à force de vanter aux principaux chefs latins, avec lesquels il avait contracté à dessein des liaisons d'amitié et d'hospitalité publiques et particulières, cet accord parfait dans le culte des mêmes dieux et de la même religion, finit par les engager à se joindre aux Romains, pour construire à Rome un temple de Diane, commun aux deux peuples. C'était proclamer la suprématie de Rome, cette prétention qui avait causé tant de guerres. Les Latins, après tant d'inutiles efforts pour conquérir cette suprématie, semblaient y avoir renoncé, lorsqu'un Sabin crut avoir trouvé l'occasion de la revendiquer et de la rendre à sa patrie. Une génisse, d'une beauté extraordinaire, était née, dit-on, chez cet homme : ses cornes, suspendues pendant plusieurs siècles dans le vestibule du temple de Diane attestèrent l'existence de cette merveille. On la regarda comme un prodige, et avec raison, et les devins annoncèrent que celui qui immolerait cette victime à Diane assurerait l'empire à sa nation. Cette prédiction était venue à la connaissance du ministre du temple de la déesse. Lorsque le Sabin jugea que le jour convenable pour le sacrifice* était arrivé, il vint à Rome présenter sa génisse au temple. Le prêtre romain, frappé de la grandeur extraordinaire de cette victime, que la renommée avait déjà rendue célèbre, et se rappelant la prédiction, interpelle ainsi le Sabin : «Étranger, que vas-tu faire? Offrir à Diane, sans avoir d'abord pris soin de te purifier, un sacrifice impie? Que ne vas-tu auparavant te tremper dans les eaux du fleuve? Le Tibre coule au fond de la vallée». À ces paroles, des scrupules s'éveillent dans l'âme de l'étranger. Voulant d'ailleurs que tout fût accompli selon les rites, afin que l'événement répondît au prodige, il quitte le temple et descend vers le Tibre. Pendant ce temps, le prêtre immole la génisse : cette supercherie remplit d'allégresse le roi, et la ville entière.
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