L'Encyclopédie sur la mort


Le directeur de funérailles au service des familles

Maryse Dubé

Lorsque survient le décès d’un être cher, plusieurs aspects doivent être abordés, dont le déroulement des funérailles. Après avoir contacté votre coopérative funéraire, vous avez rencontré un conseiller qui vous a aidé à prendre des décisions qui correspondent au meilleur de votre intérêt et de celui du défunt. Vient maintenant le temps de mettre en action ce que vous voulez vivre et faire vivre à vos proches au moment des adieux. Pour vous accompagner dans cette démarche, vous pouvez compter sur la présence d’une personne ressource d’expérience : le directeur de funérailles. On comprend que ce rôle consiste à prendre en charge le déroulement des funérailles, mais la plupart des gens seraient bien embêtés d’avoir à expliquer ce que ça implique au juste. Pour nous en parler, Maryse Dubé a rencontré monsieur Raymond Petit de la Coopérative funéraire de l’Estrie.
Monsieur Petit a 15 ans de métier dans le milieu funéraire, dont six ans comme directeur de funérailles. Selon monsieur Petit, c’est un poste clé : « Nous sommes en quelque sorte un allié pour les familles en deuil. Les familles ont besoin de savoir qu’elles peuvent compter sur nous pour que les funérailles soient à la hauteur de leurs attentes. » C’est d’autant plus vrai qu’il n’y aura pas de deuxième chance pour se reprendre en cas de pépins.

Par leur prévoyance, leur vigilance et leur présence d’esprit, les directeurs de funérailles agissent un peu comme des «anges gardiens». Et ils ont fort à faire, car plusieurs étapes sont à franchir avant que le défunt n’arrive au lieu de son dernier repos, surtout depuis que les pratiques ont changé en matière de rituels funéraires. Voyons de plus près les étapes dont il est question ici.

La rencontre préliminaire

Habituellement, le directeur des funérailles arrive une heure avant le départ du cortège, ou le début de la célébration quand celle-ci se déroule dans les locaux de la maison funéraire. « Nous rencontrons le responsable de la famille dès notre arrivée, et nous abordons avec lui le déroulement des funérailles. C’est une étape très importante et très rassurante pour que la famille réalise que nous serons à leurs côtés en tout temps », nous dit monsieur Petit qui, du même souffle, présente un aperçu des questions qui seront discutées :

• Y a-t-il des demandes ou des attentes spéciales?
• Des rituels particuliers sont-ils prévus? Souhaite-t-on participer plus activement à un rituel funéraire?
• Des prières, des témoignages ou des textes seront-ils lus? À quel endroit? À quel moment? Par qui?
• Que fait-on avec les fleurs? Lesquelles vont à l’église ou à la chapelle? La famille souhaite-t-elle en rapporter à la maison? Y aura-t-il une distribution de fleurs au cimetière?
• Quels objets seront laissés dans le cercueil? (lunettes, bijoux, montre, chapelet, crucifix, messages, fleurs, etc.) Lesquels seront récupérés par la famille proche? Quand seront-ils remis et à qui?
• Le cortège doit-il suivre un trajet particulier? Qui prendra place dans le véhicule de la famille?
• Désire-t-on assister à la mise en terre du cercueil ou de l’urne? Si oui, souhaite-t-on le faire en toute intimité ou avec tous?
• Qui seront les signataires des registres à l’église, au cimetière ou au columbarium?
• Lorsqu’il y a une réception après la cérémonie d’adieu, de quelle manière souhaite-t-on l’annoncer? Quand et par qui l’annonce se fera-t-elle? Où aura-t-elle lieu et qui sera invité?

À partir de là, se profilent déjà quatre étapes où le directeur des funérailles aura à jouer un rôle déterminant.

1. Le dernier adieu au salon funéraire

C’est là que la mise en scène commence. Traditionnellement, à cette étape, le directeur des funérailles limitait sa participation aux prières avant de procéder à la fermeture du cercueil. Mais avec l’évolution des pratiques funéraires, il arrive de plus en plus souvent que la famille ne souhaite pas de prières, mais demande un rituel plus personnalisé. Ainsi, il n’est pas rare que le directeur des funérailles soit sollicité pour organiser une haie d’honneur, lire un texte, faire entendre une pièce musicale à un moment précis, convier l’assistance à déposer des messages d’adieu au défunt, inviter la famille proche à souffler une bougie, à fermer le cercueil ou à toucher l’urne avant le départ pour la cérémonie.

Le dernier adieu au salon est un moment intense, rempli d’émotion, et c’est avec beaucoup d’attentions que le directeur des funérailles accompagnera la famille lors de cette étape difficile.

2. Le transport du défunt et le cortège funèbre
Lorsque la cérémonie se déroule à l’église ou dans tout autre lieu que la maison funéraire, le défunt est amené à être déplacé. Toutes les coopératives funéraires offrent la possibilité de fournir des porteurs pour procéder au déplacement du cercueil, et cette équipe est généralement sous la supervision du directeur des funérailles. Rien n’est laissé au hasard, et celui-ci veille à ce que chacun des gestes posés le soit avec dignité et respect.

Cependant, il arrive assez régulièrement que les membres de la famille demandent à porter le cercueil. On les invite alors à se présenter une demi-heure plus tôt, afin de recevoir les indications nécessaires sur les règles d’usage. Mais parfois, le directeur de funérailles réalise qu’une personne n’aura pas la capacité d’agir comme porteur. Dès lors, il propose à la personne concernée de s’investir autrement, en portant la couronne de fleurs par exemple.
Les moeurs ont beau avoir changé sur plusieurs aspects, la vue de six porteurs bien alignés, marchant d’un pas solennel, cadencé, portant à sa dernière demeure la dépouille d’un être cher, demeure un rituel qui, à lui seul, exprime tout le décorum qu’exige un tel moment.
Peut-être n’est-il plus d’usage de se signer au passage d’un cortège, « ni même de le laisser passer sans l’interrompre » s’attriste monsieur Petit. Toutefois, quand on voit la mort passer devant soi, il est fort à parier que des élans de sympathies ne manqueront pas de fuser vers les personnes endeuillées. « Il nous arrive de passer devant la maison du défunt ou de faire un détour quand c’est raisonnable. On est là pour rendre service à la famille par de petites attentions. » Certains vont même jusqu’à déposer une fleur au seuil du domicile de la personne décédée.

3. La cérémonie funéraire

La cérémonie funéraire se déroule la plupart du temps à l’église ou à la chapelle du salon funéraire. Le directeur des funérailles est présent pour coordonner le déroulement avant, pendant et après la cérémonie, afin de s’assurer que les funérailles se déroulent selon les volontés exprimées par la famille ou l’officiant.

Certaines familles préfèrent recevoir les condoléances à l’église une heure avant plutôt qu’au salon funéraire. Les proches endeuillés ont une place importante dans le déroulement de la célébration. Ils peuvent porter l’urne, lire un texte, rendre un hommage, jouer d’un instrument de musique… on a même déjà vu une douzaine d’enfants pousser le cercueil jusqu’à l’avant.

Quels que soient les rituels qui ont été privilégiés, le directeur des funérailles verra à apporter un soutien de qualité empreint d’humanité. Et lorsqu’il le juge opportun, il peut rapidement prendre certaines initiatives pour encore mieux accompagner les familles en deuil. « On incite les endeuillés à poser des gestes, et on leur offre une chance de s’impliquer quand c’est possible. Bien souvent, ça prend des yeux tout le tour de la tête pour s’assurer que personne n’est oublié », ajoute monsieur Petit.

Quels que soient les rituels qui ont été privilégiés, le directeur des funérailles verra à apporter un soutien de qualité empreint d’humanité.

4. Le lieu du dernier repos

Le directeur des funérailles met tout en œuvre pour que le défunt soit mené à sa dernière demeure avec dignité, et s’assure que les rituels d’adieu se déroulent dans les meilleures conditions. Il doit être capable de composer avec les nouveautés, les imprévus ou les changements de dernière minute exprimés par la famille, particulièrement depuis l’apparition d’envols de colombes, de papillons ou de ballons. Notons tout de même que la bonne vieille poignée de terre est un rituel qui a toujours sa place et que plusieurs familles y ont recours. On pourrait dire la même chose à propos des fleurs : leur place est encore incontournable. Bien que le coussin de fleurs soit habituellement inhumé avec le défunt, le directeur des funérailles invite la famille à en prélever quelques-unes, de même que certaines fleurs peuvent être distribuées à l’assistance en guise de souvenir.

Quant à la mise en terre d’une urne, elle se fait dans un sac de velours. Les proches peuvent y ajouter une lettre, une fleur, ou des petits objets significatifs. La mise en niche au columbarium se fait avec la même solennité et permet également l’élaboration de rituels tout aussi bénéfiques aux personnes endeuillées.

Les situations difficiles…

Être un directeur de funérailles comporte toutefois certaines difficultés, et il arrive que leur coeur soit mis à rude épreuve. « Ce n’est pas toujours évident de contenir ses émotions, » souligne monsieur Petit. « Quand il s’agit de funérailles d’enfants, c’est difficile pour tout le monde, pour nous aussi. Je me rappelle d’une fois, un petit garçon de quatre ans ne voulait pas laisser son jumeau seul au cimetière. Il ne voulait plus partir, c’était déchirant. Comment ne pas verser quelques larmes quand on est face à une telle situation. »

Ils doivent aussi accompagner des familles brisées par les conflits, gérer des disputes sur place, des familles reconstituées, des « ex » qui se présentent… Alors, ils doivent parfois jouer le rôle de conciliateur, faire comprendre à un frère qui ne veut pas voir sa sœur qu’elle a aussi le droit d’assister aux funérailles de sa mère. « Je pense qu’en dialoguant, on finit toujours par trouver une solution », confirme-t-il.

Comme on peut le constater, être un « ange gardien » n’est pas un rôle de tout repos. C’est un profil d’emploi qui exige des talents de planificateur, d’organisateur, d’observateur, de médiateur et j’en passe. Mais avant tout, ce qu’on retient, c’est que ça demande de profondes qualités humaines qui permettent d’avoir le cœur ouvert à son prochain.

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

Documents associés