Ce texte légèrement modifié a été publié dans Reflets, journal de l'AQRP (Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic), mars 2006, p.16.
Une des clés pour comprendre le suicide des jeunes* hommes et interpréter le taux élevé de tentatives de suicide* chez les jeunes femmes* est liée aux transformations que subit la famille* contemporaine. En effet, le souci primordial de la famille dite «moderne» ou «postmoderne» est la construction du moi ou l'autonomie* du sujet, et ce, qu'il s'agisse des époux ou des enfants*. Selon la sensibilité moderne, la relation conjugale ou parentale est satisfaisante dans la mesure où elle favorise les intérêts que chacun poursuit dans ses engagements professionnels, publics et privés. Des vies sont sacrifiées au nom de cette quête extrême de la performance multiple. Mener de front et avec succès l'amour, le travail*, la carrière, les études, la famille, les finances; savoir gérer son image et correspondre à la mode, pratiquer des sports, mener une vie sociale active; vivre un rapport conjugal harmonieux et établir une relation parents - enfants efficace ... Autant d'aspirations constituant des défis qui dépassent les capacités d'un grand nombre d'individus. La famille contemporaine voit son avenir impitoyablement menacé en raison de cette oppression démesurée qu'exerce sur elle un modèle despote d'économie* néolibérale basé sur l'individualisme et l'utilitarisme*, interprétés et pratiqués d'une façon primaire. Heureusement, de nombreuses familles parviennent à trouver tant bien que ma! leur chemin à travers ce labyrinthe, mais d'autres, plus fragiles ou plus éprouvées, vivent un trop grand stress qui peut conduire au désarroi et au geste fatal d'un parent, d'un fils ou d'une fille, d'un enfant, parfois même meurtrier.