Appelé en anglais bullying, ce nouveau phénomène de groupe a gagné les cours de récréation des écoles primaires et secondaires. En France, la plupart des auteurs français traduisent bullying par «harcèlement»: «soumettre sans répit à de petites attaques réitérées, à de rapides assauts incessants» (Le Robert).Au Québec, le Conseil supérieur de l’éducation définit l'intimidation ou la brimade comme «un type de comportement agressif par lequel un individu qui occupe une position dominante dans un processus interactif de groupe cause, par des actes délibérés ou collectifs, des souffrances mentales ou physiques à d’autres membres du groupe». Dans son rapport sur les élèves en difficulté de comportement à l’école primaire, le Conseil observe «que le problème touche des enfants de plus en plus jeunes, qui sont de plus en plus durs les uns face aux autres». Les agresseurs s’attaquent à de plus faibles qu’eux par des railleries, de la violence verbale et physique. Chez les garçons, la brimade se manifeste surtout par la force brutale, tandis que, chez les filles, elle se révèle généralement sous des formes d’exclusion plus subtiles.
L'intimidation est soumise à la loi du tabou*, car, par peur des représailles, les victimes et les témoins préfèrent garder le silence. Les effets négatifs sur les victimes sont de plusieurs ordres: insomnie, honte de soi, baisse des notes d’examen ou décrochage scolaire, dépression* et idées suicidaires. Certaines d’entre elles, par contre, se retournent contre leurs agresseurs par la violence. La violence engendrant la violence, on se trouve ainsi dans une spirale. Selon un récent sondage organisé par la Kayser Family Foundation aux États-Unis, les trois quarts des élèves de huit à onze ans ont été témoins du bullying à l’école. Ce pourcentage monte à 86% chez les jeunes de douze à quinze ans. Pour vaincre ce phénomène, il faut promouvoir la communication des élèves entre eux, avec les parents et les maîtres. La brimade se situe dans un contexte plus large du phénomène de la violence à l’école. Le programme «Vers le pacifique», conçu en 1995 par le Centre international de résolution des conflits et de médiation, est instauré dans plus de trois cents écoles du Québec. Des projets pilotes ont démarré en France, en Bolivie et au Pérou. De jeunes médiateurs sont formés pour aider leurs amis, dans la cour de récréation, à se parler et à résoudre leurs conflits, un adulte n’est pas loin pour intervenir, au besoin (P. Breton, «Le “Bullying”», La Presse, mercredi 11 avril 2001, p. B1, 2, 3).
Dans l’univers des communications, utilisées par les jeunes* pour entretenir des relations avec leurs amis ou pour s’en faire d’autres, un nouveau phénomène est apparu, la «cyberintimidation» (cyberbullying), qui passe par les téléphones cellulaires, internet et les pages web. Ce phénomène prolonge l’intimidation dans la vie privée de la victime. Parfois, il s’agit d’insultes ou de menaces directement envoyées à la victime par messagerie électronique. L’affichage sur des sites internet ou la création de pages web permet de cibler certains élèves ou même des enseignants en diffusant des messages haineux ou des photos compromettantes. Les auteurs de la «cyberintimidation» agissent souvent sous une fausse identité en utilisant un mot de passe volé. Ils ne sont pas nécessairement connus par l’«intimidé». L’histoire de Ghyslain, jeune Québécois de quinze ans, est un exemple typique de «cyberintimidation». Inspiré par le film La guerre des étoiles, le jeune homme s’était filmé en train d’imiter un chevalier Jedi, armé d’un club de golf. Des camarades de classe se sont emparés de la vidéo, l’ont numérisée et mise en ligne. Téléchargé par des millions d’internautes, le film a fait le tour du monde et a donné lieu à des dizaines de parodies. Devenu la risée de tous, le «Star Wars Kid» a été contraint de changer d’école et de se faire suivre par un psychiatre. Rejetés par les copains, ces intimidés vivent une expérience amère d’exclusion* et de profonde solitude. De plus en plus de jeunes sont également victimes d’intimidation par le biais de textes envoyés sur leur cellulaire, terminal privé, toujours connecté et accessible. On consutera «Penser le monde de l'enfant», 2010, p. 86-87)
Suicides
«Peter K. Smith (2001) observe que "les victimes du harcèlement subissent souvent anxiété et dépression, perte de l'estime de soi, malaises physiologiques et psychosomatiques. Dans les cas extrêmes, ils peuvent être suicidaires, (cité par Éric Debarbieux dans Violence à l'école, un défi mondial, Paris, Armand Colin, 2006) L'enquête réalisée par l'association britannique Young Voice auprès de 2 772 élèves en 2000 montait que 61 % des jeunes victimes de school-bullying avait des idées suicidaires. Éric Debarbieux, de son côté, soutient que l'élève harcelé court "quatre fois plus qu'un autre le risque de faire une tentative de suicide" ( Eric Debarbieux, Catherine Blaya,dir., La violence en milieu scolaire, tome 3: Des approches en Europe, ESF, 2001)» (Bellon et Gardette, o. c., p. 87-88)
À consulter
Ministère de la santé et des services sociaux, Québec (Canada)
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types de violence: violence dans la relation amoureuse, violence psychologique et verbale, violence sexuelle,viol, violence sociale, violence physique
http://www.adoslaviolence.org/